Les élus écologistes de Toulouse Métropole ont en ligne de mire les élections municipales de 2026. Si aucune liste n’est encore créée, ils travaillent sur leur projet pour les communes de l’agglomération.
Les élus écologistes de Toulouse Métropole se préparent aux municipales de 2026. « Nous travaillons et nourrissons notre réflexion par rapport aux bilans de nos élus », rapporte Gisèle Verniol, co-secrétaire d’Europe Écologie Les Verts à Toulouse (EELV). Pour le moment, pas de liste électorale à présenter. « Le temps est long. D’autres choses vont se passer d’ici 2026. Se poseront les questions de stratégie et d’alliances plus tard », précise Gisèle Verniol. Une chose est sûre, ils seront « amenés à discuter avec l’ensemble des forces politiques de gauche et écologistes de la Métropole et le choix des alliances sera défini par les militants de chaque territoire », informe Manuel Leick-Jonard, co-porte-parole d’EELV à Toulouse. Mais avant, un projet doit être construit. Et les écologistes savent ce qu’ils veulent et ne veulent plus pour le territoire.
« La ligne de cap doit changer et embarquer toutes les communes dans un projet écologique beaucoup plus fort », déclare Isabelle Meinffrein, première adjointe au maire de Tournefeuille. Si elle salue le travail « des élus écologistes qui ont su porter des projets de rupture », elle estime que « l’écologie est un sujet sous envisagé » à l’échelle de Toulouse Métropole. « De petites choses sont réalisées. Mais nous n’avons pas basculé. La Métropole n’a pas déclaré l’urgence climatique écologique », déplore-t-elle. Les membres d’EELV, avant de présenter les prémices de leur projet, sont ainsi revenus sur le bilan de la majorité de ces neuf dernières années, soit depuis que Jean-Luc Moudenc est à la tête de la Métropole, sur les sujets des transports, de l’habitat, de l’économie, de la démocratie et de l’alimentation.
Sur ce dernier justement, les élus écologistes jugent qu’il n’est « pas pris au sérieux par la majorité ». « Toulouse Métropole commence à lancer quelques actions sur la thématique de l’alimentation, sauf qu’elle n’est presque jamais à l’initiative de celles-ci. Elle se contente le plus souvent de soutenir des initiatives privées ou associatives qui émergent », constate Manuel Leick-Jonard qui regrette que la majorité « refuse de mettre en place la ferme urbaine alimentaire aux Pradettes », « mène un projet urbain à Paléficat qui va artificialiser des centaines d’hectares de terres agricoles » et « soutient le projet d’autoroute A69 Toulouse-Castres ou celui de la LGV qui artificialisent et exproprient de nombreux agriculteurs ». « Le bilan est encore loin d’être positif », relève le co-porte-parole.
Les élus écologistes souhaitent ainsi « un changement de paradigme », notamment dans les cantines scolaires. « Elles représentent 60 000 repas par jour dans la Métropole et sont donc un levier gigantesque pour réorienter les filières dans la région que ce soit en mettant davantage de bio ou en sortant de l’achat de produits issus de l’élevage intensif », suggère Manuel Leick-Jonard qui plaide également pour le développement de la sécurité sociale alimentaire sur le territoire. « Des expérimentations sont lancées à Toulouse. Mais la mairie et la Métropole ne s’impliquent pas sur le sujet. Peut-être que cela va venir, mais pour le moment, et encore une fois, ce sont les citoyens qui lancent les initiatives »,affirme le co-porte-parole d’Europe Écologie Les Verts à Toulouse.
En ce qui concerne la politique des transports, les écologistes ne sont pas satisfaits non plus. « La situation à Toulouse nous inquiète ; conflit social, hausse des tarifs, dégradations de l’offre de surface et le sentiment que l’urgence des mesures à prendre dans le cadre de la ZFE n’est pas prise en compte », signale Elisabeth Matak, co-responsable de la commission transports et territoires EELV, avant d’ajouter : « Le futur nous inquiète encore plus. Les études multimodales montrent que les embouteillages seront pires à Toulouse en 2030, malgré tous les projets prévus ». Selon elle, la majorité est « pro active sur le routier et attentiste sur les alternatives », notamment le vélo. « Nous sommes très en retard à Toulouse. Il y a trop de faux aménagements », rapporte-t-elle.
