TÉLESCOPE. Des étoiles pleins les yeux et les pieds sur Terre, Sébastien Vauclair, astronome toulousain, a mis toute son énergie au service de la Voie Lactée. C’est notamment à ce quadragénaire que l’on doit la Réserve internationale de ciel étoilé du Pic du Midi.
Un surnom donné par un confrère et que Sébastien Vauclair n’a pas volé. «Mes deux parents sont astrophysiciens, je suis donc tombé dans la marmite quand j’étais petit », explique-t-il. Ce gène de l’astronomie a réellement commencé à le titiller après une adolescence «un peu rebelle» : être passionné par les étoiles, «c’était une bonne excuse pour passer la nuit dehors», plaisante-t-il. Le jeune Sébastien Vauclair décide alors d’animer des ateliers d’astronomie lors de colonies de vacances et ne quittera plus jamais la Voie Lactée des yeux. Il se dirige donc tout naturellement vers des études d’astronomie. En revanche, hors de question de passer sa vie derrière un ordinateur : ce qui le motive avant tout, c’est de parler des étoiles.
En octobre 2004, quelques jours après avoir soutenu leur thèse de doctorat en astrophysique à l’observatoire de Midi-Pyrénées, il ouvre, avec sa femme Céline, “La Clef des étoiles”, un magasin de vente de matériel d’observation pour amateurs et professionnels. Une première occasion de faire de la pédagogie. Dans la foulée, ils créent également Cosmodiff, une société qui leur permet de plaider la cause des étoiles à travers des évènements culturels. Mais certains sont encore réticents à l’idée d’observer l’infini : «Je me souviens d’une dame qui a refusé d’observer Saturne car elle avait peur de trop relativiser», raconte Sébastien Vauclair. C’est pourtant ce qui attire l’astronome : «Regarder les étoiles prend aux tripes, nous rappelle que l’on est de petits êtres humains. Cela aide à prendre du recul sur nos tracasseries du quotidien, une sorte d’astrothérapie. »
Pour aller encore plus loin dans sa guerre des étoiles, il se lance en 2009 dans son «projet le plus fou», avec son équipe : la création de la Réserve internationale de ciel étoilé du Pic du Midi. Une opération qui a permis de contrer la pollution lumineuse et de protéger l’environnement nocturne sur un territoire de 600 km². Pour la première fois en Europe, le ciel est devenu patrimoine naturel et culturel. Cela a nécessité la mise en place de modes d’éclairage économes et non polluants dans plus de 250 communes. «Au départ, il a fallu convaincre les différents acteurs que cela pouvait servir leurs intérêts : leur permettre de faire des économies d’énergie et de développer le tourisme dans la vallée. Aujourd’hui, beaucoup en profitent, organisent des animations autour de la nuit et mettent en valeur ce patrimoine », explique-t-il fièrement.
Grâce à une autre structure, un bureau d’étude spécialisé dans l’expertise scientifique, baptisé DarkSkyLab, il côtoie aujourd’hui de près les municipalités désireuses d’effectuer une transition. L’astronome remarque un changement de mentalité : « Avant, les gens se fichaient de la pollution lumineuse, alors qu’aujourd’hui on nous sollicite », se réjouit-il avant d’ajouter que « le combat n’est pas encore gagné pour autant.» S’il veut rallumer les étoiles, Sébastien Vauclair ne va pas jusqu’à conseiller une extinction totale des lumières : «De la même manière que je trie mes déchets, mais ne m’empêche pas de prendre un bain de temps en temps», confie-t-il en souriant.
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