Pour pallier à la fermeture des lieux culturels, de nombreuses structures ont opté pour le drive-in. Traditionnellement proposés par les cinémas, pour assister à une projection depuis sa voiture, garée sur un parking, d’autres arts ont tenté l’expérience durant cette dernière année. Le Bateau Feu de Dunkerque par exemple, diffuse des représentations théâtrales et des concerts en drive-in, et en direct.
S’installer à sa convenance. Grignoter ce que l’on veut. Faire des commentaires sans déranger. Il existe de nombreux avantage à assister à la projection d’un film en plein air, depuis sa voiture. Le drive-in permet également la distanciation physique. Un atout non négligeable par les temps qui courent. Et c’est exactement pour cela que les cinémas ont relancé cette tendance depuis le printemps dernier.
Populaire dans les États-Unis des années 1950, le drive-in est ainsi communément associé au monde du cinéma. Mais au regard des contraintes imposées par la situation sanitaire, ce type de diffusion a été expérimenté par d’autres arts, comme le théâtre. À Dunkerque, le Bateau Feu s’est lancé, en janvier dernier, à l’heure où devait avoir lieu le festival de littérature contemporaine “Histoires en série”. Durant cet événement, plusieurs comédiens lisent des textes d’un même auteur. Pour l’édition 2021, l’écrivain Sylvain Prudhomme devait être mis à l’honneur.
Dans l’impossibilité de maintenir la manifestation dans sa forme originale, avec des lectures de textes de Sylvain Prudhomme, les organisateurs ont cherché un moyen d’adapter le festival aux conditions sanitaires. Tout en maintenant le lien avec le public.
Et l’idée du drive-in s’est finalement imposée. « Elle offrait l’avantage de maintenir certains rendez-vous et de coller parfaitement au thème de l’auteur dont les textes évoquent son road-trip aux États-Unis », explique Estelle Esseddiqui, du Bateau Feu.
Alors, c’est depuis leur voiture que les spectateurs ont assisté à la représentation, qui a eu lieu en direct. Plutôt rare pour un drive-in. En effet, le comédien interprète son rôle à l’intérieur du bâtiment, dont les façades sont vitrées. Visible donc depuis l’extérieur. Celui-ci est, en même temps, filmé et sa prestation retransmise, en direct, sur le mur du Bateau Feu, à l’aide d’un vidéo projecteur. Le son étant diffusé sur les autoradios, via une fréquence temporaire.
Une quarantaine de véhicules se sont ainsi garés sur le parvis du théâtre. Et les occupants se sont dit ravis de l’expérience. « Ce n’est pas tout à fait comme si nous y étions, mais pouvoir entendre le texte en direct lui donne quand même de la force », commente l’une d’entre eux, plaid sur les genoux et tasse de thé à la main. Du côté des comédiens, l’exercice est également inédit, et plutôt bien accueilli. Car même si le public est loin, les interactions sont enfin possibles : les klaxons et les appels de phares remplaçant les applaudissements. « Les gens réagissent à chaud. On est encore dans le spectacle vivant », témoigne Estelle Esseddiqui.
Un succès qui a conduit la direction du Bateau Feu à renouveler l’événement. Sous différentes formes. Les 30 et 31 janvier dernier, la chanteuse dunkerquoise Nathalie Manceau s’est produite devant plus d’une centaine de véhicules. Et les 20 et 21 février prochain, les spectateurs pourront découvrir, depuis leur voiture, un théâtre d’objets destiné au jeune public. Une possible représentation d’une chanteuse lyrique est également en projet pour le mois de mars 2021.
Des affiches qui séduisent, mais qui resteront temporaire, le Bateau Feu l’assure. « D’abord parce que tout cela a un coût. Ensuite, parce notre scène nationale accueille déjà 165 représentations par an, en temps normal. Et parce que rien ne remplacera la scène… », conclue Estelle Esseddiqui.
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