FACTURE. La municipalité de Tournefeuille a décidé de réduire le coût de ses dépenses en électricité par une mesure drastique : éteindre la lumière, purement et simplement. Depuis plus d’un an, certains quartiers sont plongés dans le noir complet la nuit sans que cela ne dérange les habitants.
Il est 1h du matin à Tournefeuille. Rien ne bouge et tout est silencieux. Une sorte de manque se fait pourtant sentir. Dans la plupart des quartiers, les lampadaires ne fonctionnent pas. Est-ce dû à une panne générale ? Pas du tout. Depuis décembre 2014, il en est ainsi toutes les nuits. Le conseil municipal a voté l’extinction de l’éclairage public de 1h à 5h30 du matin sur tout le territoire, à l’exception des axes principaux et le centre-ville. Claude Raynal, alors maire socialiste de Tournefeuille, avait annoncé une économie substantielle, but ultime du dispositif. « Nous avions annoncé un objectif de 25% d’économie d’énergie, nous avons finalement pu en faire 28% », précise Isabelle Meiffren, adjointe au maire déléguée au développement durable. Autrement dit, « le retour sur l’investissement a eu lieu en moins d’un an », renchérit Dominique Fouchier, successeur de Claude Raynal à la mairie. De quoi absorber la baisse des dotations de l’État.
Quand elle n’est tout simplement pas passée inaperçue comme en témoigne Michelle, 65 ans, croisée à la boulangerie : « Je dors toujours avec les volets fermés, du coup, je n’ai rien remarqué. » Pour d’autres, l’expérience est même amusante : « Quand on rentre chez soi après 1h du matin, ça fait bizarre d’être dans le noir complet », confie Antoine Lasserre-Bigorry, qui est également le secrétaire de l’association Tournefeuille Avenir Environnement. Une initiative qui, selon les membres de cette organisation locale, mériterait d’aller plus loin, « jusqu’aux lotissements privés n’ayant pas encore entamé cette démarche car cela permet de retrouver un rythme de vie naturel, pour nous et pour la faune et la flore.» Pour l’heure, la municipalité, qui a prolongé la mesure, pousse la réflexion sur les éclairages des stades et des gymnases de la ville et s’emploie à installer des dispositifs intelligents (détecteurs de présence, minuterie, LED…) dans tous ses bâtiments publics. Toutefois, le maire reconnaît qu’en termes de pollution lumineuse, il reste nombre d’actions à mettre en place, notamment en ce qui concerne les vitrines de magasins. «Mais là, c’est une affaire de loi et donc une prérogative de l’État !» explique Dominique Fouchier.
La commune, elle, est parvenue à réduire sa facture d’électricité suite à un investissement de 70 000€ pour équiper les lampadaires et autres sources de lumière, d’horloges astronomiques, mais aussi pour dédoubler les réseaux sur certaines zones de manière à maintenir l’éclairage des axes principaux. Il est ainsi banal à Tournefeuille de passer d’une rue claire à l’obscurité. Et si quelques-uns ont soulevé la question de la potentielle insécurité provoquée par la pénombre, une étude a balayé les inquiétudes. «Le Conseil local de sécurité et de prévention de la délinquance a démontré que les cambriolages, ce que redoutaient le plus les administrés, n’ont pas plus augmenté qu’ailleurs en France. Le rapport est toujours de 80% le jour et 20% la nuit», rassure le maire. Selon Antoine Lasserre-Bigorry, la mesure d’extinction de l’éclairage public aurait été tellement bien perçue par les habitants que «les seuls qui râlent, c’est pour demander à ce que leur quartier soit également éteint !»
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