« Insincérité des chiffres » et « surdité face aux alertes d’associations citoyennes », l’opposition reproche à Jean-Luc Moudenc de s’obstiner dans une politique de transition environnementale et de développement des transports fondée uniquement sur la troisième ligne de métro. Au risque de ne pas atteindre les objectifs fixés par le plan Climat.
« Nous voulons mettre Jean-Luc Moudenc et sa majorité face à l’insincérité des chiffres présentés dans l’étude d’impact de l’enquête publique sur le futur chantier de la troisième ligne de métro », annonce Agathe Roby, conseillère municipale de Toulouse au sein du groupe d’opposition Alternative municipaliste citoyenne (AMC). Un dossier qui sera évoqué lors d’un débat sur cette enquête environnementale prévu à l’occasion du conseil municipal, le 8 février prochain.
En effet, selon plusieurs associations, cette analyse d’impact réalisée par Tisséo minore le volume d’émissions de Gaz à effets de serres (GES) produit par le chantier de la future troisième ligne (TAE), essentiellement en omettant d’intégrer certains postes de travaux, et surestime le volume de déplacements automobiles quotidiens évités.
« La troisième ligne de métro ne devrait pas produire de bilan carbone positif avant 2085 »
Des critiques détaillées, entre autres, par le collectif Les Faiseurs de ville qui s’est appuyé sur une méthodologie d’évaluation de l’impact carbone des grands chantiers urbains développée conjointement par un cabinet belge et la Société du Grand Paris en 2012. Ainsi, le collectif estime, dans les conclusions de son enquête environnementale, que « le dossier d’enquête publique dresse un bilan trompeur du projet en laissant penser que les émissions de la construction seront compensées 5 ans à peine après la mise en service de la ligne TAE » et que, au contraire, la construction de la troisième ligne de métro « aggrave les émissions de gaz à effet de serre sur la métropole ».
« Tisséo a arrangé les contours de cette étude pour la présenter sous un jour qui l’arrange. Nous allons donc demander à Tisséo de s’expliquer et de faire preuve de plus de transparence sur ses modalités de calcul. Car, dans les faits, cette troisième ligne ne devrait pas offrir un bilan carbone positif avant 2085 », juge pour sa part Agathe Roby.
Une échéance trop lointaine qui, pour l’élue, ne devrait pas permettre à la collectivité d’atteindre l’objectif de réduction de 40 % des GES d’ici 2030 de son propre Plan Climat. « Jean-Luc Moudenc s’obstine malgré un bilan très insuffisant. Il est dommage que le maire de Toulouse et président de la métropole reste sourd aux alertes et préconisations d’associations spécialistes de la question qui alertent sur l’inefficacité d’un tel projet », ajoute-t-elle.
Assurant ne pas être opposé par principe au projet de troisième ligne de métro à Toulouse, le groupe AMC regrette surtout une stratégie déséquilibrée. « Nous ne somme pas forcément contre ce projet, mais nous souhaiterions plus de pragmatisme. Il ne faut pas que la collectivité mette tout l’argent au même endroit », précise Agathe Roby qui défend la proposition de réaliser la troisième ligne par tronçons.
Une solution qui permettrait, selon l’opposition, de laisser une marge de manœuvre financière suffisante pour engager également des chantiers complémentaires. Entre autres le développement d’infrastructures cyclables sécurisées, la mise en œuvre du projet de RER toulousain ou le déploiement de bus à haute fréquence sur tout le territoire de la métropole.
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