C’est la star du mois de mai. Le vent. Il partage l’affiche avec la pluie et le ciel gris. En plus de torturer les corps en mal de vitamine D, il vient souffler en rafales sur des esprits déjà éprouvés par l’hiver, au point de nous rendre fous ? – Gabriel Haurillon
Un frêle esquif progresse péniblement sur les allées de Barcelone. Le vélo d’Adrien dépasse difficilement les piétons. La capuche de son imperméable est gonflée par les bourrasques qui lui frappent le visage: « C’est le mauvais sens quand il y a le vent d’Autan, ça me rend dingue ! », lâche l’étudiant en retard. Il faut dire que le canal de dérivation offre une amplification formidable à ce vent turbulent.
« Le vent d’Autan arrive en chantant et repart en pleurant », récite Jean-François Doumeng, agriculteur. « Quand le vent souffle, il faut faucher avant que le grain ne soit humide », complète-t-il. Une conséquence parfois stressante, qui n’est toutefois pas venue à bout de sa raison. Les vaches, en revanche, sont très nerveuses à la traite. « Les mouches se réfugient à l’intérieur et ça les rend folles ! Leurs queues fouettent dans tous les sens. »
« Le vent d’Autan est un vent de Sud-Est turbulent, touchant le Midi toulousain et le Tarn. Il constitue le prolongement du vent marin qui souffle sur le Languedoc Roussillon », explique Météo France. Pas un mot en revanche sur l’effet d’une pénétration violente de masse d’air entre nos deux oreilles. Benoît, boulanger au feu de bois dans le Tarn, a plutôt des problèmes de miches: « Je dois chauffer davantage. La pâte aussi lève différemment, je pense que c’est lié à la pression atmosphérique. » Une bonne dépression donc… Chez l’être humain aussi ? C’est en tout cas ce qu’ont voulu montrer trois chercheurs du CHU de Rangueil dans une étude de 1983. R. Franc, J. Claverie et P. Moron expliquent: « Le vent d’Autan a une action défavorable sur les gens à antécédents psychiatriques qui sont d’une plus grande météosensibilité. » Un phénomène appelé la météoropathologie.
Une théorie qui laisse France Moschetta sceptique. L’atmosphère de son petit cabinet généraliste de l’avenue de Rangueil ne devient pas tempétueuse les jours de vent d’Autan. « Le vent, c’est comme la lune, je ne pense pas que ça ait une influence sur les pathologies. J’ai même moins de monde parfois. Les gens qui ne vont pas bien se disent que c’est à cause du vent et ne consultent pas. » Pourtant, une légende a cours à l’école de médecine. Elle raconte qu’à l’hôpital Gérard Marchant, les psychiatres augmentent les doses quand vient le vent d’Autan. Gildas de Lassat, psychiatre au-dit hôpital souffle le froid sur cette croyance: « Nous n’avons pas plus d’internements ou de pathologies psychiques chez nos patients les jours de vent d’Autan. »
La rédaction
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