Le département des Hautes-Pyrénées recense le plus d’épisodes de pollution de l’air en Occitanie. Un phénomène lié à plusieurs facteurs et qui n’est pas nouveau.
Les Hautes-Pyrénées sont le département qui compte le plus d’épisodes de pollution de l’air en Occitanie. De 2016 à 2022, il en enregistre ainsi 78, contre 66 pour la Haute-Garonne qui arrive à la seconde place. Pour rappel, on parle d’épisodes de pollution lorsque les concentrations de polluants dans l’air ne respectent pas, ou risquent de ne pas respecter, les niveaux réglementaires, c’est-à-dire les seuils d’information et de recommandation et d’alerte, définis dans le Code de l’environnement.
Et ce, pour trois polluants atmosphériques en Occitanie : les particules en suspension de taille inférieure à 10 micromètres (PM10), l’ozone (O3) et le dioxyde d’azote (NO2). Dans les Hautes-Pyrénées, ce sont les PM10, dont les seuils d’information et de recommandation s’établissent à 50 µg/m3, qui sont principalement en cause. Ainsi, en 2022, le département a connu 17 journées en pic de pollution de l’air aux particules en suspension.
« Ces épisodes sont liés à des polluants émis par les dispositifs de chauffage au bois et ponctuellement à des écobuages (pratique agricole consistant à brûler mottes et racines pour fertiliser les terres, NDLR), qui peuvent avoir lieu dans les Pyrénées, couplés à des conditions climatiques non favorables à la dispersion de cette pollution. Ils surviennent l’hiver, lorsque les gens se chauffent davantage et que le temps est froid et sec », indique Dominique Tilak, directrice générale d’Atmo Occitanie, l’observatoire régional de la qualité de l’air.
Mais alors, comment expliquer que le département soit davantage touché par ces épisodes de pollution aux particules en suspension PM10 ? « Dans les Hautes-Pyrénées se trouvent des vallées encaissées avec une population plutôt dense. L’hiver, les émissions de ce polluant y sont donc importantes et s’accumulent à cause des conditions peu dispersives et des couches d’inversion thermique très basse », détaille Dominique Tilak. Ces couches d’air, si elles se forment près du sol, emprisonnent en effet les polluants qui ne pourront alors se disperser.
Un phénomène qui n’est pas nouveau. « Il y a toujours eu une problématique de concentrations de particules PM10 sur les Hautes-Pyrénées », relève Dominique Tilak. Toutefois, certaines années, le département échappe à ces pics de pollution. Ainsi, en 2018, il n’en a connu aucun. « Les épisodes de pollution dépendent des conditions climatiques. Plus l’hiver est froid et rigoureux, plus nous enregistrons des pics de pollution aux particules », précise la directrice générale.
Mais entre 2016 et 2022, le nombre de pics de pollution reste assez stable dans les Hautes-Pyrénées, souvent au coude-à-coude avec la Haute-Garonne. « Ces deux départements sont ceux qui recensent le plus d’épisodes de pollution par an. En fonction des années, on les observe en Haute-Garonne ou dans les Hautes-Pyrénées. Mais de façon globale, ce sont les vallées des Hautes-Pyrénées qui sont les plus impactées », note Dominique Tilak.
Des épisodes de pollution qui ont « un impact direct sur la santé », rappelle la directrice générale. Ceux-ci peuvent effectivement causer des irritations des yeux, du nez et de la gorge, de la toux, des maux de tête, un essoufflement ou encore des palpitations. Toutefois, Atmo Occitanie précise que la pollution chronique est plus dangereuse pour la santé que ces épisodes de pollution qui pourraient être évités.
[#JNQA2023] 🌍Air & Santé
— Atmo France (@ATMOFRANCE) October 13, 2023
Provoquant 40 000 décès/an ⚰ selon @SantePubliqueFr , la #pollution de l'air est une des 3 causes de #mortalités évitables. Immédiat ou à long terme, @Atmo_oc explique l'impact sur notre #santé.🧘 pic.twitter.com/kMWgchsrsY
« Moins on consomme d’énergie provenant de combustion, moins on émet de pollution », souligne Dominique Tilak. La directrice générale d’Atmo Occitanie estime ainsi que « les dispositifs de chauffage au bois, encore très utilisés dans ce département à dominance rurale, ne sont pas les plus optimaux en termes d’émissions de polluants atmosphériques ». Mais au-delà d’un simple changement de mode de chauffage, qui réduirait déjà les émanations, « le mieux serait d’isoler les habitations pour consommer et polluer moins », appuie-t-elle.
Commentaires