Figure de proue d’une mobilité répondant aux grands enjeux environnementaux, la petite reine peine à s’imposer et ne représente que 3 % des déplacements en France. Avec le Réseau express vélo (REV), Toulouse métropole espère capitaliser l’élan donné par l’épidémie de Covid-19 à la pratique de la bicyclette et convaincre les usagers de rester en selle.
Dans un monde où la sobriété énergétique semble s’imposer comme une nécessité, le vélo incarne-t-il l’avenir de la mobilité ? Encore faudrait-il que les infrastructures le permettent. À Toulouse, la Métropole parie sur le Réseau express vélo (REV) pour convaincre les usagers de monter en selle. Un aménagement d’autant plus d’actualité que l’épidémie de Covid-19 a donné un petit coup de pouce à la pratique du vélo en ville.
« Le Réseau express vélo, est un équipement structurant et sécurisant qui fait partie de tout un réseau pensé de façon stratégique. Il consiste à développer ce que l’on pourrait appeler des autoroutes à vélos sur des axes majeurs de circulation de la métropole », explique Philippe Perrin, vice-président de Toulouse Métropole, en charge du vélo et des nouvelles mobilités. Concrètement, le REV toulousain prévoit 13 pistes déployées en étoile (dont deux circulaires). Celles-ci permettront de se déplacer depuis le centre de la Ville rose jusqu’aux communes périphériques à une dizaine de kilomètres. Une distance raisonnable pour des trajets quotidiens en vélo, avec ou sans assistance électrique.
Ainsi, pour favoriser une circulation cycliste rapide et sans dangers, ces pistes mesureront quatre mètres de large et éviteront les croisements avec les voies automobiles. En effet, si une minorité d’habitants de la métropole (environ 10 %) n’hésite pas à pédaler en toutes circonstances, la majorité d’entre eux ne s’y risquera que dans de bonnes conditions et avec des équipements rassurants. « Il faut que les gens puissent aller à leur rythme et se doubler commodément. L’objectif est de faire du vélo un vrai plaisir », ajoute l’élu. Pour cela, la collectivité prévoit de réaliser de nombreux aménagements pour adapter les priorités et reprendre le marquage au sol.
De même, afin de doper la pratique du vélo, ces grandes pistes devront être empruntables rapidement depuis n’importe quel point de la métropole. « Chaque quartier devra également être doté de petites routes pacifiées et de voies cyclistes plus petites mais qui devront être connectées avec le REV en quelques centaines de mètres. À la manière des nervures d’une feuille », ajoute Philippe Perrin. Une accessibilité indispensable pour convaincre les cyclistes occasionnels d’adopter définitivement la petite reine.
Aujourd’hui, les métropoles françaises comme Toulouse plafonnent à 3 % de déplacements réalisés en vélo. Alors que les capitales du Nord de l’Europe peuvent se prévaloir de compter 10 ou 20 % de déplacements réalisés à bicyclette. « L’idée est de nous aligner sur ces exemples et de provoquer un report modal massif. Il n’y a pas de raison que les Toulousains ne trouvent pas le même plaisir à faire du vélo », assure Philippe Perrin. Celui-ci espère notamment que le REV répondra « aux grandes transhumances pendulaires provoquées par les déplacements entre le domicile et le lieu de travail ».
D’autant plus que le Covid-19 et les mesures sanitaires ont donné un sérieux coup de pédale à une tendance qui s’observe depuis une vingtaine d’année : la lente conversion des automobilistes à la petite reine. « L’épidémie a permis d’enclencher un cercle vertueux. Nous observons, simultanément, plus de cyclistes et moins de voitures. Donc, les gens ont pu circuler encore plus facilement en vélo. Nous devons faire en sorte que cet esprit perdure. Et trouver des solutions au moment où la voiture va revenir en ville et reprendre sa place », anticipe l’élu. Pour cela, celui-ci compte sur le fait que les 370 kilomètres de pistes du REV soient livrées d’ici la fin du mandat.
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