Grâce à la réalité virtuelle et immersive, la société Reverto propose des modules de sensibilisation au sexisme et au harcèlement sexuel en entreprise. Une approche qui s’appuie sur le développement de l’empathie et permet, grâce au casque de réalité virtuelle, de rompre avec l’aspect rébarbatif ou culpabilisant des formations classiques.
« Les collaborateurs viennent pour vivre une expérience de réalité virtuelle et ils font, finalement, l’expérience de ce qu’est le sexisme et le harcèlement sexuel dans l’entreprise », explique Manon Bruncher, directrice générale de Reverto. C’est donc sur ce pouvoir attrayant de la technologie qu’a parié cette société spécialisée dans la création de modules innovants de sensibilisation aux risque humains en entreprise pour réaliser, entre autres, une vidéo pédagogique sur chacun de ces deux sujets. En effet, chausser un casque de réalité virtuelle immersive revêt toujours un certain caractère ludique. « Cela permet de gommer le caractère rébarbatif et culpabilisant que ressentent certains collaborateurs face à ce type de formation », confirme la dirigeante. Même quand il s’agit d’aborder des sujets graves.
Mais l’intérêt de la réalité virtuelle et immersive ne se limite pas à celui d’un appât à collaborateurs réticents. Grâce à des vidéo tournées à 360° mettant en scènes diverses situations, les spectateurs vont apprendre à distinguer ce qui relève du sexisme, de la séduction ou du harcèlement sexuel. « Cela permet de faire vivre une expérience dans la peau d’une victime plutôt que d’essayer de faire comprendre les enjeux par de longues explications. L’immersion offerte par la réalité virtuelle active certains leviers psychologiques déterminants dans l’apprentissage comme l’empathie ou l’effet Proteus », explique Manon Bruncher. En effet, là où nous ne retenons que 20 % de l’information transmise dans un discours, une expérience, parce qu’elle mobilise nos émotions, nous permet d’en saisir jusqu’à 80 %. De même l’effet Proteus est un phénomène qui implique que, dans un monde virtuel, nous modifiions nos comportements en fonction du personnages que nous incarnons. « Par exemple, une étude a démontré que des élèves ingénieurs étaient objectivement meilleurs à une tâche de créativité lorsqu’ils incarnaient un avatar d’inventeur comparativement à un avatar d’étudiant », illustre la société Reverto sur son site internet.
Pour écrire et mettre en scène ses vidéos, Reverto fait appel à des équipes de spécialistes. Des chercheurs en psychologie cognitive afin d’affiner les mécanismes de développement de l’empathie, mais également des cabinets de conseil spécialisés sur le sujet abordé. « Ces cabinets nous apportent des témoignages sur lesquels nous nous basons pour rédiger un scénario et imaginer une mise en scène. Cette proposition est ensuite validée par des psychologues du travail », détaille Manon Bruncher. Blagues salaces, remarques vestimentaires ou impact de la maternité sur le regard des collègues, pendant sept ou huit minute, le spectateur est confronté à une série de situations inspirées de faits réels. À l’issue ce court-métrage immersif, les explications d’un expert et un quiz virtuel permettent à chacun d’évaluer sa compréhension de la situation. « Mais surtout, cela permet de déclencher la discussion et le débat. Très rapidement, les gens témoignent de ce qu’ils ont vu, entendu ou vécu dans leur propre parcours professionnel », assure la directrice de Reverto.
Enfin, selon elle, beaucoup de collaborateurs prennent la mesure des conséquences ou de ce que peuvent ressentir les victimes de violences sexistes ou sexuelles en étant confronté eux-mêmes à ces agressions. « Dans la vidéo sur le sexisme, un personnage fait le lien entre la mauvaise humeur du personnage et ses règles. En vivant l’expérience, un employé a témoigné qu’il n’avait pas apprécié cette remarque alors que lui-même avait dit la même chose à sa responsable la semaine précédente. De même, certains comprennent que deux blagues salaces dans une journée, c’est déjà trop », raconte Manon Bruncher. Un cas d’école des vertus pédagogiques de l’arroseur arrosé. Il ne reste plus qu’a souhaiter que ces casques de réalité virtuelle fassent définitivement tomber les œillères qui empêchent certains de prendre conscience de la gravité des violences sexistes et sexuelles au travail.
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