Le Conseil citoyen de Toulouse Métropole lance un appel aux candidats aux élections sénatoriales de ce dimanche 27 septembre en Haute-Garonne. L’objectif est de mieux connaître leur rôle et leur mode de désignation, qui restent méconnus du grand public.
Les élections sénatoriales auront lieu le 27 septembre en Haute-Garonne ©Jacques PaquierÉmanation du mouvement des Gilets Jaunes, le Conseil citoyen de Toulouse Métropole adresse une lettre ouverte aux candidats aux sénatoriales de ce dimanche 27 septembre, en Haute-Garonne, afin qu’ils se fassent connaître du plus grand nombre. Le collectif demande à chaque liste, entre autres, de diffuser une capsule vidéo de présentation de ses candidats, de son programme et de sa vision du Sénat. « Cette élection est largement méconnue des Français, ainsi que le rôle, le fonctionnement et le coût de cette assemblée qui est financée avec nos impôts de simples “petits électeurs” », ironise le collectif. Les sénateurs n’étant pas élus directement par l’ensemble des citoyens, mais par un collège de ‘’grands électeurs’’, des élus locaux eux-mêmes désignés au suffrage universel direct. « Ils font leur campagne dans le dos des citoyens, on ne se sent pas concernés par leurs actions », ajoute Jean-Pierre, membre du Conseil, qui en appelle à davantage de démocratie.
Si les sénateurs sont élus au suffrage universel indirect, c’est notamment pour « assurer la continuité de l’État », ce mode de scrutin rendant la chambre haute insensible aux alternances politiques. « Les faire élire par l’ensemble des citoyens reviendrait simplement à avoir une deuxième Assemblée nationale dans le pays », fait remarquer par ailleurs le professeur de droit constitutionnel toulousain Stéphane Beaumont. Celui-ci souligne l’importance du rôle de contre-pouvoir du Sénat : « L’existence d’une deuxième chambre diversifie les points de vue, permet une vraie réflexion sur le vote de la loi sans décisions hâtives. Surtout, elle assure une représentation des territoires, tandis que l’assemblée unique n’assure que celle de la population. »
Mais le constitutionnaliste estime que cette représentation des territoires est perfectible. Le collège des grands électeurs ne reflète pas, selon lui, la diversité des appartenances politiques. « 95 % d’entre eux sont des élus de petites communes, qui sont donc largement surreprésentées. Ainsi, le groupe majoritaire au Sénat est systématiquement de droite, depuis le début de la Ve République. Cela lui donne une coloration conservatrice, indifférente à l’air du temps et à l’évolution de l’opinion. » Il propose par exemple de régionaliser ce scrutin, « ce qui semble mieux correspondre à notre époque. Mais la chose est peu probable, puisqu’elle nécessiterait l’accord du Sénat lui-même ».
Souvent jugée archaïque, la vieille chambre a déjà fait l’objet de nombreuses réformes et certains partis veulent aujourd’hui tout bonnement la supprimer, l’estimant inutile et peu démocratique. Le Conseil citoyen de la Métropole ne tranche pas et poursuit sa réflexion sur le sujet. Trois candidats aux élections sénatoriales de ce dimanche en Haute-Garonne ont déjà répondu à son appel : Julien Léonardelli (RN) proposant un débat contradictoire, Pierre Médevielle (UDI) se présentant en vidéo et Myriam Martin (LFI) participant à une visioconférence. « Nous leur avons à tous demandé ce qu’ils comptaient faire pour redonner du pouvoir au citoyen. Car nous pensons qu’il y a encore beaucoup de chemin à faire… », conclut Jean-Pierre.
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