Conçue par des spécialistes du sexisme dans le monde du travail, la web application #Meandyoutoo met à disposition des salariés des autodiagnostics destinés à leur faire prendre conscience des situations de sexisme ordinaire.
Comment savoir si l’on est un collègue sexiste ? Si se poser la question est déjà un bon début, la web application #Meandyoutoo propose d’aller plus loin en mettant à disposition des entreprises un questionnaire d’autodiagnostic destiné aux salariés. À travers une série de questions et de mises en situation face auxquelles ils doivent se positionner, chacun peut ainsi s’évaluer sur le sujet.
Et même si « la bonne réponse se voit forcément », comme le concède la cofondatrice de #Meandyoutoo Carole Michelon, et que les sondés peuvent être tentés de répondre en fonction de ce que l’on attend d’eux, « ce n’est pas grave », assure cette dernière. « Il est très fréquent que le sexisme soit pratiqué de façon ordinaire sans même s’en rendre compte. En confrontant les salariés à des situations très concrètes du quotidien, de manière un peu subtile, sans piège ni culpabilisation, l’idée est surtout de provoquer une prise de conscience de ses propres pratiques et de sa posture », explique-t-elle.
Pense-t-on que les hommes et les femmes n’ont pas les mêmes compétences ? Ou que les femmes ont une manière plus autoritaire d’exercer un poste de pouvoir ? Comment réagir quand son patron explique qu’une présence féminine est toujours un bon atout commercial ? Autant de questions proposées par l’application dont le premier objectif est de sensibiliser de manière originale. « D’ordinaire, le sexisme est un sujet traité de façon très descendante avec quelqu’un qui explique ce qui est bien ou mal. Il manquait quelque chose de plus engageant », confie l’entrepreneuse qui travaille sur la question depuis 15 ans.
Si tous les citoyens peuvent se tester gratuitement sur son site, #Meandyoutoo propose aux entreprises des versions adaptées et personnalisées de son autodiagnostic en fonction des secteurs d’activité. Celles-ci permettent de disposer d’un an de licence pour diffuser le lien et donnent accès à une cartographie des pratiques des collaborateurs, qui restent anonymes. Des données que les directions peuvent ensuite exploiter pour mettre en place des plans d’actions mieux ciblés. Et changer les comportements ? « Ce serait illusoire de penser que l’on puisse changer une personne profondément sexiste. Mais le plus important, c’est qu’à travers notre outil, l’entreprise envoie un message clair sur ce qui est permis ou non dans ses locaux », poursuit Carole Michelon.
Une trentaine de très grosses entreprises soucieuses de leur image ont déjà fait appel aux services de Meandyoutoo. Et de plus en plus de sociétés de moins grande envergure, ainsi que des institutions comme la Mairie de Paris, sont aussi séduites par la web application. Avec le questionnaire gratuit dédié au grand public, au total, ce sont plus de 20 000 autodiagnostics qui ont été réalisés. De quoi avoir une petite idée du degré de sexisme de la société ? « Ce qui ressort, en tout cas, c’est qu’en grande majorité, les gens n’ont pas conscience de l’être. Il sont très souvent surpris de leurs résultats et des conséquences que peuvent engendrer leur comportement », conclut l’experte.
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