Airbus a opté pour la manière forte en annonçant un plan de réduction massive des effectifs en France et dans le monde. Provoquant la vive inquiétude des collectivités locales.
Ce qui était très fortement pressenti depuis plusieurs mois est désormais officiel. Mardi 30 juin, à l’issue d’un comité extraordinaire entre la direction et les syndicats, Airbus a annoncé son plan de réduction des effectifs. 15 000 postes seront supprimés au niveau mondial, dont 5 000 en France. Alors que ce plan devrait prendre effet au plus tard à l’été 2021, “le processus d’information et de consultation avec les partenaires sociaux à débuté en vue de conclure des accords dont la mise en œuvre débutera à l’automne 2020”, précise Airbus dans un communiqué.
En déclarant régulièrement ces dernières mois que la survie de l’entreprise était en jeu, Guillaume Faury, président exécutif de l’avionneur européen, avait ouvert la porte à une telle réduction massive des effectifs. Constatant une production d’avions réduite de 40% dans les deux prochaines années et ne prévoyant pas un retour à la normale du niveau de trafic aérien avant 2023, voire 2025, celui-ci explique :
“Airbus est confronté à la crise la plus grave que ce secteur ait jamais connue. Les mesures prises jusqu’à présent par la société nous ont permis d’absorber le choc initial de cette pandémie. Nous devons maintenant assurer la durabilité de l’entreprise et garantir notre capacité à émerger de la crise en leader global du secteur aérospatial, tout en nous adaptant aux défis immenses qu rencontrent nos clients. Pour affronter cette réalité, nous devons à présent prendre des mesures de plus grande ampleur.”
Pour mettre en oeuvre son plan social, la direction assure qu’elle favorisera les départs volontaires, les mesures de retraite anticipée, ainsi que le chômage de longue durée pour les activités qui s’y prêtent. Tout en précisant qu’elle n’exclut pas les mesures forcées.
Pour rappel, Airbus emploie 135 000 personnes dans le monde, dont 30 000 salariés à Toulouse et dans la région, sans compter les nombreux sous-traitants que l’entreprise fait vivre. Les conséquences locales de ce plan social devraient être connues à l’issue du comité de groupe Airbus France qui se déroulera jeudi 2 juillet à Blagnac. En attendant, les réactions n’ont pas tardé au niveau local.
“Je suis et resterai attentive à la situation de la filière aéronautique qui représente 40% de l’emploi industriel en région. Ma vigilance se portera essentiellement sur l’accompagnement social dont bénéficieront les salariés touchés par les suppressions de postes au sein du groupe mais aussi le respect du dialogue social”, assure ainsi la présidente de la Région Occitanie Carole Delga. Cette dernière entend “aider la filière dans son ensemble à tenir le choc, notamment en misant sur l’avion vert pour “développer une stratégie industrielle audacieuse. ”
De son côté Georges Méric, président du Conseil départemental de Haute-Garonne, regrette et s’interroge sur cette décision alors que “le plan de 15 milliards d’euros annoncé par le ministre de l’Economie pour relancer l’industrie aéronautique avait pour objectif de garantir la pérennité et la compétitivité de nos entreprises et de sauver les emplois pour éviter une hausse massive du chômage”. Très inquiet quant au devenir social et économique du territoire, l’élu appelle à “une mobilisation générale des grands donneurs d’ordre, des collectivités locales et de l’État.”
Pour Jean-Luc Moudenc, “le plan de restructuration annoncé par Airbus confirme ce que nous étions très nombreux à redouter”. Le maire de Toulouse et président de Toulouse Métropole réitère son soutien au monde de l’aéronautique : “nos équipes mettront tous les moyens dont elles disposent en œuvre afin d’atténuer les effets de ce plan sur l’emploi des Toulousains.” Pour y parvenir, Jean-Luc Moudenc a d’ores et déjà sollicité une entrevue avec Guillaume Faury. De quoi éviter le scénario catastrophe tant redouté par certains ?
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