Le producteur de musique originaire de Toulouse Guilhem Gallart, alias Pone, poursuit sa carrière, malgré la maladie de Charcot, diagnostiquée en 2015. Il a récemment composé un mix pour la cérémonie de clôture des Jeux Paralympiques de Tokyo.
“Passionné”. C’est le mot qui décrirait le mieux Guilhem Gallart, plus connu sous son nom de scène, “Pone”. Ce Toulousain, membre fondateur de la Fonky Family (FF), est aujourd’hui atteint de la maladie de Charcot, diagnostiquée en 2015. Une pathologie neurodégénérative provoquant la paralysie progressive de son corps. A 48 ans, il est tétraplégique. Mais cela ne l’empêche pas de vivre sa passion pour la musique. Le 5 septembre dernier, il a composé un mix pour la cérémonie de clôture des Jeux Olympiques et Paralympiques, à l’occasion du passage de flambeaux entre Paris et Tokyo. « C’était génial », se souvient Pone, qui a voulu faire résonner un message dans le monde entier : « Tout est possible ».
« J’ai toujours été très sensible à la musique, mais c’est vers 17 ans qu’elle m’a mordu », explique Pone. Cet autodidacte est sorti du parcours scolaire en première, alors scolarisé au lycée Saint-Sernin de Toulouse. Deux ans plus tard, il quittait sa ville natale pour rejoindre Marseille. Il rencontre alors les rappeurs Don Choa, Rat Luciano, Fellaga, Sat l’Artificier, Menzo et le beatmaker DJ Djel (Diamond Cutter). En 1994, ils forment la Fonky Family. Un groupe qui marquera l’histoire du hip-hop français dans les années 2000.
« C’est une histoire d’amitié et de passion. Il faudrait des centaines de pages pour la raconter », explique le producteur. Leurs trois albums : “Si Dieu veut” (1998), “Art de Rue” (2001) et “Marginale musique” (2006) sont certifiés disques d’or. Malgré la séparation du groupe en 2007, tous les membres se sont réunis huit ans plus tard, après avoir appris la pathologie de Pone. Un concert en soutien, au profit de la lutte contre la maladie de Charcot a été organisé. Il a affiché complet.
Suite à l’annonce de sa sclérose latérale amyotrophique (SLA), Pone a marqué une pause dans sa carrière. « Je ne pensais pas aux futilités à ce moment-là… », explique-t-il. Mais en 2019, il retrouve le goût de la production, malgré sa paralysie. « Je me suis aperçu que je pouvais continuer grâce à la poursuite oculaire », développe le Toulousain : « C’est une barrette infrarouge placée sous l’écran de mon ordinateur. Elle suit le mouvement des yeux et le transmet à un logiciel qui fait office de souris ». La méthode est similaire à celle utilisée par le physicien Stephen Hawking, atteint lui aussi de la maladie de Charcot.
En continuant de produire, Guilhem Gallart dit avoir « trouvé la paix, après plusieurs années de tempête ». Il compose alors l’album “Kate & Me”, entièrement basé sur des extraits de celle qui l’a toujours inspiré : Kate Bush. Ce sont d’ailleurs ses titres qu’il a repris pour le mix de clôture des Jeux Olympiques et Paralympiques.
En juin dernier, Pone a produit l’EP (extended play) “Listen And Donate”, composé de quatre titres dont les ventes permettent de récolter des fonds en faveur de son association Trakadom. Celle-ci, créée en collaboration avec deux médecins et le service de réanimation du CHU de Nîmes, a pour objectif de pallier « le manque de formation des personnels soignants et aidants autour des patients chroniques lourds à domicile », explique le producteur : « Nous avons déjà reçu deux dons très généreux de Kate Bush et du comité Olympique Paris 2024 », poursuit le producteur : « Ils devraient nous permettre de lancer les premières actions d’ici quelques mois ».
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