Pour accompagner l’expansion du vélo depuis le début de la crise sanitaire, la Maison du vélo à Toulouse propose des cours adaptés à tous les publics. Reportage auprès de ceux qui n’avaient jamais appris.
Tous les feux sont verts pour la petite reine. Depuis le début de la crise sanitaire générée par la pandémie de Covid-19, le vélo ne cesse de conquérir de nouveaux adeptes. Dont certains n’étaient jamais monté en selle auparavant. Ou trop peu pour oser s’aventurer parmi la circulation. Car, si comme le dit l’adage, « le vélo ne s’oublie pas », encore faut-il avoir appris à en faire un jour. A Toulouse, il existe une vélo-école pour cela, la seule et unique en ville. Mise en place par la Maison du vélo, elle propose des cours aux enfants comme aux adultes, de 5 à 95 ans.
Ce samedi, sur la place de l’Europe amputée de moitié par les projets immobiliers en cours, les participants au cours collectif de la matinée sont réunis autour du camion. Tandis que les vélos sont sortis un à un, Nicolas Viguier, formateur de la Maison du vélo, fait les présentations tout en équipant Hanane, Marie-Noëlle, Nour, Sandrine et Néolise de casques. Après réglages des hauteurs de selle, chacune agrippe sa monture du jour à la main, direction le centre de la place où des plots sont déjà disposés.
Première étape : se familiariser avec la machine. Les apprenties cyclistes doivent en faire le tour en la tenant d’une main sans qu’elle ne tombe. Une fois en selle, elles sont invitées à nommer les différentes parties du vélo. Si la plupart s’en sortent sans trop de difficulté, Marie-Noëlle confie dans un grand sourire qu’elle ne sait même pas où se situent les freins. A 21 ans, cette jeune étudiante en biologie a enfin osé franchir le cap. « Cela faisait longtemps que j’avais envie d’apprendre. On m’a conseillé de m’y mettre en raison de problèmes de circulation sanguine. Surtout, cela va me servir pour les soirs où je ne me sens pas très rassurée de marcher », raconte-t-elle.
Place ensuite à de petits exercices d’équilibre : se pencher à gauche et à droite, puis tenir le plus longtemps possible sans que les pieds ne touchent le sol. Un préambule à l’activité suivante puisque les participantes doivent maintenant parcourir une petite distance, en légère descente, et en mode draisienne. C’est à dire sans les pédales, qui peuvent se rétracter, et en essayant de se laisser porter le plus loin possible sans mettre pied à terre. Plus expérimentées que leurs camarades, Hanane et Sandrine obtiennent rapidement l’autorisation de remettre les pédales et d’effectuer le parcours en roulant normalement.
« Regarder bien droit devant, se faire confiance et freiner avec les deux freins. » Les conseils de Nicolas Viguier trouvent écho et les améliorations sont visibles à chaque passage. « Même si l’on dit souvent qu’on apprend plus facilement dans l’enfance, les adultes ont tout de même une meilleure motricité et les progrès sont très rapides. C’est d’ailleurs très gratifiant pour les participants », estime le formateur. Pendant que Sandrine et Hanane passent à la difficulté supérieure – un slalom matérialisé par des plots entre lesquels il faut passer – une nouvelle inscrite fait son apparition.
Âgée de 54 ans, Khadija arrive de Saint-Gaudens après plusieurs galères de train et de bus qui n’ont pas entamé sa motivation. « Je travaille auprès de personnes âgées, ce qui m’amène à faire plusieurs petits trajets par jour. J’aimerais pouvoir ne plus utiliser la voiture parce que le vélo, c’est bon pour la santé, bon pour la planète et bon pour le porte-monnaie. C’est dommage qu’il n’y ait qu’un cours à Toulouse, je connais beaucoup de personnes qui souhaiteraient apprendre », précise-t-elle.
Au bout d’une heure, la séance prend fin par un retour collectif au camion. Un petit débriefing permet à chacune d’exprimer son ressenti. Sandrine se dit par exemple ravie d’avoir retrouvé de la confiance pour continuer. « J’ai fait une chute petite qui a déclenché une peur et je n’ai jamais réessayé. Aujourd’hui j’ai envie d’apprendre pour pouvoir amener ma fille à l’école sans prendre la voiture », explique-t-elle. Comme Sandrine, de plus en plus de personnes espèrent retrouver une certaine autonomie grâce au vélo.
Si le froid et quelques flocons de neige en ont découragé certains ce matin, les cours de la Maison du vélo ne désemplissent pas depuis le début de l’épidémie. Notamment grâce au dispositif “Coup de pouce vélo”. En grande majorité, ce sont des femmes qui en bénéficient : « Elles sont peut-être plus enclines à accepter de dire qu’elles ne savent pas faire du vélo », avance Nicolas Viguier. « Quoi qu’il en soit, chacun vient avec son histoire et son expérience. Notre rôle consiste en premier lieu à mettre les participants à l’aise avec l’outil pour qu’ils puissent être indépendants assez rapidement », poursuit-il.
Généralement, au bout de quatre séances, ceux-ci peuvent commencer à se balader dans des environnements protégés. Pour aller plus loin, la Maison du vélo propose également des cours individuels sur-mesure. Que ce soit pour apprendre à se déplacer en ville en adoptant les bons comportements. Ou plus spécifiquement pour étudier avec les “vélotafeurs” leur trajet domicile-travail en repérant les éventuels points noirs. Ainsi, si le vélo ne s’oublie pas, il n’est jamais trop tard pour apprendre à se déplacer avec.
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