Toulouse sans voiture, c’est possible ?
VIRAGE. Pour se rendre au travail, accompagner les enfants à l’école, ou même aller acheter du pain, l’automobile est omniprésente dans le quotidien de nombreux Toulousains. Mais la pollution, les embouteillages, le paiement de l’assurance et de l’entretien aussi. À l’heure où se clôture le sommet de Paris pour le climat, qui a rappelé encore une fois l’urgence à œuvrer contre le dérèglement climatique, la question de la place de la voiture individuelle se pose avec de plus en plus d’acuité. Et si la solution était tout simplement de s’en passer au profit d’autres modes de transport ? Cette semaine, le JT a rencontré citoyens, associations et entreprises qui ont pris une longueur d’avance dans la transition.

Sur 3,8 millions de déplacements enregistrés chaque jour dans l’agglomération toulousaine, 60 % sont effectués en voiture. Toulouse est ainsi la ville de France où elle est le plus utilisée élevée selon le Conseil développement Toulouse métropole (Codev). Mais si dans les années 1970, ce véhicule incarnait le progrès, il n’est plus le bienvenu dans les rues du centre-ville. « Aujourd’hui, c’est urgent, il faut réduire sa présence. Nous n’avons plus le choix », clame François Saint-Pierre, membre du Codev évoquant la saturation de l’air et de l’espace urbain.
« Aujourd’hui, c’est urgent, il faut réduire la présence de la voiture. »
Conscients du caractère critique de la situation, les différentes majorités qui se sont succédées au Capitole ont tenté d’y apporter une réponse. « Mais c’est encore trop timide. Cela ne va pas assez vite, pas assez loin », regrette François Saint-Pierre. Faut-il alors penser à une ville sans voiture ? Pour tous les acteurs du secteur de la mobilité, il s’agit-là d’une belle utopie. « Parce que bouleverser la vie des gens et leur façon de vivre ne se fait pas d’un coup de baguette magique. Il faut de la pédagogie et du temps », explique Jean-Michel Lattes, adjoint au maire de Toulouse en charge des déplacements. « En revanche, nous pouvons travailler à réduire considérablement la présence de la voiture», poursuit Régis Godec, élu d’opposition (EELV). Toute la question est de savoir comment.
Pour la municipalité, le partage de l’espace est le maître mot : « L’aménagement urbain est la clé », résume Jean-Michel Lattes. À commencer par l’extension des zones piétonnes. « Nous terminons d’ailleurs celle d’Arnaud Bernard », note-t-il. Mais pour Régis Godec, la piétonisation initialement annoncée par le “Plan de mobilité” a été revue à la baisse : « La majorité actuelle garde une trop grande place à la voiture, pour preuve, ce plan prévoit une augmentation de 17 % des déplacements en voitures en 2030 », estime l’élu.
De même, alors que le préfet a lancé une étude sur l’engorgement routier de l’agglomération et les perspectives pour y faire face, Jean-Luc Moudenc a remis à l’ordre du jour du dernier Conseil municipal l’idée d’une seconde rocade. Une façon d’éloigner les voitures de la ville pour la majorité. Mais une opération encore trop tournée sur la promotion de l’automobile pour l’opposition qui ne manque pas de rappeler « l’inutilité du projet qui ne déporterait que 2 % du trafic. »
« L’aménagement urbain est la clé »
Pourtant, la mairie assure limiter la circulation des voitures pour développer des alternatives. La priorité est donnée aux transports en commun, précise l’élu : « Le maillage des bus est de plus en plus étendu et la troisième ligne de métro ainsi que la “Ceinture Sud” (téléphérique, tramway et bus relieront Rangueil à Colomiers, ndlr) viendront le compléter. » Pour Régis Godec, des bus Linéo en site propre seraient plus appropriés.
Mais les alternatives ne doivent pas se concentrer uniquement sur les transports en commun. Pour François Saint-Pierre, « ce serait une grave erreur. Comme l’a été celle d’engloutir tous les budgets dans la construction du métro. » Sur le sujet, Toulouse est en retard. « Nous commençons tout juste à comprendre que densifier la ville permettrait de réduire les déplacements et de développer des modes de transport doux comme le vélo ou la marche », fait-il remarquer, invitant les Toulousains à repenser leur rapport à la voiture.
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