L’Aveyron est le département de France qui a perçu le plus d’aides agricoles européennes (PAC). Ce montant record de 287 millions soutient une filière qui représente, à elle seule, un tiers du PIB du territoire.
L’Aveyron sur la première marche du podium Selon le site de l’Union Européenne «Toute l’Europe», entre octobre 2021 et octobre 2022, il est le département qui a touché le plus d’aides de la part de la Politique agricole commune (PAC). Sur les 9 milliards d’euros perçus par la France, l’UE en a distribué 287 millions à l’Aveyron. Cette enveloppe place l’Aveyron devant la Saône-et-Loire (195 millions d’euros) et le Cantal (193 millions d’euros) . Notons que sur la période de 2021 à 2027, l’UE débourse près de 386 milliards seulement pour cette aide. Une somme qui représente près d’un tiers de son budget.
Cette première place est largement «justifiée» pour Jacques Molières, le président de la chambre d’agriculture. « L’Aveyron possède la plus grande surface de terrains cultivés de France avec 520 000 hectares et le plus grand nombre d’exploitations agricoles, présente-t-il. C’est le leader français de production ovine. Au niveau occitan, il est le premier département en termes de bovins et caprins. » De fait, l’agriculture contribue à 30% du Produit intérieur brut (PIB) aveyronnais selon la Chambre d’agriculture. Sur un total de 10 000 exploitants, 7 500 bénéficient de la PAC. Seules les Pyrénées-Atlantiques en comptent plus.
Ce classement peut toutefois sembler paradoxal. Selon un rapport de la Cour des comptes, «les modalités de répartition des aides avantagent les grandes exploitations et celles dont les activités sont les plus rentables». Or, l’Aveyron ne compte que 6% de grandes exploitations, privilégiant plutôt les exploitations à taille humaine (environ 50 hectares). « L’agriculture aveyronnaise est un juste équilibre entre les actifs, la quantité de production et sa qualité » répond Jacques Molières. En effet, 50% de l’agriculture aveyronnaise dispose d’un label. Autre facteur important, la production est quasi-exclusivement réalisée en zone de montagne, un territoire qui couvre 95% des surfaces agricoles du département. Les indemnités versées pour compenser ces zones à handicaps naturels constituent « un tiers des aides de la PAC touchées dans l’Aveyron » selon la Chambre d’agriculture de Rodez.
Si le montant des aides peut paraître vertigineux, les agriculteurs rouergats gardent les pieds sur terre. L’élevage représente plus de 75% de l’activité aveyronnaise, dont une bonne partie est consacrée aux bovins. Citée par TF1, Aurélie Catallo, qui dirige le volet France du programme “Politiques agricoles et alimentaires” à l’Institut du développement durable et des relations internationales (IDDRI), explique : « La filière bovin/viande est celle qui reçoit le plus d’aides de la PAC, mais c’est aussi celle qui a les revenus les plus faibles. »
Élie Gaubert
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