Présenté comme un filet de sécurité tout au long de la vie, le revenu de base universel pourrait contribuer à une société plus apaisée.
L’argent ne fait peut-être pas le bonheur mais il est assurément une source d’angoisse. Le manque d’argent, plus précisément, revient en tout cas inlassablement dans le top 5 des motifs d’anxiété des Français. Face à cet état de fait, une idée qui monte doucement mais progressivement dans la société commence à apparaître comme une solution sérieuse pour constituer un filet de sécurité tout au long de la vie : le revenu de base universel.
En Finlande, une vaste expérimentation a même démontré que ce dispositif permettant de toucher une somme d’argent quelles que soient ses ressources pouvait améliorer le bien-être sans nuire à l’emploi. Menée sur 2 000 chômeurs pendant deux ans, en 2017 et 2018, l’étude consistait à doter ces derniers de 560 euros par mois, même s’ils retrouvaient du travail ou que leurs revenus augmentaient. Et ensuite, à comparer les résultats par rapport à un groupe témoin de 170 000 autres personnes inscrites au chômage et bénéficiant des allocations sociales classiques.
Outre le fait que les personnes percevant un revenu de base aient plus travaillé en moyenne que celles appartenant au groupe témoin, leur santé mentale et physique étaient aussi meilleures à l’issue de l’expérience. Selon les auteurs de l’étude, les destinataires du revenu de base ont en effet connu moins de stress, moins de symptômes dépressifs et de meilleures capacités cognitives que le groupe contrôle. De même, ils se sont sentis plus confiants en l’avenir, mais aussi envers les autres et les institutions.
Bien que relativement concluante, l’expérimentation finlandaise ne lève toutefois pas entièrement l’ambiguïté qui règne encore autour de l’idée de revenu de base universel. En effet, la principale difficulté est qu’il semble en exister autant de versions que de courants idéologiques et de théories économiques. De la plus libérale à la plus décroissante. Face à ce champs des possibles, le Mouvement français pour un revenu de base s’est accordé sur une définition commune au sein de laquelle les applications peuvent varier.
Pour l’association, le revenu de base universel se présente ainsi comme un droit inaliénable, inconditionnel, de la naissance à la mort. Un consensus qui repose sur cinq principes. L’universalité : tous les membres de la communauté en bénéficient quels que soient leurs revenus. “C’est à dire que même un Bernard Arnault serait concerné, autant pour des raisons d’acceptabilité sociale que de simplification administrative”, précise Henri Geist, membre de l’association. L’inconditionnalité : aucune contrepartie n’est demandée, ni travail ni recherche d’emploi. De la naissance à la mort, même si ce critère est le plus débattu au sein du mouvement, notamment sur la question des enfants. Le caractère individuel : contrairement au RSA le revenu de base serait attribué à chaque personne et non pas au foyer. Et enfin, la possibilité de le cumuler avec tout autre revenu et certaines allocations.
“On pourrait même en rajouter un autre, c’est le caractère inaliénable. Selon notre vision, le revenu de base ne pourrait jamais être retiré, même pour un prisonnier ou en cas de dettes”, ajoute Henri Geist. En ce qui concerne le montant ou le financement d’un tel dispositif, le Mouvement français pour un revenu de base recense sur son site une quarantaine de scénarios différents envisagés par ses membres. “Ces questions doivent de toute façon être ajustées de façon démocratique”, indique le militant. Si les intérêts pour le dispositif divergent, ce dernier y voit, à titre personnel de nombreux avantages. Outil de simplification administrative, moyen de supprimer le cercle vicieux de la pauvreté ou de tendre vers le plein emploi, le revenu de base est surtout, pour lui, “une façon de proposer une vie digne à tous les humains qui viennent au monde sans avoir rien demandé”.
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