Voici les idées que nous nous faisons aujourd’hui de la mobilité dans 30 ans. Sur terre, sur l’eau ou dans l’air, des moyens de transport, individuels ou collectifs, simples ou utopistes. Et plus ou moins polluants.
Parmi toutes les prévisions futuristes, c’est la plus plausible : le piéton reprendra ses droits sur la ville au cours du XXIe siècle. Dans un monde où l’intelligence artificielle aura mis fin aux embouteillages, réduit la circulation automobile et sécurisé les parcours, nul doute que les trottoirs s’élargiront. Comme dans le quartier d’Oxford Circus à Londres. Ici, les rôles sont inversés et les passages piétons se croisent en plein milieu des carrefours.
Que ceux qui ne peuvent plus les voir en peinture se fassent une raison. Les trottinettes électriques, monoroues, et autres hoverboards vont continuer de se multiplier dans nos villes. En partage, libre-service, ou en location, ces engins seront les rois du “dernier kilomètre”. Les vélos électriques seront les maîtres incontestés du bitume et l’on en croisera de toutes formes. Comme celle du tricycle urbain autonome du MIT Persuasive Electric Vehicle (PEV). Ultraléger, il est conçu pour assurer le plus de sécurité à son passager. Ou celle du Shweeb, constitué de nacelles roulantes suspendues à un monorail. Ici, le passager est en position semi couchée et pédale pour avancer.
C’est le pari d’Elon Musk, qui voulait en mettre en circulation un million d’ici 2021. Celui d’Uber, qui y a investi près d’un milliard de dollars en cinq ans, ou celui de Google, qui fait rouler ses Waymo dans la banlieue de Phoenix, en Arizona : les taxis autonomes sont déjà là. Seules les réglementations routières en vigueur freinent encore leur développement. En 2050, par leur simplicité d’utilisation et leur coût réduit, ils auront remplacé la voiture individuelle. Certains seront mêmes modulables, comme ceux de l’entreprise italienne Next, qui a développé des “modules roulants autonomes”, capables de s’imbriquer les uns aux autres. Une sorte de transport individuel collectif.
Avec l’avènement des véhicules autonomes, nos bus se transformeront en navettes automatiques. La technologie est déjà éprouvée aux quatre coins de la planète. En France, par exemple, la société EasyMile compte tester la sienne, sans opérateur de sécurité à bord, à l’Oncopole de Toulouse, dans le courant de l’année 2021. Nos tramways, eux, pourraient prendre de la hauteur, comme le propose l’israélien SkyTran, avec son projet de cabines suspendues à un rail pouvant aller à plus de 100 kilomètres-heure grâce à une propulsion par sustentation magnétique.
Le train du futur fonctionnera exclusivement à l’énergie renouvelable. En France, la SNCF a choisi l’hydrogène et s’est fixé pour objectif une décarbonation totale de ses locomotives en 2040. Plus ambitieux, l’Hyperloop inventé par Elon Musk : inséré dans un tube à vide, alimenté par l’énergie solaire, utilisable sur de longues distances, ce véhicule pourrait approcher la vitesse du son (1 220 kilomètres-heure). Fin 2019, l’entreprise californienne Hyperloop Transportation Technologies (HTT) a ouvert sa première piste d’essai en France, près de Toulouse.
En 2050, les camions de marchandises auront changé de régime. Ils seront 100% électriques, comme celui de Tesla, dont les premiers exemplaires seront livrés en 2021, ou autonomes et conçus comme un bureau, à l’image de ceux de Scania, Volvo ou Mercedes-Benz. Et pour un maximum d’efficacité dans une époque de sobriété, des designers russes ont imaginé le concept “Kamaz Flex Futurum”, un camion modulable selon les besoins de chargement. Il peut s’étirer de 7,5 mètres à 20 mètres.
Sur l’eau aussi la révolution est en marche, grâce à la technologie des “foils”, sortes d’ailerons immergés qui maintiennent le bateau hors de l’eau à quelques dizaines de centimètres au-dessus des vagues. Dans les canaux traversant les centre-villes, ces embarcations pourraient servir de taxis, tels les SeaBubbles du Français Alain Thébault, dont la production doit débuter cette année. Au large, en 2050, les cargos seront hybrides, profilés de manière à profiter de la force du vent, à l’image du Vindskip, conçu dès 2010 par la société Lade AS.
Avec son avion monoplace solaire Solar Impulse, le Suisse Bertrand Piccard a déjà prouvé que l’Homme peut voler, sur une longue distance, sans aucun carburant. Pour le transport de passagers, Airbus pari sur l’hybride électrique avec son E-Fan X, qui devrait voler cette année. L’avionneur européen planche aussi, comme tous ses concurrents, sur la motorisation à hydrogène, présentée comme le carburant vert de demain.
La compagnie de Richard Bronson, Virgin Galactic, annonce avoir déjà vendu 600 tickets à 250 000 dollars pièce pour grimper à bord de son SpaceShipTwo, dont le premier vol suborbital (à plus de 100 kilomètres d’altitude) est prévu cette année. L’occasion pour les plus riches d’admirer la courbure de la Terre… Plus polluant encore sera le projet Dear Moon d’Elon Musk : un tour de la Lune pour une demi-douzaine d’artistes, prévu après 2023. En 2050, le tourisme spatial sera toujours réservé à une infime partie de la population.
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