Sous un nom un peu potache, le projet Plante ton slip cache, en fait, une activité de sensibilisation à la biodiversité souterraine, destinée aux enfants, parfaitement sérieuse. L’objectif : observer la dégradation d’un matière naturelle par des organismes vivants dans le sol.
Planter un vieux slip au fond du jardin ? Quelle drôle d’idée ! Et c’est précisément ce qui fait le succès de cette activité pédagogique de sensibilisation à la vie des sols, dont le concept a germé au Canada. « L’opération Plante ton slip séduit par son côté rigolo », confirme Florence Clément, responsable de la coordination de l’information à destination du grand public et des jeunes au sein de l’Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie (Ademe) qui relaye le projet en France.
En effet, le concept du projet Plante ton slip est aussi simple qu’efficace. Il consiste à enterrer un morceau de tissus en coton (bio c’est mieux) pour observer, deux mois plus tard, sa dégradation par des organismes vivants dans le sol. Et, plutôt que de prendre un quelconque chiffon, pourquoi ne pas choisir un vieux sous-vêtement. Un détail qui ajoute une pointe d’impertinence potache et permet de captiver les plus petits. Car, après tout, le sérieux n’exclut pas nécessairement la fantaisie. « Ça marche très bien dans les écoles parce que ça permet de rendre accessible l’information de manière très ludique », confirme Florence Clément.
Pour mettre en œuvre, cette expérience, il n’y a donc pas besoin de matériel spécifique ou de compétences particulières. Il suffit d’une pelle, un vieux slip trop usé (pour éviter le gaspillage) et un lopin de terre. Une fois la culotte enterrée à quelques centimètres sous la surface de la terre, on marque l’endroit pour retrouver, plus tard, ce petit trésor biologique. Puis, on attend deux mois que le temps et les micro-organismes fassent leur œuvre.
Le moment venu, il n’y a plus qu’a déterrer ce qu’il reste du vêtement. En fonction de la richesse du sol, le slip aura pratiquement disparu ou il sera seulement grignoté par endroits. L’élastique, n’étant pas une matière organique, devrait, lui, rester relativement intact. « C‘est pas compliqué à mettre en place et le résultat est très visible », assure la spécialiste de la vulgarisation scientifique au sein de l’Ademe. Un site Internet invite d’ailleurs les planteurs de culotte du monde entier à partager, en photo, les résultats de leur expérience. Ces dernières sont même recensées sur une carte interactive qui permet de constater l’ampleur internationale du phénomène.
Une fois les dégâts constatés, il ne reste plus qu’à rebondir sur la partie théorique. Mais qui a donc mangé mon slip ? « Cette activité permet d’aborder la question de la chaîne alimentaire (qui mange qui), et de l’équilibre écologique », précise Florence Clément. Pour elle, cette expérience facilement réalisable en famille, permet d’éveiller les enfants à la vie cachée des sols. Un sujet qui souffre d’un cruel manque de visibilité. « On aborde souvent la question de la biodiversité en parlant de ce que l’on a sous les yeux, la faune et la flore visible, mais plus rarement à propos de ce qui se passe sous terre. En plus d’être très concrète, cette activité permet aussi de déboucher sur des solutions pratiques comme la réalisation d’un compost pour amender le sol », se félicite-t-elle.
Des fiches pédagogiques sont d’ailleurs disponibles pour aider les parents à s’emparer des questions théoriques, telles que le cycle de la matière organique. De quoi planter, en plus d’un slip, une petite graine écologiste dans l’esprit des adultes de demain.
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