Le bonheur en essai clinique
SOIN. Depuis 2008, la clinique Pasteur mène des actions en faveur du bien être au travail. De la direction au poste le plus bas de la hiérarchie, chacun des 800 salariés peut participer à la perpétuelle amélioration de ses conditions de travail ou profiter des activités mises en place.
Un biologiste pieds nus, une cadre en tenue de combat et une responsable de la communication en jogging. Entre cours de gym, de remise en forme et leçons d’art martiaux, la scène n’est pas rare dans cette salle de sport de la clinique Pasteur.
Aujourd’hui, le temps d’une pause-déjeuner, les salariés laissent au vestiaire blouses blanches et autres uniformes de travail et apprennent l’art du self-défense. «C’est une super pause», commente Marcy essoufflée, «on évacue complètement et après on est beaucoup plus zen pour repartir travailler.» Le cours est mené par Benoit. Ce médecin dans l’établissement devient, pendant une heure, professeur de self-défense: «On est là avant tout pour s’amuser entre copains», dit-il en souriant.
Par groupe de deux, les participants reproduisent les prises montrées un peu plus tôt. «Je ne te fais pas mal ?» s’inquiète l’une d’entre elles alors qu’elle agrippe sa collègue. Et toutes les deux continuent en riant de bon cœur. Pas question de travail ou de hiérarchie ici. L’ambiance est bon enfant et les aides-soignants tutoient volontiers les médecins. «C’est un bon moyen pour rencontrer ses collègues», assure Bernard, biologiste.
Il faut dire que la structure est grande, difficile donc d’apprendre à connaître tout le monde et parfois même d’aller au-delà des têtes connues de son service. Pour créer du lien social mais aussi pour se détendre, certains salariés de la clinique adhèrent à d’autres programmes, comme celui du club de jardinage où ils ont la possibilité de mettre les mains dans la terre du potager bio situé sur un des toits de l’établissement. Un psychiatre a également mis en place un concours de photographie et transformé les murs de l’établissement en galerie.
“Les gens se sentent écoutés et donc valorisés.”
Une amélioration du contexte de travail qui ne serait bien sûr pas possible sans l’aval de l’administration. «C’est dans la philosophie de la direction», explique Olivier Collet.
Mais pour le responsable du volet développement durable et RSE, cela passe aussi par l’écoute des employés. «Je suis la plupart du temps dans mon bureau, j’ai donc besoin de savoir ce qu’il se passe sur le terrain», confie-t-il. «C’est une erreur fondamentale de croire que l’on peut mettre en place des actions pour le bien-être des employés en leur faisant un exposé sur la RSE, on essaye de faire l’inverse, de partir du concret.»
Plusieurs fois par mois, toutes les équipes de la clinique sont donc invitées à participer à “La Fabrique”. Cela fonctionne un peu comme une boite à idées : autour d’un repas, chacun peut proposer des initiatives pour améliorer les conditions de travail. «C’est génial parce que ça remotive tout le monde, les gens se sentent écoutés et donc valoriser», se réjouit Olivier Collet, «tout ça fait forcément avancer la structure.»
Dans les prochains mois, l’entreprise va ainsi mettre en place un réseau social interne, une idée d’une préparatrice en pharmacie. «Ce qui est intéressant, c’est de se rendre compte que les gens de terrain ont envie de faire plein de choses, c’est l’encadrement qui est parfois plus frileux. L’enjeu, c’est de réussir à créer une véritable envie commune», explique-t-il. Comme en écho, à la fin du cours de jujitsu, avant de reprendre leur travail, les salariés se mettent face à leur instructeur, s’inclinent et saluent en cœur : «Amitié et prospérité mutuelle.» La RSE version concrète.
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