Cet été, Toulouse a été le théâtre de nombreux règlements de comptes sanglants, sur fond de trafic de drogue. Une situation qui inquiète le maire Jean-Luc Moudenc et pour laquelle il « tire la sonnette d’alarme ».
Le temps de la rentrée scolaire est également celui de la rentrée politique. A Toulouse, le maire Jean-Luc Moudenc se félicite, ce mercredi 13 septembre, des aménagements réalisés pour accueillir au mieux les 34 000 élèves des 211 écoles de la Ville rose : végétalisation de plusieurs établissements, réalisation de cours oasis, débitumisation de 10 000 m² dans l’enceinte des groupements scolaires…
Il rappelle aussi les nombreux événements populaires qui ont rencontré un vif succès cet été comme Rio Loco (73 000 personnes), le Rose Festival (plus de 90 000 spectateurs), l’inauguration du Village rugby (40 000 supporters), et celle des Halles de la Cartoucherie (100 000 visiteurs en trois jours)… Des réussites qui ne masquent pourtant pas les multiples incidents qui ont émaillé la ville en juillet et août, notamment le trafic de drogue « qui gangrène nos quartiers ».
Jean-Luc Moudenc se dit très inquiet à ce propos, rappelant que de nombreuses fusillades liées au trafic de drogue ont eu lieu depuis le mois de mai, notamment dans le quartier d’Empalot : « Je tire la sonnette d’alarme ! », lance le maire de Toulouse. D’abord parce que les règlements de comptes entre bandes rivales se multiplient. « Nous avons observé, à Empalot, de vives tensions sur un point de deal en particulier. Elles ont conduit à plusieurs échanges de coups de feu, dont certains ont été mortels… » s’inquiète l’édile. Ensuite, parce que les pratiques des réseaux évoluent et deviennent de plus en plus difficiles à appréhender.
Emilion Esnault, adjoint au maire en charge de la prévention de la délinquance et de la gestion de la police municipale, en témoigne : « Nous pouvons nous réjouir que les points de deal soient en nette diminution. Il n’y a plus de longues files d’attente de clients qui passaient au “drive” des Izards par exemple », note l’élu. Cependant, le seul travail de la police nationale, et les coups de filet qui ont permis de démanteler certains réseaux n’expliquent pas tout. Les autorités déplorent un changement de pratiques. En effet, le trafic de drogue s’organise maintenant sur les réseaux sociaux et le phénomène de “Uber shit” (livraison à domicile) se développe.
De plus, les fusillades auxquelles se livrent les réseaux concurrents sont, pour Jean-Luc Moudenc, directement liées au succès de la police nationale. « Lorsqu’un réseau est démantelé, ses points de deal restent vacants. Pas longtemps. Et c’est justement pour les récupérer que les bandes rivales s’affrontent, aux dépens des habitants des quartiers… Et j’ai toujours peur d’une balle perdue », se désole le maire de Toulouse.
Pour l’édile, « il est temps que l’Etat prenne la mesure du phénomène et travaille avec nous pour mettre en place des actions d’envergure ». Une doléance qui tombe à point nommé puisque le contrat de sécurité intégrée est en pleine clause de revoyure. Dans ce dernier, l’Etat s’était engagé à renforcer les moyens humains et matériels de la police. « Il était prévu que Toulouse bénéficie de 111 policiers nationaux supplémentaires, dont la lutte contre le trafic de drogue est la compétence. A ce jour, 94 nominations ont été prononcées », détaille Jean-Luc Moudenc, qui affirme veiller à ce que la totalité des effectifs promis arrivent.
Plus. Il demande une rallonge. Au vu de la situation actuelle, « je réclame 150 policiers au lieu de 111 », annonce le maire, soit 39 agents supplémentaires. « Ces effectifs ne devront bien sûr pas pallier les départs en retraite ou les mutations, qui devront être par ailleurs remplacés », précise l’édile, attentif.
De son côté, la Ville devait renforcer la présence de la police municipale. « C’est chose faite », affirme Emilion Esnault, qui assure que ses agents sont de nouveau présents dans tous les quartiers de Toulouse, ce qui n’était plus le cas jusqu’à l’année dernière. « Nous remplissons nos missions et continuons à nous battre pour la prévention, la sécurité et la tranquillité publique de notre ville », termine Jean-Luc Moudenc, qui devrait rencontrer le ministre de l’Intérieur dans quelques jours.
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