Pour contourner les restrictions sanitaires, des DJs ont eu l’idée d’organiser des technos parades… à vélo. Exemple à Strasbourg, le 9 janvier dernier.
En plein milieu de l’après-midi, le 9 janvier dernier, à Strasbourg, on a pu croiser un cortège insolite. Une centaine de cyclistes a traversé une partie de la ville, en danseuse, sur de la musique électronique. « Certains s’étaient déguisés, d’autres avaient décoré leur vélo avec des guirlandes lumineuses, la plupart étaient masqués… Et tout le monde s’est amusé », résume Dimitri Rossi, l’organisateur de cette techno parade “Covid friendly” qu’il a baptisée Bike’n’Zen. Pourtant, c’est un miracle qu’elle ait pu se dérouler. D’abord parce qu’avec deux degrés au thermomètre, il ne faisait pas bon mettre le pied dehors ce jour-là. Et surtout parce que, sans déclaration préalable à la préfecture, le responsable était susceptible de se faire saisir son matériel et d’être placé en garde à vue. « La police m’avait averti la veille qu’il valait mieux que nous ne traversions pas le centre-ville, où les manifestations sont interdites. Alors, j’ai changé le parcours au dernier moment », raconte simplement ce DJ et producteur de 32 ans, également régisseur dans une association d’événementiel. Les fêtards à deux roues se sont donc dirigés vers les cités universitaires et les parcs désertés de la capitale alsacienne.
Permettant de contourner les restrictions sanitaires, qui limitent les rassemblements dans des lieux publics, de telles rencontres festives avaient été organisées auparavant, en Allemagne, en Italie ou à Paris. Ce qui a convaincu Dimitri Rossi, amoureux des beats et de la petite reine, de se lancer à son tour. Déjà équipé d’un matériel de sonorisation mobile fonctionnant sur batteries, il a acheté une remorque d’occasion, qu’il a ensuite accroché à son VTT. Et pour diffuser sa musique en live tout en pédalant, il a fixé à son guidon une tablette numérique équipée d’un logiciel adapté. « J’arrivais ainsi à faire des mixes sympathiques, avec des morceaux de techno plutôt gentille, accessible au plus grand nombre », raconte-t-il. Gratuit, ouvert à tous, ce set en mouvement n’avait d’autre ambition que de « rassembler les gens pour qu’il se sentent à nouveau vivants, qu’ils arrêtent de déprimer, qu’ils se parlent et fassent des rencontres. C’est une sorte de thérapie », analyse Dimitri Rossi.
Fort de ce premier succès, l’homme a bien l’intention de remettre ça et vient de créer à cet effet le collectif Bike’n’Sound. « Pour la prochaine édition, je ferai les choses dans les règles, en m’enregistrant auprès de la préfecture. Et je m’équiperai certainement d’un matériel plus performant, peut-être en lançant une cagnotte en ligne », précise-t-il. Il imagine, par exemple, un parcours avec des étapes devant des bars ou des restaurants de Strasbourg, si ces derniers peuvent ouvrir, afin que les participants puissent soutenir ces commerces en difficulté. « Cette période de crise incite à l’entraide. Et les artistes trouvent sans cesse de nouvelles solutions, partout dans le monde », se félicite Dimitri Rossi.
Philippe Salvador
Philippe Salvador a été reporter radio pendant quinze ans, à Toulouse et à Paris, pour Sud Radio, Radio France, RTL, RMC et BFM Business. Après avoir été correspondant de BFMTV à Marseille, il est revenu à Toulouse pour cofonder le magazine Boudu.
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