Lors de leur conférence de presse hebdomadaire, les responsables du CHU de Toulouse ont dressé le bilan de leurs interventions et présenté leur dispositif pour faire face à la grande vague à venir de l’épidémie de coronavirus.
En ce vendredi 27 mars, le CHU de Toulouse compte 125 malades atteints du coronavirus, dont 40 en réanimation et 20 en soins intensifs. Le plus jeune a 22 ans, leur moyenne d’âge va de 55 à 65 ans et leurs pronostics vitaux sont bons. C’est la progression du nombre de cas qui inquiète les professionnels de santé. « Il a été multiplié par 5 en une semaine et va encore beaucoup augmenter dans les 15 prochains jours », prévient le professeur Pierre Delobel, chef de service des maladies infectieuses et tropicales. Il décrit le fameux pic épidémique qui débute et le risque de saturation qu’il fait peser sur notre système de soin.
L’établissement toulousain a fourbi ses armes : il est en mesure de recevoir 450 patients atteints par le coronavirus, dont 195 en service de réanimation, qui a vu ses capacités plus que doubler depuis la semaine dernière. Le nombre d’appareils de respiration artificielle a lui été triplé, à plus de 300. Et la mobilisation se poursuit à l’extérieur du CHU, qui pilote, aux côtés de l’Agence régionale de santé (ARS) la régulation en Midi-Pyrénées et dans l’Aude — le reste du territoire occitan dépendant du CHU de Montpellier. Il s’agit de répartir les malades en fonction de la gravité de leurs symptômes et de telle sorte qu’aucun établissement ne soit sous tension, c’est à dire au-delà de 90 % de ses capacités. Les hôpitaux de Purpan et Rangueil accueillant prioritairement les cas critiques. « Cette organisation permet de garantir, en tout point, que les patients seront pris en charge, au plus près de leur lieu de vie », indique la docteure Béatrice Riu, cheffe du service de réanimation.
Et la mobilisation se poursuit à l’extérieur du CHU qui pilote, aux côtés de l’Agence régionale de santé (ARS), la régulation (du secteur) en Midi-Pyrénées et dans l’Aude. Le reste du territoire occitan dépendant du CHU de Montpellier.
En termes d’équipements, il n’y a pas de pénurie à signaler : des commandes de masques sont régulièrement effectuées par le ministère de tutelle. « Nous avons les stocks pour protéger tous nos agents », confirme Marc Penaud, le directeur général du CHU de Toulouse. Les chasubles, calots et gants sont en quantité suffisante. Et, pour ses équipes comme pour celles des autres établissements de la région, l’hôpital produit 2500 litres de solution hydroalcoolique par jour. À ce jour, 52 membres de son personnel non médical (sur 11 000) et 3 de son personnel médical (sur 3900) ont été dépistés positivement au coronavirus. Malgré cela, quelques-uns d’entre eux continuent d’exercer, sans avoir de contact avec les patients. « Ils présentent de faibles symptômes et sont complètement protégés, pour ne pas diffuser le virus », assure le responsable.
Celui-ci constate « une solidarité incroyable et un élan général », en citant les 500 volontaires qui se sont manifestés pour prêter main-forte à l’hôpital pendant cette crise ; la compagnie de taxi qui prête sa flotte pour le transport des professionnels et des patients ; ou ces fournisseurs qui mettent des tablettes interactives à la disposition des malades. « Les personnels sont fiers et contents de venir travailler, au point que ceux qui sont en confinement les jalousent », fait remarquer Béatrice Riu. Car le CHU a des réserves de main d’œuvre : des médecins, des spécialistes, des infirmiers qui prendront la relève, lorsque les premières forces seront épuisées et que la demande de soin explosera. « Toutes les compétences seront requises dans les deux prochaines semaines », martèle pour conclure Marc Penaud.
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