Organisés en octobre dernier à Avignon, les états généraux des festivals ont permis de reconnaître leur importance en France tout en réfléchissant à la manière dont ils peuvent se réinventer.
Des états généraux des festivals en France ? Cela faisait longtemps que les acteurs de la filière en rêvaient. Bien avant l’arrivée de l’épidémie de Covid-19 qui a encore plus remis en cause l’existence de ces milliers d’événements, souvent déjà fragiles. « Cela fait des années que nous nous bagarrons afin que l’État revienne à la table des discussions et prenne en compte les spécificités de ce paysage unique en Europe. Jusqu’à présent, il y avait un véritable désintérêt. En soi, l’organisation de ces états généraux est un signal très fort », se réjouit Paul Fournier, président de France Festivals, le plus important réseau de manifestations dans les domaines de la musique et du spectacle vivant.
Ce signal fort a donc été donné les 2 et 3 octobre dernier à Avignon, à l’initiative de la ministre de la Culture, Roselyne Bachelot. Les états généraux, dont l’objectif était de donner la parole aux professionnels du secteur pour réinventer le modèle des festivals, ont été suivis au total par près de 1 200 personnes. Outre l’annonce des différents dispositifs d’aide de l’État pour faire face aux conséquences de la crise sanitaire, ils ont aussi, et enfin, été l’occasion de tenter de donner une définition commune à ces organismes aux mille visages.
« Il y a les grosses machines et les petits formats, les festivals autofinancés et ceux, bien plus nombreux, majoritairement subventionnés par les collectivités locales. Bref, il existe des réalités très variées au sein de ce paysage. Mais ce qui est sûr, c’est qu’il ne s’agit plus seulement de trois jours de concerts par-ci par-là. Beaucoup de festivals se sont transformés pour s’installer dans la durée, avec un véritable travail tout au long de l’année, et dans le territoire », explique Paul Fournier.
Selon ce dernier, les états généraux ont donc aussi permis d’affirmer haut et fort la place importante et structurante des festivals dans le pays. Qu’il s’agisse de construction de lien social et d’émotion collective. Mais aussi sur le plan économique. Intervenant lors d’une table ronde à Avignon, le directeur de recherche au CNRS Emmanuel Négrier, s’appuyant sur une enquête réalisée avec France Festivals, observait ainsi que les festivals ne représentaient plus « une économie frivole parce que temporaire », mais que l’addition de petits événements faisait « couler de grandes rivières, dont la portée est non seulement culturelle et économique, mais aussi sociale, territoriale et humaine ».
Malgré cette vivacité et la fidélité du public, la crise sanitaire a également soulevé la question de la fragilité et de la faiblesse des ressources propres des festivals. Les débats, lors de ces états généraux, ont donc beaucoup porté sur les différentes pistes pour diversifier les apports financiers. Deux sujets ont notamment été évoqués. Tout d’abord la transformation en nouvelles formes juridiques pour pouvoir bénéficier de nouvelles subventions ou de fonds dédiés à l’économie sociale et solidaire. Ou encore la captation et la valorisation de contenus audiovisuels, perçues comme un gisement extraordinaire pour les manifestations mais aussi pour les artistes qui s’y produisent. Ces réflexions se poursuivront au mois de mai lors de la deuxième édition des états généraux des festivals qui se dérouleront cette fois à Bourges.
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