CHANGEMENT. À 40 ans, Rémi Roux a quitté un emploi bien payé pour fonder, avec deux amis, Ethiquable, une entreprise de distribution de produits équitables. Une évolution de carrière salutaire pour donner du sens à sa vie tout en améliorant les revenus de milliers de producteurs.
Après 15 ans en tant que responsable de la communication dans une maison de disque, puis chef de produit dans le groupe Andros et enfin chargé des ventes de l’entreprise Léa Nature, Rémi Roux tournait en rond. « La dernière boîte où je travaillais était passée de 50 à 250 salariés. C’était trop grand. Mon travail, face à la grande distribution, ne consistait qu’à parler de ristournes, jamais de produits», analyse-t-il aujourd’hui. Son salaire intéressant et sa maison lui suffisaient, mais ne le satisfaisaient pas. Lui qui se voyait curé dans sa jeunesse pour être « tourné vers les autres plutôt que vers l’argent » a alors « envie de faire quelque chose qui ait du sens. »
Président du bureau des étudiants pendant son cursus en école de commerce à la fin des années 1980, Rémi Roux avait pris goût à la vie associative. «Je me disais que j’aurais le temps de participer à une association sur mon temps libre en fin de semaine, mais je n’ai jamais pu », reconnaît-il. « Je me suis dit alors, autant créer une entreprise qui me permette de faire ça tous les jours.»
L’entreprise « coopérative, citoyenne et solidaire » ambitionne de commercialiser des produits équitables dans tout le pays à une époque où ils sont encore rares dans la grande distribution. Malgré les premières années difficiles, Rémi Roux ne regrette en rien son choix. « Si c’était à refaire, je le referais ! », s’exclame le gérant et directeur commercial de la coopérative. « Dès le début, mes proches m’ont fait confiance. Certains ont investi pour lancer l’affaire. J’étais tellement sûr de moi que personne n’a douté. »
Presque 15 ans plus tard, la confiance a payé. Basé à Fleurance dans le Gers, Ethiquable commercialise aujourd’hui ses produits dans 4 000 magasins en France et apporte 30 % de revenus à 35 000 familles de producteurs du monde entier. Une vraie fierté pour l’entrepreneur : « La société dans laquelle nous vivons prône un modèle de réussite basé sur l’argent. Nous aussi voulions réussir, mais pas financièrement. Aider ces familles de producteurs, c’est ma réussite. »
Aux gens qui l’appellent pour demander conseil, le membre fondateur du Mouvement des entrepreneurs sociaux recommande d’acquérir une solide expérience dans un métier avant de créer une entreprise. Il rappelle aussi qu’un changement de carrière peut s’accompagner d’une baisse des revenus. « Ils cherchent un métier qui a du sens, mais ne savent pas forcément qu’ils vont gagner moins. Le confort financier joue souvent dans le fait de rester dans un travail moins intéressant », remarque-t-il. « Pourtant, mieux vaut être heureux que gagner beaucoup d’argent. » Président de l’Union régionale des Scop de Midi-Pyrénées depuis 2012, Rémi Roux n’imagine plus un travail dénué d’impact positif sur la société.
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