Le 19 mai 1996, il y a 25 ans, une première femelle ours brun était lâchée dans les Pyrénées. Depuis, 11 individus d’origine slovène ont été réintroduits, afin de maintenir une population toujours en danger critique d’extinction.
Ziva, Melba, Baloo ou plus récemment Sorita. En 25 ans, 11 ours d’origine slovène ont été lâchés dans les Pyrénées. La première qui a fait parti de cette campagne de réintroduction, le 19 mai 1996, s’appelait Ziva. Une femelle de 104 kilos, alors âgée de 6 ans. À cette époque, seulement cinq ours bruns sont recensés tout au long de la chaîne de montagne. Un quart de siècle plus tard, grâce aux naissances, la population a été multipliée par 10 et compterait, aujourd’hui, 64 individus.
Une bonne dynamique qui ne doit pas masquer le caractère critique de la situation. « Actuellement, l’ours est considéré comme en danger critique d’extinction dans les Pyrénées. Ne serait-ce que pour s’approcher du statut de ”vulnérable”, il faudrait encore quadrupler la population. Soit 220 ours et une ”population efficace” de 50 ours. C’est-à-dire des individus avec un patrimoine génétique suffisamment distinct et qui participent activement à la reproduction de l’espèce », rappelle Patrick Leyrissoux, vice-président et coordinateur Ours au sein de Ferus, une association engagée dans la préservation des grands prédateurs.
Actuellement, avec environ 35 ours mâtures, mais une relative consanguinité, cette ”population efficace” est évaluée à moins de 4 individus. « C’est dû au fait que la plupart des naissances sont le fruit d’un mâle dominant et de deux ou trois femelles. Cette donnée prône en faveur d’une réintroduction plus intense », précise-t-il. Sur les 11 ours slovènes réintroduits, neuf sont morts ou disparus.
Aujourd’hui, la majorité des ours se concentrent dans la zone des Pyrénées centrales, en Haute-Garonne, où ont eu lieu les premiers lâchers, et en Ariège. « Les ours mâles peuvent parcourir de longues distances pour trouver une femelle. En revanche, ces dernières s’installe sur des territoires proches de celui de leur mère. Leur population s’étend par tuilage », explique Patrick Leyrissoux.
La population actuelle d’ours est essentiellement composés d’ours natifs. En effet, seulement deux sont issus de lâchés. Neuf des onze ours réintroduits étant portés disparus ou morts dans diverses circonstances : chute, collision avec une voiture, accident de chasse ou électrocution par la foudre. Depuis la mort de Cannelle, la dernière ourse pyrénéenne, il ne reste plus qu’un ours métisse, moitié pyrénéen et moitié slovène : Canelito.
Même si c’est assez rare, au vu de la population, il n’est pas impossible de croiser la route de l’ours lors de randonnées dans les Pyrénées. « 80 % du temps, il prend la fuite. Le reste des fois, il est surtout indifférent. C’est surtout quand ont croise une femelle accompagnée de ses petits que l’on s’expose à des charges d’intimidation », avertit Patrick Leyrissoux. Celui-ci recommande alors de s’éloigner doucement, sans faire de gestes brusques ni se montrer menaçant. « Il faut éviter de courir pour ne pas déclencher un réflexe de poursuite et garder un œil sur l’animal. Si on veut éviter les tête-à-tête, il suffit de faire un peu de bruit », conseille-t-il. En effet, l’ours est craintif et a l’ouïe fine.
Les promeneurs qui croisent un ours à longue distance peuvent, sans tenter de s’approcher, observer la bête et éventuellement prendre des photos. Ceux qui le souhaitent pourront alors contacter l’Office français de la biodiversité et partager de précieuses informations. En revanche, pour éviter les élans de curiosité ou de possibles traques, il vaut mieux éviter de faire trop de publicité autour du lieu de la rencontre.
Découvrez, en vidéo, le lâcher de Claverina (”héritière” ou ”celle qui détient les clés” en béarnais), l’avant dernière ourse réintroduite dans la vallée d’Aspe, dans le Béarn, en octobre 2018.
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