Le RER toulousain est plus que jamais suspendu au résultat des élections municipales. Si le projet global semble faire l’unanimité, son financement, lui, suscite le débat. Cet élément, déterminant pour son avenir, dépendra pourtant du scrutin de ce dimanche 28 juin.
130 listes de l’agglomération avaient signé le manifeste pour le RER toulousain à la veille du premier tour des municipales. Le lendemain, 52 ont été élues. Ainsi, plus de 300 000 habitants de l’agglomération sont désormais représentés par des maires s’étant publiquement engagés pour la réalisation du projet. « Une bonne nouvelle », pour le collectif Rallumons l’étoile qui promeut le RER toulousain, et ne doute pas que « d’autres devraient les rejoindre au soir du 28 juin ».
Mais le ralliement majeur qu’attendent les membres de l’association reste celui de Toulouse, qui est conditionné au résultat du second tour des municipales. En effet, la liste Archipel Citoyen d’Antoine Maurice a d’ores et déjà signé le manifeste et annoncé son soutien au projet. Quand celle d’Aimer Toulouse, portée par Jean-Luc Moudenc, ne l’a pas paraphé.
Pourtant, les trois mesures énoncées dans le document – des trains de 6h à minuit tous les jours, une tarification Tisséo sur tous les TER dans son périmètre, et une première ligne traversante entre Montauban et Castelnaudary – semblent faire l’unanimité. Le point d’achoppement se situe en réalité au niveau du financement du projet. “L’offre ferroviaire de proximité est de la compétence de la Région. Il n’appartient donc pas à la Métropole ou à Tisséo de participer à son financement », explique Jean-Luc Moudenc dans un courrier adressé à Rallumons l’étoile.
Pour le collectif, l’argument n’est pas recevable. Son coordinateur, Benoît Lanusse, se réfère à l’article L2121-3-1 du Code des transports qui stipule : « Les métropoles […] et les communautés urbaines, en tant qu’autorités organisatrices de la mobilité […], ou les syndicats mixtes […] peuvent contribuer au financement d’un service ferroviaire régional de voyageurs […] situé dans leur ressort territorial afin de répondre à un besoin qui leur est spécifique ou d’assurer un surcroît de desserte. »
La participation de Tisséo au financement du RER toulousain reste pourtant la condition sine qua non pour que le projet voit le jour, comme l’explique Benoît Lanusse : « Évidemment, la Région Occitanie sera partie prenante, mais elle ne peut pas assumer seule un tel programme. Ses ressources sont contraintes et même si elle est volontariste en matière de transports ferroviaires, elle se concentre sur les dessertes régionales. » Selon lui, ce serait ainsi à Toulouse métropole et donc Tisséo, principal bénéficiaire des retombées, de prendre en charge le RER, en partenariat avec la Région, l’État et la SNCF.
De son côté, Antoine Maurice promet de mettre l’opérateur de transports en commun dans la boucle et s’engage à « positionner Tisséo comme autorité organisatrice de transport dans le ferroviaire vis-à-vis de la SNCF, en concertation avec la région et forte d’un budget d’entrée de 500 millions d’euros sur le mandat ». Pour Rallumons l’étoile, la traduction est évidente : si Archipel citoyen gagne la bataille pour le Capitole, les premières pierres du projet métropolitain pourraient être posées rapidement. Si Jean-Luc Moudenc sort vainqueur, la négociation sera plus ardue.
« Mais nous ne désespérons pas », affirme Benoît Lanusse. Il mise sur la capacité des communes signataires du manifeste à faire pression au sein de Toulouse métropole, et du comité syndical de Tisséo. Car « si la majorité des représentants intercommunaux soutient notre projet, Jean-Luc Moudenc sera au moins contraint d’accepter de mener les études de faisabilité (test de rames, tarifications coordonnées…). Il pourra ensuite, objectivement, analyser les coûts et les recettes du RER. Et je suis sûr qu’il sera alors convaincu que ce projet est indispensable à l’agglomération », estime le coordinateur de Rallumons l’étoile, qui attend impatiemment le résultat des urnes.
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