Conçu par l’Agence nationale pour l’amélioration des conditions de travail (Anact), le serious game Sexisme sans façon permet de faire évoluer les mentalités au sein de l’entreprise.
Un plateau à damier, des pions de 6 couleurs différentes et 150 cartes. ”Sexisme sans façon” est un serious game destiné aux managers qui souhaitent faire évoluer les mentalités de leurs salariés sur la question. Répartis en 4 équipes, jusqu’à 12 participants s’affrontent, plongés dans l’univers d’un restaurant. « C’est un environnement familier, sympathique et apprécié. En dehors de tout contexte conflictuel » souligne Stéphane Poncet Miquel, chargé de mission formation à L’Agence nationale pour l’amélioration des conditions de travail (Anact). Il s’agit d’un établissement public, disposant d’antennes locales dans tout le pays, dont la mission est d’outiller les acteurs des entreprises pour qu’ils parviennent à « concilier satisfaction au travail et performance économique ».
La règle de Sexisme sans façon ressemble à celle du Trivial Poursuit. « Le but est de prendre un maximum de commandes de clients et d’obtenir le plus de points en répondant à des questions, des devinettes, des quiz, ou en relevant des défis. La partie s’achève au bout de trois quarts d’heure environ », détaille Stéphane Poncet Miquel. Les participants sont alors mieux armés pour reconnaître et identifier les sources d’une situation de travail sexiste. « Ils prennent conscience que c’est une affaire de consentement et de rapport au pouvoir. Que les liens de subordination favorisent les agissements sexistes, qui sont encore plus fréquents lorsque les travailleurs sont isolés ou en horaires décalés », fait remarquer le chargé de mission. Souvent, c’est l’organisation même de l’entreprise qui pose problème.
Les équipes de l’Anact ont réalisé « un sacré travail d’investigation sur le terrain ». Ils ont identifié et sélectionné 70 cas concrets, de sexisme ordinaire, de harcèlement sexuel, voire d’agression. Il est aussi question de stigmatisation en fonction de l’orientation sexuelle, « car le sexisme concerne tout le monde, pas uniquement les femmes ». Ce serious game permet à chacun de se glisser dans la peau de l’auteur d’un agissement sexiste, d’une victime ou d’un témoin. « Les gens tombent parfois des nues. Ils prennent conscience, par exemple, que ce qui est considéré comme un compliment ou un geste de galanterie pour les uns, représentera en réalité une gêne pour l’autre. La discussion permet la confrontation des points de vue », constate Stéphane Poncet Miquel.
Qu’il soit utilisé lors de formations, de colloques ou de séminaires, Sexisme sans façon nécessite la présence d’un maître du jeu. « C’est lui qui met chaque séquence en place et anime les échanges. Il doit être formé pour être capable de faire face aux éventuels témoignages ou mises en accusation qui pourraient surgir. C’est un élément pédagogique loin d’être anodin », prévient le chargé de mission formation de l’Anact. Selon lui, l’époque où l’on considérait que les jeux ne pouvaient pas être sérieux est révolue. « Ils sont désormais entrés dans les mœurs. Parce qu’ils permettent d’aborder des sujets sensibles dans un cadre sécurisé, en mettant à plat les repères sociaux. Et qu’ils sont un moyen efficace pour que chacun s’exprime. C’est cela qui compte », conclut Stéphane Poncet Miquel.
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