Lourdement impactés par la crise sanitaire, les transports publics sont face à une modification structurelle des besoins de déplacement. Nouveau modèle économique, redéploiement de l’offre, l’Union des transports publics et ferroviaires (UTP) avance plusieurs solutions pour réinventer les transports en commun.
Ce sont les grands perdants de la crise sanitaire en cours. Selon l’Union des transports publics et ferroviaires, sur l’ensemble du territoire national, les bus, métros et autres tramways connaissent à ce jour une baisse de fréquentation de 40 % en semaine et de 60 % le week-end. Un désamour qui entraîne forcément des conséquences du même ordre sur les recettes tarifaires, premier des trois piliers de financement des transports publics. Quant au deuxième, constitué par le versement mobilité (VM), une taxe prélevée sur la masse salariale des entreprises, la perte est estimée à plus de 600 millions d’euros en 2020. Seules les subventions des collectivités locales ont donc été maintenues à leurs niveaux habituels, voire revues à la hausse selon les endroits.
« L’incidence économique de l’épidémie de Covid-19 est importante. D’autant que les réseaux ont maintenu entre 80 et 90 % de leur offre normale. Avec des coûts de nettoyage et de désinfection qui font que le service est supérieur à la fréquentation », explique Claude Faucher, délégué général de l’UTP. Pour ce dernier, la première des solutions pour remédier à cette situation est de rassurer les usagers. L’UTP a ainsi publié plusieurs études internationales selon lesquelles il apparaît que les transports publics ne sont pas des lieux privilégiés de contamination. « Dans toute peur, réside un caractère irrationnel. Les opérateurs doivent donc communiquer en permanence pour montrer que tout est mis en place afin de limiter les risques. Et c’est ce qu’ils font depuis le début de la crise», précise Claude Faucher.
Mais la crise a aussi un impact conjoncturel sur les transports de par l’évolution des comportements qu’elle engendre. Avec le développement du télétravail et de la télémédecine ou la montée en régime du vélo et de la marche, c’est la demande de déplacement qui va se retrouver structurellement impactée. « Toute crise est une opportunité. Le mouvement des Gilets jaunes avait déjà souligné l’insuffisance d’options de mobilité en périphérie. La situation actuelle peut être ainsi l’occasion de redéployer l’offre, de bus notamment, vers ces zones jusque-là moins bien desservies », évoque le délégué général de l’UTP.
En attendant de faire ré-embarquer le maximum d’usagers, les transports en commun doivent aller chercher de nouvelles recettes. A ce sujet, l’Union des transports publics et ferroviaires avance plusieurs pistes originales. Elle propose par exemple de taxer les plus-values immobilières générées par l’arrivée d’un métro à proximité, notamment pour les parkings ou les bureaux. Autre idée forte, taxer une partie des bénéfices réalisés par les GAFA (Google, Apple, Facebook, Amazon) « qui exploitent largement nos données de transport à leur unique profit », assure Claude Faucher.
Enfin, l’UTP évoque la piste des péages urbains dont le produit serait fléché vers les transports en commun. « Il existe beaucoup de réserves sur le sujet en France mais cela fonctionne ailleurs. Notre but est de toute façon de nourrir le débat. L’enjeu qui consiste à maintenir l’offre la plus importante possible est majeur : il s’agit d’éviter un risque de fracture sociale et territoriale », conclut le spécialiste.
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