La recrudescence des baraquements clandestins et autres installations de fortune sur les bords du Canal latéral à la Garonne a poussé la mairie de Toulouse à s’engager dans un plan de relogement et d’accompagnement social de ses occupants. Avec l’aide d’une association, 10 des 36 personnes recensées ont déjà pu être relogées.
® Franck AlixDe part et d’autre du Canal latéral à la Garonne, entre les pistes cyclables, les hangars et le ruban bitumé de la rocade, de petits campements de fortune grignotent les terrains vagues et s’entassent sous les quelques espaces ombragés. Au total, ils étaient 36 à vivre là, certains depuis plus de 20 ans, côtoyant les joggeurs, cyclistes et autres plaisanciers le long des berges. Dans des caravanes pour les plus chanceux, des camions à l’état d’épave, des cabanes bâties en palettes ou de simples tentes dressées dans des fossés. Mais depuis fin 2017, la mairie de Toulouse a mandaté l’Union Cépière Robert Monnier (UCRM), une association d’accompagnement social et d’aide au relogement, pour trouver une solution pérenne et convaincante avec les principaux intéressés. « Notre objectif est de voir avec chacun d’eux comment il s’imagine hors de cet habitat précaire afin d’établir un projet personnalisé qui ait le plus de chances de réussir. La première difficulté était de gagner leur confiance et de leur faire comprendre que nous n’étions pas dans une logique d’expulsion mais de relogement », détaille Hélène Mayer, directrice du pôle logement et hébergement de l’UCRM.
Les cheveux longs et grisonnants, Mars, c’est son surnom, bouquine devant sa minuscule caravane. Cela fait plus de deux ans qu’il vit avec son chien dans ce qu’il appelle sa « Guyane » : un coin d’ombre entre le canal et une bretelle d’autoroute. « Dans l’idée, c’est bien de la part de la mairie d’y aller délicatement et avec diplomatie. L’UCRM nous a rapidement rassuré mais j’attends de voir ce qu’ils nous proposent. Je ne veux pas aller en foyer, j’ai passé l’âge ! Je veux juste un petit appartement et, si possible, rester dans mon quartier », tempère cet ancien menuisier qui regrette un manque de concertation entre l’association, la mairie de Toulouse et les forces de l’ordre.
En effet, la « cavalerie », comme il l’appelle, vient régulièrement les sommer de quitter les lieux malgré les démarches engagées. Même s’il est attaché à sa « Guyane », il espère que ce projet de relogement s’accompagne réellement d’un suivi qui lui permette de rebondir. « On ne peut pas rester là éternellement. Ici, on s’encroûte… au sens propre », dit-il en désignant du regard ses mains burinées.
Après neuf mois de travail sur le terrain, une quinzaine de personnes en situation de grande précarité, en priorité les deux femmes qui vivaient ici et tous les jeunes de moins de 25 ans, ont déjà pu intégrer des logements adaptés. Le 26 juillet dernier, les premiers baraquements ont été démolis et évacués avec l’accord de leurs précédents occupants. « Ça s’est bien passé. Ils ont compris qu’il y avait de l’émotion car, dans les cabanes démantelées, il y avait celle du plus ancien d’entre-nous… le précurseur », témoigne Mars. Ceux qui sont encore sur place sont accompagnés dans leurs démarches administratives pour accéder à leurs droits sociaux et retrouver, peu à peu, leur autonomie. Ce n’est qu’au départ du dernier occupant que ces abris, faits de bric et de broc, disparaîtront définitivement du bord du canal.
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