COHÉRENCE – Se sentir bien au travail dépend de nombreux facteurs. Alors que la loi se porte garante de la santé et la sécurité, les entreprises se tournent de plus en plus vers les outils de la responsabilité sociétale des entreprises (RSE) pour favoriser l’épanouissement des salariés. Jacques Igalens, professeur des universités à l’Institut d’administration des entreprises de Toulouse, explique comment repérer les démarches authentiques.
«Le bien-être au travail est un enjeu majeur de la gestion des ressources humaines aujourd’hui», lance Jacques Igalens. Selon le chercheur, être attentif au bonheur de ses salariés n’est pas qu’une question de respect du droit du travail, c’est aussi une affaire de réputation. La jeune génération est en effet « de plus en plus sensible à ce qu’on appelle “la marque employeur”, c’est-à-dire la politique d’une entreprise en termes de responsabilité sociale. Les étudiants sont même prêts à faire des sacrifices de rémunération pour cela », explique-t-il. Des études montrent également qu’un salarié dont la société respecte le droit international du travail, ou s’est par exemple engagé à ne pas collaborer avec des sous-traitants qui emploient des enfants, va développer « une fierté d’appartenance ». L’entreprise y gagne car elle attire alors les meilleurs profils. «Évidemment, il faut aussi que cela s’applique dans la gestion des ressources humaines en interne, sous peine de trahir un contrat psychologique», tempère Jacques Igalens. Et dans le domaine de la RSE et du bien-être au travail, tout ne se vaut pas selon le chercheur. «Il ne suffit pas que des salariés jouent au rugby pour créer un esprit d’équipe, ni de mettre en place une salle de méditation pour qu’ils ne soient plus stressés. Il convient de faire en sorte que l’emploi soit moins anxiogène et que les responsables des ressources humaines pensent sur le long terme.»
Dans ce contexte, comment distinguer ce qui relève d’une démarche sincère de RSE du simple marketing ? Pour Jacques Igalens, un certain nombre d’outils existent. Parmi eux, la législation demande désormais aux entreprises de rendre compte de leurs pratiques. C’est le cas de la loi Grenelle 2 de l’environnement, en vigueur depuis 2012, qui impose à toute structure de plus de 500 salariés de produire un rapport sur sa responsabilité sociale et de le rendre public. Elle y dévoile ses informations sociales (organisation du travail, santé et sécurité, formation, égalité de traitement…), sa politique générale en matière d’impact environnemental et enfin les données relatives à ses engagements sociétaux. Toute information délivrée ou non doit être accompagnée d’un justificatif. «Leur fiabilité est contrôlée par un organisme tiers indépendant qui peut mettre en évidence des données incohérentes. Cela pousse les entreprises à prendre conscience de leurs pratiques, à être plus transparentes et à s’améliorer.» Selon Jacques Igalens, les sociétés ont intérêt à ne pas ignorer cette démarche car les actionnaires, les syndicats et leurs clients peuvent s’en saisir pour faire pression. Le professeur des universités estime qu’à terme, la loi pourrait aussi demander aux sociétés de moindre taille comme les PME et TPE de rendre des comptes sur leur démarche RSE. Signe, selon lui, « qu’elle n’est pas qu’un effet de mode et répond à de vrais enjeux de société ».
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