Elles n’ont l’air pour l’instant que de gouttes d’eau, mais les possibilités de se déplacer autrement qu’en voiture ou d’en partager l’usage ne cessent de se développer àToulouse et dans l’agglomération. Télétravail, marche, autostop, covoiturage, autopartage…Chacune fait sa part dans le changement d’habitude qui conduira à laisser son véhicule au garage.
« Moi pour éviter de prendre la voiture, j’ai choisi une solution radicale : ne pas me déplacer ! », s’esclaffe Rokia, ingénieure de 35 ans dans une entreprise à Labège. En vérité, cette dernière exagère un peu puisqu’elle n’a recours au télétravail que deux jours par semaine comme le prévoit le contrat spécifique proposé par sa société. « J’ai fait la demande suite à mon déménagement à l’extérieur de Toulouse et elle a été acceptée sans difficulté. Je déclare mes jours de télétravail via un outil informatique et mes frais sont remboursés sur la base d’un forfait, c’est hyper simple. »
La pratique n’est pas encore très courante en France mais de nombreuses solutions existent aussi pour réduire l’utilisation de son véhicule tout en continuant à se déplacer. À commencer par la marche. Et dans ce domaine, ce sont les enfants qui sont notamment mis à contribution avec le développement depuis une dizaine d’années des pédibus. Dans plusieurs écoles de la ville, les parents s’organisent en effet pour emmener les élèves en groupe jusqu’au portail de l’établissement. À l’école Jules Julien, le pédibus embarque chaque matin une vingtaine de petits marcheurs. « Nous avons deux lignes et une troisième en prévision. Soit le pédibus passe devant la maison, soit les familles accompagnent leur enfant à un arrêt matérialisé par des panneaux. Cela permet à certaines d’éviter un trajet en voiture tout en désencombrant l’accès à l’école », raconte Xavier Delas, président de l’association Les Chemins de l’école.
Reste ensuite à se rendre au boulot, les trajets domicile/travail étant en grande partie responsable de la congestion automobile. Bien que pensée en premier lieu pour favoriser la mobilité en milieu rural, l’initiative Rezo Pouce pourrait bien contribuer à un éventuel désengorgement de la rocade tant elle se développe.
L’idée ? Réhabiliter l’autostop en créant le premier réseau organisé et sécurisé. « Nous travaillons avec des collectivités pour venir en complément de leur plan de mobilité et installer des “arrêts sur le pouce” à des endroits stratégiques. Sans avoir anticipé son trajet, un passager peut s’y rendre et être pris par un conducteur, qu’il soit lui aussi membre du réseau ou pas », explique Alain Jean, fondateur de Rezo Pouce à Moissac. 1 100 communes partout en France ont déjà adopté le dispositif. Un chiffre qui dépassera les 2 000 en 2018. Pour les autostoppeurs, l’attente est estimée à 6 minutes seulement et une application a été lancée pour faciliter l’utilisation du dispositif. Via un partenariat avec Tisséo, Rezo Pouce est présent dans de nombreuses villes autour de Toulouse. « Pour l’instant en périurbain, les trajets concernent surtout des petits déplacements ponctuels. Mais il n’y a aucune raison pour que le système ne serve pas également à se rendre au travail», affirme Alain Jean.
Une possibilité de plus donc pour lutter contre l’autosolisme, ce phénomène qui désigne les personnes seules dans leur voiture, et qui vient s’ajouter au covoiturage, en plein développement dans la métropole. Plusieurs sites se sont en effet spécialisés dans les trajets du quotidien et les collectivités locales accompagnent volontiers la pratique. Une quarantaine d’aires de covoiturage existent déjà en Haute-Garonne et dans les 5 ans à venir, 350 places supplémentaires seront créées. De son côté, la régie des transports Tisséo a prévu d’ouvrir en janvier 2018 une zone d’arrêt de courte durée dédiée au covoiturage sur le parking relais de Ramonville. Et en fera de même l’année suivante à Borderouge puis à l’Oncopole.
Enfin, l’autopartage est lui aussi en plein essor. En plus de Citiz et Yea (voitures accessibles en libre-service, sans réservation), services proposés par la société coopérative toulousaine Mobilib qui compte déjà 2 500 autopartageurs, le secteur voit apparaître de nouveaux acteurs innovants. Lancée en 2017, la start-up toulousaine Iodines s’est aussi positionné sur les voitures en libre-service mais a, elle, misé sur le 100% électrique. Elle offre en outre un service inédit de voiturier permettant au client de prendre et déposer le véhicule où il le désire. « Le but est de simplifier la vie des usagers y compris dans la tarification puisque nos prix sont uniquement basés sur le temps d’utilisation », précise Carole Poulat, cofondatrice de Iodines, persuadée de l’avenir de l’autopartage : « Le nombre d’habitants ne cesse d’augmenter, il faut forcément développer la multimodalité dans les déplacements. Nous venons pour l’instant en complément. Mais en ce qui concerne la voiture, la mutation est avérée. Il faut accompagner le changement d’habitude pour passer de la possession à l’usage».
Dossier : Toulouse sans voiture, c’est possible ?
Commentaires