Deux laboratoires toulousains se sont associés pour lancer PlastiGar, une étude inédite de suivi de la pollution plastique dans la Garonne. Pendant trois ans, 14 sites feront régulièrement l’objet de prélèvements pour mesurer la teneur en microplastiques du fleuve.
Prélèvement de microplastiques sur la Garonne © Franck AlixAvec les premières images du continent de plastique flottant au large de l’Océan Pacifique, le grand public a pris brutalement conscience de l’ampleur de cette pollution dans les milieux aquatiques. Mais derrière ce phénomène spectaculaire, se cache celui, moins visible, de la contamination des eaux continentales (les lacs et les fleuves) par les microplastiques. C’est pour pallier au manque d’études sur le sujet que les laboratoires Interaction moléculaires et réactivité chimique et photochimique (IMRCP) et Évolution et diversité biologique (EDB), ont lancé conjointement le projet de recherche PlastiGar avec pour mission de mesurer, pendant trois ans, les concentrations en microplastique dans la Garonne et ses affluents.
« Depuis l’industrialisation, l’humanité a déjà produit plus de 8 milliards de tonnes de plastique, dont seulement 20% sont incinérées ou recyclées », alerte Alexandra ter Halle, chercheuse à l’IMRCP et chargée de recherche au CNRS. Les 80% restant croupissent dans des décharges ou dérivent sur les eaux du globe. Si les océanographes se sont inquiétés du phénomène dès la fin des années 1980, il aura fallu attendre 2013 pour que les premières études, encore trop rares, se penchent sur les cours d’eau. Pourtant, 1 à 2 millions de tonnes de plastiques transiteraient par les rivières avant de terminer dans les océans. « L’originalité de ce projet réside dans l’alliance entre laboratoires et dans sa dimension écologique. Par ailleurs, nous nous intéressons aux microplastiques, alors que la plupart des études n’ont travaillé, jusqu’à présent, que sur les macroplastiques », souligne la scientifique.
“Cette étude permettra d’identifier les pratiques humaines qui sont la cause de cette pollution.”
Financé par la Région Occitanie et l’Agence de l’eau Adour-Garonne, établissement en charge de la politique publique de l’eau, PlastiGar durera trois ans et s’étendra sur 14 points de test, répartis sur 200 kilomètres entre les Hautes-Pyrénées et les rives agenaises. Tous les trois mois, les chercheurs se rendront sur les sites choisis pour effectuer des prélèvements à l’aide de filets spécialement conçus pour recueillir des particules de plastique pouvant mesurer 25 microns.
« Dans un premier temps, nous allons réaliser un suivi par zone géographique et quantifier les variations de concentration de plastique dans la Garonne et ses affluents. Ensuite, nous tenterons de déterminer l’impact des rejets de l’agglomération toulousaine puis nous vérifierons l’éventualité d’un transfert dans l’écosystème alimentaire. Si tout se passe bien, nous pourrons communiquer les premiers résultats fin 2019 », détaille Julien Cucherousset, son collègue du laboratoire EDB.
Pour cela, les scientifiques prévoient de comparer la croissance des algues sur des fonds naturels et sur du plastique, mais aussi de mesurer la concentration de plastique dans les organismes macro-invertébrés (escargots, écrevisses ou poissons). « Cette étude permettra également d’identifier les pratiques humaines qui sont la cause de cette pollution », conclut le chercheur qui espère que ces données inciteront les collectivités et les citoyens à adopter des habitudes plus écologiques et durables.
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