ÉPOPÉE. À partir de l’histoire de l’exode des Italiens au début du XXe siècle, le spectacle musical « Italiens, quand les immigrés c’était nous », traite subtilement le thème universel de la migration. Après avoir touché le public un peu partout en France, le projet toulousain fait escale au Phare, à Tournefeuille.
© Bruno PapaïsL’histoire de ce spectacle est aussi belle que celle qu’il raconte. L’aventure de « Italiens, quand les immigrés c’était nous » a débuté modestement, il y a cinq ans, à l’Isle-en-Dodon, avec une chorale amateur et quelques musiciens. Aujourd’hui, le Gruppo Incanto en est à plus de 50 représentations partout en France, dont les 20 dernières à guichets fermés.
« Le spectacle est né de la publication de l’ouvrage “Italiens 150 ans d’émigration en France et ailleurs” (Editalie éditions). Il raconte le plus grand exode de l’histoire moderne. Celui des 27 millions d’Italiens qui ont quitté la Péninsule pour les quatre coins du monde », relate Rocco Femia, directeur de la revue franco-italienne Radici, installée à Toulouse. C’est ce dernier qui a initié le projet. Dans le témoignage qui sert de fil rouge à la mise en scène, il évoque d’abord la situation en Italie au moment du départ, puis le voyage de l’espoir. Mais aussi l’enracinement dans les pays d’accueil et le racisme dont les Italiens ont été victimes. Sur scène, un écran projette des images et des vidéos qui viennent ponctuer le récit d’événements ayant marqué l’histoire de l’émigration.
La direction musicale, quant à elle, est assurée par Julien Ursule, violoniste toulousain qui a rejoint le projet en cours de route. « Les 15 chansons du spectacle sont toutes en lien avec des événements cités dans le texte », explique-t-il. Comme, par exemple, une ballade sur l’histoire de Sacco et Vanzetti, émigrés anarchistes injustement condamnés à mort et exécutés aux États-Unis dans les années 20. Du nord au sud, de la tarentelle aux airs de bel canto, c’est toute la musique traditionnelle italienne qui est passée en revue avec comme base instrumentale, la présence incontournable de la mandoline et de l’accordéon. Un répertoire jusqu’alors peu connu de l’instrumentiste : « C’était passionnant de me plonger dans cette culture. Les musiques traditionnelles sont loin d’être ringardes. Certaines sont assez recherchées musicalement, ce n’est pas pour rien qu’elles traversent le temps ».
Les 25 chanteurs qui composent la chorale ont beau être amateurs, rien de plus facile pour Julien Ursule que de travailler avec eux : « Certains ont eux-mêmes gravi les Alpes à pied. Leur chant est tellement viscéral qu’il n’y a rien à leur dire ». C’est certainement cette authenticité qui touche tous ceux qui ont vu le spectacle. Dans le public, beaucoup de personnes d’origine italienne évidemment, mais pas que. « À la base, je ne connais pas grand-chose à cette histoire. Mais l’émigration est un thème universel. J’en suis issu moi-même et suis toujours aussi ému à chaque représentation », témoigne Julien Ursule. À partir d’un point de vue humain et sans moralisation, le spectacle trouve, de surcroît, un écho particulièrement bienvenu dans l’actualité. Après une escale au Phare, le Gruppo Incanto poursuivra sa route. Une tournée est prévue dans les pays d’accueil de l’émigration italienne. Une autre, encore plus symbolique, est en pourparler en Italie. À suivre.
Infos pratiques : Le 9 février à 20h30 au Phare (Tournefeuille). 22,80 €
Radici, bien plus qu’une revue
Véritable centre névralgique de la communauté italienne à Toulouse, la revue Radici multiplie les projets, notamment les productions musicales. Le 3 mars prochain à l’Auditorium Saint-Pierre-des-Cuisines aura lieu un concert intitulé « Les inoubliables ». Les grandes bandes originales du cinéma italien seront revisitées par le Radici Orchestra.
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