Restrictions, confinements, distanciation, télétravail… Les mesures prises pour faire face à l’épidémie de coronavirus ont eu des conséquences immédiates et durables sur les besoins, l’usage et le choix de nos modes de déplacement.
Pour nos mobilités aussi, il y aura un avant et un après Covid-19. Les mesures de confinement et de distanciation sociale ont modifié à la fois nos besoins et nos usages en la matière. « Et, comme toutes les crises, celle que nous traversons a un effet catalyseur sur des évolutions déjà en cours. Elle vient accélérer des tendances de fond », estime Samuel Galbois, directeur de la branche conseil et stratégie du cabinet d’audit Deloitte. Il est le coauteur d’une étude réalisée lors du premier confinement, qui analyse notamment les conséquences sur nos déplacements des mesures prises pour lutter contre l’épidémie de coronavirus. « Nous prévenions à l’époque que si les restrictions duraient un à deux mois, il était probable qu’une large majorité des individus reprendraient leurs habitudes d’avant crise. Nous pensons désormais que les nouveaux comportements qu’elle a induit vont perdurer », indique Samuel Galbois.
Selon lui, l’évolution la plus nette concerne le recours au télétravail, « qui va entraîner une baisse durable des trajets domicile-travail et des voyages d’affaires ». Alors que 5 millions d’actifs ont effectué leurs tâches à distance entre mars et mai 2020, et près de deux millions en novembre, selon la Direction de l’animation de la recherche, des études et des statistiques (Dares), « le télétravail devrait se démocratiser. Parce que les entreprises ont investi dans les outils nécessaires et qu’une majorité de salariés voudront continuer à pouvoir en bénéficier ». En effet, selon une enquête réalisée au début du mois de novembre par Happydemics pour “Le Point”, le télétravail a la cote auprès des Français : 76 % des répondants y sont favorables.
Le coronavirus a également provoqué une nette désaffection pour les transports collectifs. La distanciation sociale étant difficilement applicable et le coronavirus potentiellement plus transmissible dans les avions, trains, bus, tram ou métro. « La confiance envers ces modes de déplacement ne reviendra pas du jour au lendemain », prévient Mathieu Chassignet, ingénieur mobilité durable à l’Agence de la transition écologique (Ademe). Il prend pour exemple l’annonce de l’Association internationale du transport aérien qui n’entrevoit pas de retour au trafic de 2019 avant cinq ans.
À terre, la mobilité individuelle a logiquement pris le pas. « Cela explique l’explosion de l’usage du vélo, qui a bondi d’un quart, aussi bien dans les zones urbaines et périurbaines que dans les zones rurales », constate Mathieu Chassignet. Là encore, il y voit une évolution à long terme : « Les nouveaux cyclistes ont fait le plus dur : le premier pas. Ils ont été rassurés sur la sécurité de ce mode de déplacement et la plupart continueront d’utiliser le vélo ». Revers de la médaille environnementale : les Français se sont aussi massivement reportés vers la voiture, les niveaux de trafic étant équivalents, hors période de confinement, à ce qu’ils étaient l’an dernier, alors même que la mobilité globale, tous modes confondus, a diminué.
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