POT AUX ROSES. Depuis quelques mois, des trous d’une forme inhabituelle sont creusés sur le macadam toulousain. Cette semaine, le JT se penche (avec précaution) sur la question et plonge au fond du mystère.
®franckalix/JT«Si ça se trouve, c’est juste des trous pour installer des parcmètres et ton sujet va tomber à l’eau», lâche une collègue avec malice. Qu’à cela ne tienne, il en faut plus pour décourager une rédaction en quête de vérité. Munis d’une loupe et d’une carte Tisséo, nous partons donc pour mener l’enquête. Bernard de La Villardière n’a qu’à bien se tenir.
Arrivée quartier Saint-Cyprien, sur le trottoir de la rue des Fontaines, voilà deux spécimens de ces fameux trous. Ils mesurent 15×15 cm minimum et 40×40 cm maximum : sans doute trop petits pour y installer un horodateur. Ils n’ont pas l’air très profonds : pas de travaux sur les canalisations en perspective. Mystère.
Alors que le photographe du journal s’apprête à officier, Jeanne Robin apparaît dans la rue pour ouvrir son local commercial. Cette quinquagénaire fait partie de la centaine de Toulousains qui détient la réponse à la question de la semaine. « Ce sont des fosses de plantations », explique-t-elle.
Depuis juin 2016, la mairie a lancé l’opération “Des fleurs sur mon mur” : les habitants de la ville, qu’ils soient propriétaires ou locataires, peuvent dorénavant demander à végétaliser leur façade, côté rue, avec des plantes. «La ville est magnifique mais elle est minérale. Avec cette initiative, nous voulons embellir les rues et enrichir la biodiversité», explique, Marie-Pierre Chaumette, adjointe à la Mairie de Toulouse en charge des espaces verts.
Jeanne Robin, qui tient depuis dix ans un atelier d’expression artistique dans le quartier, confie ne «pas avoir eu l’ombre d’une hésitation » en découvrant l’offre de la ville. «Je voulais que ça sente bon dans la rue, que ça soit joli, pas seulement pour moi mais aussi pour les gens qui passent», raconte-telle.
«Nous avons ensuite effectué une étude de faisabilité», explique Marie-Pierre Chaumette, «en vérifiant par exemple que le trottoir n’était pas trop étroit ou qu’il n’y avait pas de réseaux d’électricité ou de gaz en sous-sol.» Une fois le dossier de Jeanne Robin accepté, les services de la voirie sont venus devant son lieu de travail pour y creuser les trous. «Au départ, j’ai été déçue car j’avais compris que l’installation se faisait sous forme de bacs et puis finalement ils ont décidé de faire des petits emplacements à même le goudron», confie la Toulousaine.
Avant de mettre les mains dans la terre, elle a dû choisir parmi la liste de 510 variétés de fleurs proposées par la ville, des plantes sélectionnées car elles sont adaptées aux conditions météorologiques de la région, ne sont pas urticantes, toxiques ou encore envahissantes. «J’ai planté du jasmin d’hiver. Dès la première semaine, des gens nous l’ont arraché sans aucune raison, mais je suis en train de faire grandir d’autres boutures chez moi pour le remplacer. » Pour admirer le fruit de son travail, rendez-vous dans quelques mois rue des Fontaines : « J’aimerais qu’il finisse par former une arche au-dessus de la porte », se réjouit la Toulousaine.
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