Au 3 boulevards des Minimes, la tour Bonnefoy se prépare pour un nouveau chapitre. Des travaux de ravalement ont récemment débutés pour mettre fin à sa période de délabrement. Une bonne nouvelle pour ses occupants qui entendent bien écrire son histoire.
8h27, ça grouille sur le parvis de la tour Bonnefoy. C’est l’heure de l’école pour certains, du travail pour d’autres. « Salut Fabrice! » « J’ai un bonhomme qui est venu prendre les mesures hier, une heure trente il est resté. Il m’a dit que chaque appartement était bien différent… » Les discussions tournent autour des travaux en cours au 3 boulevards des Minimes, surtout quand on croise Annabelle Chaubet. Elle est à l’origine de l’association ‘Les amis de la tour Bonnefoy’ qui porte les travaux de l’immeuble. « Le point de départ, c’est le projet. Quand la perspective des travaux et le programme ont été consolidés et que nous avons compris que ça allait pouvoir se faire, l’association est née. Puis l’idée de garder une mémoire de la vie des habitants ici a émergé parce que tout le quartier va changer, on va être une vieille tour dans un coin tout neuf, il faut que l’on garde une trace. »
Si les travaux qui viennent de débuter réjouissent les habitants, c’est qu’ils ont été longtemps attendus. La tour Bonnefoy était placée sous administration judiciaire et d’autres priorités ont monopolisé le budget. La question du ravalement de la façade, abordée pour la première fois au courant de l’année 2000, n’a été concrétisée qu’en 2017. Un délai dû principalement à la somme des travaux depuis que le syndicat de copropriété s’occupe de l’immeuble.
Sur les 18 étages de la tour et les presque 400 personnes qui y logent, 80% des appartements sont occupés par leur propriétaire. « C’était une vraie organisation, presque un travail à plein temps. Il a fallu aller chercher des aides et des dispositifs de financement proposés par les pouvoirs publics. Si au début nous pensions que les travaux nous coûteraient 5 millions d’euros, ils en coûtent aujourd’hui 9,7 millions. Et certains propriétaires ont un reste à charge qui peut s’élever jusqu’à 20 000 euros », explique Annabelle Chaubet. Mais l’idée de rénover leur lieu de vie prend le pas sur les dépenses. « On l’aime notre tour, c’est un vrai petit bourg. Et ce que l’on traverse représente un moment de vie de la tour et collectif inédit pour nous. Nous avons le sentiment de faire renaître cet immeuble. » C’est un nouveau chapitre qui s’écrit pour la tour Bonnefoy.
Construite depuis 1960, ses habitants entendent bien la remettre au goût du jour tous ensemble. C’est une vraie communauté qui s’est formée autour de l’organisation de ces travaux et elle réfléchit déjà à un troisième chapitre. L’idée d’aménager des espaces de vie communs pour ne pas perdre ce lien social est déjà dans l’esprit de l’association.
« Ici, c’est une résidence d’artistes. » Dans un angle du parvis de la tour Bonnefoy, un débarras a été transformé par les habitants. « On a peint à plusieurs, quelqu’un a fait l’installation électrique … chacun a donné sa petite contribution. » Une architecte, une photographe et une plasticienne occupent ce local depuis le début des travaux. « La porte est toujours ouverte quand il fait beau, les gens vont et viennent comme ils le souhaitent. Les artistes les reçoivent en entretien et s’ils pensent ne rien avoir à dire au début, ils ne s’arrêtent plus de parler ensuite », illustre Annabelle Chaubet en riant. Le projet ‘mémoire d’une tour’ tourne autour de l’histoire du bâtiment, mais aussi, et surtout, de ceux qui la composent. « Il y a une de mes voisines de 90 ans, son métier, c’était de passer les communications au tout début des téléphones. Exactement comme on voit dans les films. Ça se raconte, on ne connaît plus tout ça aujourd’hui. »
Puis, vient la deuxième partie du travail des artistes, la mémoire du chantier. « La photographe, par exemple, va souvent prendre des photos des personnes qui font les travaux. En fait, les artistes font le lien entre les habitants et les différents corps de métier qui interviennent sur la tour. » Comme l’explique l’initiatrice de l’association, passer plusieurs mois de vie avec un échafaudage sous les fenêtres pourrait sembler contraignant, mais pour les habitants de la tour Bonnefoy, c’est le signe de la fin d’une période fastidieuse. « Si les travaux sont si bien reçus et qu’on veut même les mettre en avant pour en garder des souvenirs, c’est parce que nous nous sommes tous préparés, nous avons fait attention à comment nous les amenions dans notre quotidien. »
Aurélie Rodrigo
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