Nouvelle étape pour le projet controversé de mosquée à Cugnaux

L’association Ajyal vient de déposer une demande de permis de construire pour transformer une maison qu’elle a achetée à Cugnaux en une petite mosquée. Un projet auquel s’opposent certains riverains qui ont lancé une pétition en ligne.

Le projet de mosquée à Cugnaux vient d’entrer dans une nouvelle étape. Une demande de permis de construire a en effet été déposée par l’association Ajyal la semaine dernière. Celle-ci s’est portée acquéreuse d’une maison de 100 m² avec une dépendance de 30 m², installée sur un terrain de 1 500 m² au 2 bis chemin de Maurens, pour y établir sa nouvelle salle de prière. L’actuelle, de 40 m² et située rue du Vivier à 300 mètres, étant devenue trop petite. « Nous cherchons depuis de nombreuses années un lieu pour y installer notre siège social et y pratiquer nos activités. L’espace culturel et cultuel que nous souhaitons ouvrir se veut être un lieu d’échange, de dialogue et de partage accessible à tous les Cugnalais, comme le prévoient nos statuts », indique le président l’association dans un courrier aux riverains.

Dans le détail, Ajyal prévoit de transformer la maison en salle de prière et sa dépendance en salle d’ablutions. « Il n’est prévu aucun agrandissement ni aucune surélévation, nous nous contentons d’aménager l’existant », souligne son représentant. 20 places de stationnement, dont une pour les personnes en situation de handicap, seront par ailleurs créées sur le terrain. En effet, cette transformation de la maison d’habitation en établissement recevant du public « devra répondre à des règles strictes de sécurité et de stationnement », précise le président de l’association qui a choisi cet emplacement, à proximité du quartier du Vivier, pour une raison bien précise. « Nos adhérents sont pour 80% des Cugnalais dont les deux tiers habitent sur ce quartier et le chemin de Maurens », relève-t-il.

Une pétition contre ce projet de mosquée à Cugnaux

La Mairie de Cugnaux va maintenant étudier la demande de permis de construire. « Comme il s’agit d’un établissement recevant du public, le délai d’instruction est de cinq mois à compter du dépôt du dossier », informe Frédéric Goudal, adjoint au maire de Cugnaux en charge de l’urbanisme. L’association Ajyal va donc devoir faire preuve de patience. S’il ne se prononce pas sur le projet en lui-même, l’élu note que « rien ne s’oppose à ce changement » d’une maison d’habitation en établissement public. Rien, excepté certains riverains de ce projet de centre culturel et cultuel, nommé El Firdaous. Rassemblés dans le collectif “Maurens Rachéty”, ils ont lancé une pétition sur Change.org pour dire « non à une mosquée chemin de Maurens ». Celle-ci, à l’heure où sont écrites ces lignes, comptabilise un peu plus de 400 signatures.

Le collectif “Maurens Rachéty” spécifie que « l’objectif de l’association n’est pas en cause », mais que « ce grand projet n’a pas lieu d’être dans un quartier pavillonnaire ». Dans sa pétition, il mentionne en effet un programme d’une tout autre ampleur : l’achat par l’association d’un bâtiment de 500 m² sur un terrain de 1 600 m² pour y créer une mosquée « à la hauteur des besoins de sa communauté », comprenant des salles de classe, une bibliothèque, une salle de réunion et des places de stationnement. « Un projet vieux de cinq ans qui portait sur une tout autre surface et un autre emplacement », révèle Ajyal dans le procès-verbal d’une réunion de concertation avec des riverains qui s’est tenue fin octobre. Il a depuis été abandonné. « Une fois cette confusion écartée, le dialogue a été constructif, cordial et enrichissant », assure l’association.

Les inquiétudes du collectif opposé au projet

Outre les dimensions du projet, le collectif de riverains s’inquiète de problèmes de stationnement. « L’impasse est déjà saturée par les voitures des résidents stationnées dans la rue », déplore-t-il. Pour rassurer ces riverains, l’association signale « qu’une grande majorité de ses fidèles se déplacent à pied, d’autres en vélo et en trottinette ». « De plus, nos adhérents véhiculés se garent actuellement sur le quartier du Vivier qui dispose d’un grand nombre de places libres. En responsabilité, nous leur demanderons de poursuivre ainsi », annonce Ajyal qui possède par ailleurs « un service de “sécurité” lui garantissant qu’aucun de ses adhérents ne stationnera son véhicule sur le chemin de Maurens ». Frédéric Goudal assure, de son côté, que la Mairie de Cugnaux « sera vigilante quant aux problèmes de véhicules mal stationnés ».

Les habitants qui ont créé le collectif craignent par ailleurs des nuisances, notamment sonores, et des « troubles de la tranquillité ». « Nous disposons d’un service de bénévoles en charge de la tranquillité et du bon voisinage. Ce dispositif a fait ses preuves depuis 2014 et l’ouverture de notre salle de prière rue du Vivier », garantit l’association. L’adjoint au maire, promet lui que la municipalité veillera à « ce qu’il n’y ait pas de troubles à l’ordre public, tout comme ailleurs ». Enfin, les riverains estiment, dans leur pétition, que l’installation de cette mosquée conduirait à une « dévaluation de 30 à 40% de leurs biens immobiliers ». « On nous présente toujours ce même argument à chaque fois qu’un collectif ou une association s’installe à proximité d’habitations », déplore Frédéric Goudal qui réfute cette affirmation.

La Mairie de Cugnaux appelle à l’apaisement

Déterminé à ne pas voir cette mosquée s’implanter dans son quartier, le collectif demande à la Mairie « d’accompagner l’association Ajyal dans la recherche d’un bien adapté à leur projet ». Ce que ne fera pas la municipalité. « Depuis la loi du 9 décembre 1905 de séparation des Églises et de l’État, nous n’avons pas à interférer dans les affaires des différents cultes. Nous ne chercherons donc pas d’autres terrains », déclare l’élu qui « espère que la raison va l’emporter et que le climat va s’apaiser ». « Cette fronde repose beaucoup sur la méconnaissance de l’autre. Nous appelons donc les deux parties à se concerter », souhaite Frédéric Goudal. L’association a justement rencontré certains riverains, organisé une réunion de concertation et aussi envoyé un courrier aux habitants pour leur présenter le projet fin septembre.

Le collectif, dans sa pétition publiée le dimanche 15 octobre, déplorait « qu’aucune concertation n’a été réalisée auprès des riverains, pas de réunion ». « C’est nous qui avons été obligés de nous présenter au conseil municipal fin septembre afin d’obtenir des explications sur ce manquement à notre maire », dénonce-t-il. L’adjoint assure que « les riverains ont été informés du projet dès que l’association s’est positionnée sur cette maison ». Il précise également que la municipalité a rencontré le collectif « plusieurs fois » depuis. « Nous sommes là pour les écouter et répondre à leurs angoisses », affirme-t-il avant de souligner que « l’important est le vivre ensemble ». L’association Ajyal le rejoint et appuie : « Notre projet s’inscrit pleinement dans un monde qui aspire à la fraternité, à la paix, au vivre ensemble et au respect de tout un chacun ».