Candidate Europe Écologie – Les Verts (EELV) au sein de la liste Haute-Garonne naturellement Clémentine Renaud se fait la porte parle du projet écologiste porté par son mouvement pour les élections départementales.
Le Journal Toulousain : Selon votre mouvement, en quoi le Département est-il un échelon utile pour agir ?
Clémentine Renaud : Le Département est une collectivité de proximité qui va au-delà des communes et des métropoles. Au sein du conseil départemental son réunis des représentants de zones urbaines comme rurales. C’est un véritable reflet de la vie du territoire. Le département est un acteur fondamental de la décentralisation mais qui est trop souvent mis sous tutelle.
C’est-à-dire ?
Certaines compétences du Département, comme la gestion du RSA, devraient être nationalisées. Actuellement, le RSA est un emblème du rôle de solidarité de cette collectivité locale mais cette compétence masque trop souvent un manque d’ambition. Le RSA pourrait être géré nationalement par la CAF et la MSA afin que le département, libéré de cette charge, se concentre sur les questions de la fracture numérique, les déserts médicaux ou les aménagements routiers. De manière a mettre en œuvre un véritable projet d’écologie politique.
Et quelles sont les grandes lignes de ce projet défendu par EELV et la liste Haute-Garonne naturellement ?
Nous avons tellement d’envies qu’il est difficile de les résumer. Avant tout, nous voulons en finir avec la politique des petits pas en matière d’écologie. Nous pouvons créer des milliers d’emplois, notamment dans le secteur de la rénovation, en donnant une forte impulsion à la transition environnementale. De même, le département limite son ambition à 20 % de produits biologiques servis dans les cantines alors que la métropole, elle, est déjà à 25 %. En agissant sur ce levier, nous pourrions multiplier des projets et des partenariats visant à promouvoir l’agroécologie. Mais, sur de nombreux sujets, nous devons surtout changer nos pratiques et favoriser la concertation entre collectivités locales d’un même territoire.
Que proposez-vous pour favoriser cette concertation ?
Certaines compétences sont communes avec d’autres collectivités. Nous devons donc travailler à mettre en place une unité de gouvernance de façon à faire avancer les projets de manière plus constructive. Nous proposons pour cela de créer une autorité unique qui intègre les différents partenaires : région, métropole, Tisséo et département. Cette nouvelle assemblée permettrait de travailler de manière concertée, par exemple, sur le maillage territorial des transports en communs et ferroviaires. Nous pourrions ainsi envisager d’instaurer un ticket unique.
N’avez-vous pas peur que cette nouvelle assemblée alimente la critique du mille feuille administratif ainsi que l’idée d’une suppression du conseil départemental, ou d’une fusion avec la métropole ?
Nous sommes clairement opposés à la fusion ou la disparition du conseil départemental. Chaque collectivité à ses compétences et c’est bien ainsi. Mais les décisions prisent aux différents échelons peuvent avoir un impact sur tout un territoire. Nous n’avons pas d’autre choix que de nous mettre autour de la table pour trouver les meilleures solutions. Et, vu l’urgence climatique et la vitesse à laquelle le monde évolue, nous ne pouvons plus accepter que l’action politique soit freinée par le cloisonnement du système de décision au sein des administrations. Il faut en finir avec la logique du pré carré. Nous devons assumer cette ambition et ce volontarisme.
Et comment pensez-vous financer vos projets ?
Nous ne sommes pas des idéalistes. Nous savons que le département ne dispose pas d’une planche à billet et que les budgets ne sont pas extensibles. Mais chaque euro investi par le département devra engendrer, en cascade, de l’emploi ou un bienfait environnemental ou social pour le territoire. Nous devons donc optimiser les budgets et revoir les priorités ainsi que la répartition de certains financements. Par exemple, il n’est pas concevable de répondre aux difficultés des stations de ski en livrant de la neige par hélicoptère ou en créant une usine à neige artificielle. Nous préférons réfléchir à une politique promouvant un tourisme de quatre saison.
De même nous repenserons le mode d’attribution des subvention pour défendre des orientations politiques et en finir avec le clientélisme. Il n’est pas normal que la Maison de la chasse ait reçu 750 000 euros alors que des associations culturelles et sportives, qui développent des activités essentielles au contact des jeunes, sont beaucoup moins aidées. Les subventions que nous attribuerons le seront en fonction des projets et elles seront conditionnées à certains critères : la préférence à des entreprises locales lors de la mise en œuvre de chantiers, l’usage de matériaux locaux et écologiques, l’engagement dans une démarche d’égalité femmes-hommes, une dimension intergénérationnelle, etc.
Avez-vous déjà réfléchi à celle ou celui qui pourrait incarner votre mouvement à la tête du Conseil départemental, en cas de succès ?
Si nous sommes majoritaires, nous regarderons, en fonction des forces en présence, qui est le plus à même d’incarner notre politique et de porter notre projet. Mais, pour le moment, même si nous avons des personnes qui répondent à ces critères, nous n’avons pas de nom qui soit sorti du chapeau.
Et si vous n’êtes pas majoritaire, quelle sera votre position au second tour ?
Nous serons en tête dès le premier tour ! C’est notre objectif. L’écologie est sur la bouche de tous les électeurs. Or, si les citoyens veulent de l’écologie, autant qu’ils choisissent l’original plutôt que la copie. Mais attention, comme il n’y a pas de fusion possible entre les deux tours lors des élections départementales, il faut que les électeurs qui souhaitent une politique écologiste véritablement ambitieuse se mobilisent dès le premier tour. Néanmoins, nous sommes de gauche et nous soutiendrons la gauche pour faire barrage au Front national. Nous ne laisserons aucun centimètre carré à l’extrême droite ou à la droite.
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