GPS. Cela se passe au-dessus de vos têtes. Grises ou jaunes délavées, d’anciennes plaques de rues octogonales surplombent la signalétique contemporaine. La mode a-t-elle simplement évolué ? Le Journal Toulousain a dépoussiéré les cadastres.
© KévinFiguier/JTPar Brice Bacquet
Au coin de nombreuses rues du centre-ville, les plaques se superposent. À côté des traditionnelles blanches et bleues sont parfois positionnées des signalétiques grises et jaunes. On les aperçoit par exemple à l’angle de la rue Saint-Rome et de la rue du May.
Pour en savoir plus sur leur origine, la rédaction a décidé de demander conseil à un historien. Celui-ci a préconisé un ouvrage au titre évocateur “Toulouse, parcelles de mémoire” publié par les Archives municipales. Disponible dans la bibliothèque du département d’Histoire de l’université Jean-Jaurès de Toulouse, le livre n’apporte en réalité qu’une réponse partielle.
Il informe sur l’histoire des plaques toulousaines instaurées par une ordonnance d’un Capitoul datée du 14 janvier 1752. Avant, pas de signalétiques officielles de la ville, les noms changeaient selon les envies et les lubies de chacun, «des auteurs et des habitants», explique le document. Certains propriétaires gravaient le nom des rues sur la pierre. Certaines de ces inscriptions sont d’ailleurs toujours visibles rue de la Fonderie, autrefois rue des Toulousains.
Les Capitouls décident donc d’indiquer le nom des rues à chaque angle de maison, afin « ne pas perdre » les visiteurs qui doivent se référer à des cartes pour s’orienter. La ville de Toulouse s’équipe de « carrés de fer » blancs sur lesquelles le nom des rues est écrit en toutes lettres.
L’ouvrage s’arrête là et laisse donc sur sa faim : les idées brillantes des Capitouls du XVIIIe siècle n’apprennent rien sur ces étranges plaques, aux nuances verdâtres.
Allons voir si les promeneurs toulousains en savent plus. Quand on lui demande d’où viennent ces différentes signalétiques, Matthieu, un passant d’une vingtaine d’années, s’exclame : « Bien sûr, j’ai vu la réponse dans une vidéo sur YouTube », indique le jeune homme, « c’est sur une chaîne d’histoire de l’art, mais je ne me souviens pas du nom. » Sa première explication reste vague, mais se précise à force de discussion. « C’est un système d’orientation, je crois, inventé pour se repérer au XIXe siècle », se souvient-il finalement.
Des rues pluvieuses aux bureaux de la rédaction, l’enquête est relancée. La vidéo s’intitule “Toulouse en détail” et est enregistrée sur la chaîne “C’est une autre histoire” d’une youtubeuse toulousaine, Manon Bril. Après quelques minutes d’anecdotes insolites, la réponse tombe. Les plaques jaunes et grises seraient « un ingénieux système d’orientation mis en place au XIXe siècle ». Dans la vidéo, elle poursuit son explication : « Les jaunes sont parallèles à la Garonne, et sont numérotées de l’amont vers l’aval, les impaires à gauche, les paires à droite. Les grises sont perpendiculaires et sont numérotées [en remontant] depuis le fleuve. » Ce moyen de repérage, créé par la municipalité en 1815, a ensuite été abandonné à la fin du XIXe siècle. Les anciennes signalétiques continuent aujourd’hui de guider les plus érudits des égarés.
La rédaction
Le Journal toulousain est un média de solutions hebdomadaire régional, édité par la Scop News Medias 3.1 qui, à travers un dossier, développe les actualités et initiatives dans la région toulousaine. Il est le premier hebdomadaire à s'être lancé dans le journalisme de solutions en mars 2017.
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