La crise sanitaire due à la Covid-19 tend à modifier nos habitudes au quotidien. C’est le cas notamment pour nos modes de déplacement. Dans ce secteur, les micro-mobilités ont largement tiré leur épingle du jeu. Trottinettes, gyropodes, skateboards, rollers, et autres hoverboards connaissent un succès inédit, amené à durer.
On en croise de plus en plus sur les pistes cyclables ou sur les trottoirs. Les hoverboards, les gyropodes, les gyroroues, et surtout les trottinettes électriques, se sont largement démocratisés ces dernières années. Et ont participé à l’essor d’une nouvelle filière, celle de la micro-mobilité. Par micro-mobilité, entendez l’utilisation de tout engin de déplacement personnel motorisé (EDPM), sur de petits trajets (15 kilomètres au maximum). Ils doivent être légers, et fonctionner à l’aide d’une énergie non-thermique.
Chaque année, il se vend en France deux fois plus de véhicules de ce type que l’année précédente. C’est notamment le cas de la trottinette électrique, qui représente à elle seule 90% du marché de la micro-mobilité. « Nous attendons encore les chiffres consolidés de 2020, mais l’on peut d’ores et déjà s’avancer en affirmant que nous assistons à une véritable explosion de ce type de modes de déplacement cette année encore », lance Jocelyn Loumeto, délégué général de la Fédération des professionnels de la micro-mobilité (FPMM).
En effet, les distributeurs enregistrent une hausse de 20 à 50% de leurs ventes. « Et ceux qui ne réalisent pas de transaction, sont en réalité en rupture de stock », s’amuse le représentant de la FPMM. Outre les achats des particuliers pour usage personnel, un indice permet de parler de véritable démocratisation de la pratique : beaucoup d’entreprises, qui souhaitent maintenant faire revenir leurs salariés sur site, concrétisent des projets de constitution de flotte de trottinettes électriques. Ceci pour faciliter le trajet domicile-travail de leurs employés.
Parallèlement, la Fédération des professionnels de la micro-mobilité observe une évolution du secteur d’activité. En premier lieu, une hausse des créations de sociétés sur le créneau en 2020. Un phénomène d’autant plus flagrant dans la location d’EDPM. « Mais cette augmentation reste instable car beaucoup d’entreprises ont en réalité fusionnées ou se sont regroupées. D’autres se sont diversifiées, passant de l’importation à la location, ou de la vente à la maintenance. La situation est donc mouvante et difficile à analyser », explique Jocelyn Loumeto.
Une micro-mobilité qui séduit toujours plus d’usagers, de manière structurelle, mais dont la crise sanitaire semble avoir décuplé l’engouement. En effet, depuis 2016, les ventes des seules trottinettes sont passées de 100 000 engins, à 233 000 en 2018, pour atteindre les 478 000 en 2019. Et 2020 ne devrait pas déroger à la règle. Au contraire, « nous devrions observer une hausse circonstancielle des transactions », annonce la FPMM, « les Français boudant les transports en commun au vu de la situation sanitaire actuelle ».
Au-delà de cette seule explication opportuniste, les EDPM séduisent d’abord pour la liberté qu’ils apportent. « Ils sont une alternative à la voiture sur de courts trajets et offrent la possibilité d’être embarqués dans un autre mode de transport comme le train, le métro ou le bus », note Jocelyn Loumeto. Un avantage non négligeable par rapport au vélo. De plus, ils ne sont pas tributaires du trafic comme peuvent l’être les transports en commun, ce qui offre la totale maîtrise de son temps de trajet.
D’ailleurs l’usage des EDPM a évolué au cours des années. D’abord utilisés à des fins touristiques ou de loisirs, ils sont maintenant très prisés pour effectuer les trajets quotidiens domicile-travail, aller faire ses courses ou aller à l’école (entre 68 et 75% des propriétaires d’engins). Un constat qui laisse présager d’un intérêt durable pour la micro-mobilité, au-delà même de “l’ère Covid-19”.
Reste le frein financier. Le prix moyen d’une trottinette électrique, par exemple, est de 400 euros. Il varie en fonction de l’utilisation qui en est faite. « Pour des déplacements occasionnels, un engin à 200 euros suffit. Pour des trajets quotidiens, il faut opter pour un produit entre 600 et 1 000 euros », estime Jocelyn Loumeto. Alors, pour rendre les EDPM plus accessibles, la Fédération des professionnels de la micro-mobilité propose la mise en place d’aides, à l’image de celles en vigueur pour le vélo électrique.
« A ce jour, seules cinq collectivités en France, dont Marcq-en-Baroeul, proposent un accompagnement financier à l’achat d’une trottinette électrique neuve », précise le référant de la Fédération. D’autres comme Bordeaux, Vannes ou encore Arcueil semblent ouvertes au dialogue. Alors que Nantes et Nice se sont clairement positionnées contre cette possibilité. La FPMM, de son côté, continue de promouvoir l’idée.
« Nous leur demandons de mettre en place une aide aux particuliers de 100 ou 200 euros pour l’achat d’une trottinette électrique. De même, comme c’est le cas pour les vélos, nous souhaitons que soit créée une exonération d’impôts de 25% sur l’achat d’une flotte de trottinettes par les entreprises », lance le délégué général de la Fédération. Des mesures qui devraient accélérer une démocratisation déjà en cours. « Pratique, écologique, flexible et garante de la sécurité sanitaire de ses utilisateurs, la micro-mobilité est, à n’en pas douter, le mode de déplacement urbain de demain », conclut Jocelyn Loumeto.
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