DÉCLIC. Parce qu’un changement de carrière n’est jamais facile à décider ni à entreprendre, de nombreux experts en ressources humaines ont fait de l’accompagnement des salariés leurs cœur de métier. Visite chez ces spécialistes.
Xavier Héry vient de raccrocher le téléphone. «J’étais en conversation avec un cadre qui souhaite changer de voie. Il a évoqué ses projets et m’a dit : “Je vais avoir besoin d’une formation”. Mais ce n’est pas toujours le cas ! Parfois, les personnes ont déjà les compétences nécessaires», précise le fondateur du cabinet toulousain Tholosia RH. Affichant plus de 15 ans d’expérience dans les ressources humaines, ce spécialiste confirme que la volonté de quitter son boulot pour donner un sens à sa vie s’impose comme une véritable philosophie. Mais les freins sont encore nombreux, notamment en raison du chômage planant telle une épée de Damoclès. «Notre job, c’est de redonner confiance, lever ces barrières et encourager à oser», appuie Xavier Héry.
Chez Tholosia RH, les candidats à une nouvelle vie sont accompagnés personnellement. «Les ateliers de groupe, très en vogue dans le monde anglo-saxon, correspondent aux aspirations de certains mais peuvent en inhiber d’autres», justifie le dirigeant. Tout commence donc par une simple discussion, comme ce fut le cas quelques minutes plus tôt avec ce cadre. Objectif : cerner les envies, les besoins, les centres d’intérêt, le caractère, la motivation et les talents de la personne. Lui faire prendre conscience de son potentiel. Et également répondre à ses interrogations. Mon projet est-il viable ? Suis-je fait pour ça ? Autant de questionnements qui reviennent régulièrement chez les travailleurs souhaitant se réorienter.
Pour ôter une partie de ces doutes, certains acteurs des ressources humaines ont lancé un service dans l’air du temps : tester son futur boulot. Parmi eux, la plate-forme collaborative “Jobsenboite” met en relation des personnes désireuses de s’essayer à un nouveau métier et des entreprises enclines à accueillir un stage d’immersion. Grâce à elle, un jeune négociant en vin, féru d’escalade, a par exemple pu découvrir la profession de couvreur. Expérience concluante puisqu’il est ensuite parti faire le tour de France avec les Compagnons du devoir. «Nous permettons à ces candidats de savoir s’ils souhaitent réellement faire de leur passion, leur métier», explique le cofondateur, Loïc Michel. Le site propose par exemple une immersion chez une assistante maternelle à Auterive ou chez un thanatopracteur à Montauban.
Charge ensuite aux structures spécialisées d’accompagner le processus de reconversion. Conseiller, faire progresser la réflexion, proposer des formations, voire orienter vers des experts dans le cas d’une création d’entreprise par exemple… Un suivi qui peut durer «quelques jours à plusieurs mois», précise Xavier Héry, qui insiste : «Tout le monde est bourré de talent mais certains ont tendance à l’oublier s’ils ne s’épanouissent pas au travail.»
«Le fait que les salariés se sentent utiles, qu’ils donnent un sens à leur vie est primordial», confirme Robert Martinez, fondateur de Progress.
Particularité de ce cabinet toulousain : il forme des personnes en plein changement de carrière… au métier de conseiller en reconversion professionnelle. Dans l’assistance, on retrouve tous types de profils mais de nombreux commerciaux désireux «de retrouver de l’humain, d’aider, d’accompagner. » «C’est un métier très prenant, qui nécessite d’avoir la fibre, mais qui apporte un plaisir intense», assure Robert Martinez. Et une manière de boucler la boucle en aidant les autres à emprunter la voie du changement.
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