Les membres d’EELV plaident ainsi pour l’arrêt du projet de jonction Est. « Cela permettrait de doubler le budget vélo », assure Elisabeth Matak qui a ensuite énuméré les mesures qu’ils souhaitent prendre pour « intégrer toute l’agglomération dans le projet », « faire de Toulouse une ville de référence » et « sortir des idées éculées : faire toujours plus de routes ne permet pas de fluidifier le trafic, le vélo n’est pas que pour le loisir et le train peut servir pour l’urbain ». « Nous mettrons le paquet sur le réseau des services express régionaux métropolitains, avec notamment la mise en place du ticket unique, et le réseau vélo pour Toulouse comme pour l’agglomération, en travaillant au plus près des usagers, en doublant le budget et en donnant les moyens aux services d’agir », détaille Elisabeth Matak.
Sur le volet économique, Antoine Maurice, élu d’opposition à la Métropole de Toulouse, a dénoncé l’absence de vision de Jean-Luc Moudenc, président de Toulouse Métropole. « Ou plutôt, s’il y en a une, c’est encore celle des années 80 qui fait le pari des grands équipements et d’attirer dans la logique de métropolisation et de compétitivité comme par exemple autour d’un quartier d’affaires à Matabiau ou du MEETT et de continuer à dire : « Nous soutenons l’aéronautique, mais nous ne savons pas comment” », considère Antoine Maurice. L’élu d’opposition poursuit : « La politique actuelle ne propose rien sur l’accompagnement réel de la filière autour de ses défis sur la décarbonation, mais aussi de conjuguer l’excellence et la sobriété du trafic qui est une réalité ».
Les élus écologistes veulent ainsi préparer l’avenir et surtout « les emplois de demain sans perdre les compétences d’aujourd’hui pour ne pas revivre ce que nous avons pu vivre dans le passé avec d’autres industries », souligne Antoine Maurice. « Nous voulons une politique qui accompagne réellement les filières actuelles de l’aéronautique dans cette évolution de transition écologique en soutenant toujours la recherche et développement et également en accompagnant la transformation de certaines entreprises qui voudraient aller vers d’autres filières, notamment le ferroviaire qui a vocation à se développer, mais aussi des filières d’emploi climat, comme l’énergie et le logement, ou la filière recyclage », liste l’élu d’opposition.
Les écologistes souhaiteraient également plus de volontarisme en ce qui concerne les logements. Pour rappel, depuis l’annulation par le tribunal administratif du Plan local d’urbanisme et de l’habitat (PLUi-H) et un an avant du Plan de déplacements urbains (PDU), un pacte métropolitain de l’habitat a été mis en place. Mais celui-ci ne convient pas aux membres d’EELV. « Pour nous, il n’est pas de nature à endiguer la pénurie structurelle de logements sociaux. L’objectif d’en construire 35% est en inadéquation avec les besoins compte tenu de la croissance démographique de notre territoire. Il faudrait se rapprocher des 40% », évoque Gisèle Verniol qui déplore également qu’il n’y ait rien sur la mixité sociale dans ce pacte métropolitain de l’habitat.
Les élus écologistes croient ainsi « à un autre Plan local d’urbanisme et de l’habitat en rupture avec le modèle du tout voiture ». « Le PLUi-H et le PDU doivent tous deux intégrer et irriguer le territoire en offre de transports performante et aussi décarbonée, mettre fin à l’étalement urbain et atteindre le zéro artificialisation nette, garantir la qualité de vie à travers le logement, les équipements, mais aussi la mixité des usages et des activités, et opérer la transition énergétique et reconquérir par la zéro artificialisation nette la biodiversité », indique la co-secrétaire d’Europe Écologie Les Verts à Toulouse avant de prévenir qu’il va falloir « réparer la ville » et cela, en passant par de la rénovation et de la végétalisation car « 80% des logements sont déjà construits ».
Les logements ne sont pas les seuls à avoir besoin d’une rénovation, selon les écologistes. « C’est aussi le cas de notre manière d’aborder la démocratie », estime Thomas Karmann, conseiller municipal délégué au climat et à la résilience à Cugnaux et élu d’opposition à la Métropole. « Le lien entre les habitants et la Métropole est très peu entretenu. Nous sommes sur une instance qui est très loin de la population. Cela est notamment lié au fait que nous n’avons pas de suffrage universel direct pour la Métropole. Ce qui crée une certaine distance. Il y a un premier enjeu d’appropriation de cette strate par la population », juge le conseiller municipal.
Le second enjeu concerne le projet politique de la Métropole. « Aujourd’hui, il n’y en a pas de commun qui amène dans une même direction. Nous sommes dans de petits arrangements entre amis autour de la table de Monsieur Moudenc où chaque maire va aller négocier pour sa paroisse », révèle Thomas Karmann. Les écologistes ont ainsi l’idée de construire « une vision métropolitaine dans les 37 communes, de la porter en commun à la prochaine élection municipale, mais pas seulement pour ensuite avoir un projet commun sur la Métropole qui sera en capacité d’avoir un cadre et une direction claire ».
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