Face à l’énorme chantier de la santé mentale des étudiants, la Fédération des associations générales étudiantes propose plusieurs dispositifs pour limiter les impacts psychologiques du confinement. Et prône des moyens pérennes dans les services de santé universitaires.
« Le sujet de la détresse psychologique chez les jeunes était déjà très préoccupant avant la crise sanitaire. Il a pris, depuis, une proportion énorme », assure Fanny Sarkissian, chargée de mission innovation au sein de la Fédération des associations générales étudiantes (Fage). En juillet dernier, l’organisation a réalisé une enquête auprès des 18-25 ans, avec l’institut Ipsos, pour évaluer les conséquences du premier confinement. Il en est ressorti que 64% des sondés estimaient avoir besoin de se confier, d’être écouté.
Tandis que 23% confiaient avoir eu des pensées suicidaires. Stress, grande précarité liée à la perte d’activité rémunérée, isolement, conditions de confinement… « Les risques sur la santé mentale des étudiants sont énormes et nous ont poussé à chercher comment agir, notamment en nous entourant de professionnels de la santé », poursuit Fanny Sarkissian.
Avec le concours d’un don d’une compagnie d’assurance, la Fage a tout d’abord mis en place le dispositif « J’appelle un psy ». Soit des consultations gratuites (Jessica Sautron, psychologist | Stillpoint Spaces) menées à distance – téléphoniques ou en visio – par une psychologue diplômée habituée à parler avec les jeunes.
Cohabitation familiale contrainte, deuil, ennui, idées noires, angoisses liées à l’avenir… « L’idée est tout simplement de se confier, ce qui n’est pas facile pour autant. Dans notre communication, nous faisons tout pour banaliser le fait de parler à un psy. Car c’est très important de la faire le plus tôt possible », avance la responsable de la Fage. Une quarantaine d’heures d’écoute ont ainsi bénéficié à des étudiants depuis la mise en place du dispositif.
Par ailleurs, partout en France, les associations étudiantes membres du réseau Fage développent leurs propres actions de prévention afin d’anticiper les difficultés. Que ce soit au niveau national ou local, des plannings de divertissement en ligne sont, par exemple, mis en place sur les réseaux sociaux ou la plateforme Discord. Concours, jeux de sociétés, activités sportives, ateliers de cuisine ou de sophrologie sont ainsi proposés pour briser l’isolement et la sédentarité.
Et pour une prise en compte plus globale du problème, la Fage a également signé la tribune de l’association Nightline France, un service d’écoute de nuit qui milite auprès des pouvoirs publics pour obtenir des améliorations sur le sujet de la santé mentale des étudiants. Dans un récent rapport, l’association interpelle en effet les autorités sur le manque de psychologues au sein des Services de santé universitaires et réclame des moyens supplémentaires et pérennes dans ce domaine.
« Ils ont fait le calcul suivant : en se basant sur l’équivalent temps plein travaillé, la France ne compte qu’un psychologue universitaire pour environ 30 000 étudiants alors que les recommandations sont plutôt de l’ordre de un pour 1500. Les services sont débordés et encore trop méconnus des étudiants, c’est une problématique majeure », estime Fanny Sarkissian qui rappelle que le suicide est la deuxième cause de décès chez les étudiants.
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