Opposition à l’A69 : le collectif LVEL présente son alternative ferroviaire

Le collectif “La voie est libre” (LVEL) vient de détailler son alternative ferroviaire à l’autoroute A69 entre Toulouse et Castres. D’un montant compris entre 80 et 120 millions d’euros, elle prévoit notamment une augmentation du cadencement des trains à la demi-heure sur la ligne Toulouse-Mazamet d’ici 2030.

Si pour Carole Delga, la présidente de la Région Occitanie, il n’existe pas d’alternatives à l’A69, les opposants au projet routier ne sont pas de cet avis. Au mois d’août, le collectif “La voie est libre” (LVEL) présentait ainsi les contours de son plan d’aménagement alternatif à l’autoroute entre Toulouse et Castres, baptisé “Une autre voie”. Plan qu’il a depuis eu le temps de peaufiner. Pour preuve, LVEL vient de présenter les détails du volet ferroviaire de ce projet qui repose sur trois piliers : le réaménagement de la RN126, la création d’une Véloroute nationale et la redynamisation des transports en commun, dont le train. Et si le collectif a décidé de faire un focus sur ce dernier, c’est parce qu’il est « absolument fondamental dans cette lutte contre l’A69 », souligne Karim Lahiani, urbaniste et paysagiste, qui a initié et porté ce projet alternatif.

Quelques mois après avoir annoncé la nécessité de « revoir le cadencement des trains » et de « créer cinq gares », le collectif revient donc avec un volet ferroviaire « chiffré et phasé dans le temps » qui s’appuie sur la ligne existante Toulouse-Mazamet. Tout d’abord, LVEL propose d’ajouter des trains supplémentaires le matin et le soir dans les deux sens dès 2024, avant que leur cadencement soit augmenté en 2030 pour passer à la demi-heure, contre une heure, dans chaque sens de circulation de 5h à minuit. « Le besoin de transport est de 7 000 personnes par jour entre Castres et Toulouse. Des trains à la demi-heure conviennent donc parfaitement », assure Benoît Durand, membre d’Alternative ferroviaire. Mais pour permettre ces trains express entre les deux communes, quelques aménagements seraient nécessaires.

Le coût du volet ferroviaire de ce projet alternatif à l’A69

Dans le détail, 7 à 10 millions d’euros devraient être investis pour créer deux points de croisement en gare sur le tracé de la ligne, 30 millions d’euros pour étendre le système de signalisation et 40 millions d’euros pour acheter cinq nouveaux trains afin de doubler la capacité. Le collectif opposé à l’autoroute prévoit également une électrification de la ligne ferroviaire d’un montant de 30 à 40 millions d’euros. Une option toutefois non-obligatoire. « Il faut savoir qu’un voyage en train diesel émet moins de CO₂ qu’un voyage individuel en voiture électrique. Le train est donc toujours plus écologique », affirme Jean Olivier, également membre d’Alternative ferroviaire. Coût total de ce volet ferroviaire, donc : 80 à 120 millions d’euros d’investissements, suivant si l’électrification de la ligne serait réalisée ou non.

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LE VOLET FERROVIAIRE DU PROJET "AUTRE VOIE DÉVOILÉ"🚉

Conforté par des experts du secteur, le volet ferroviaire technique et chiffré sera dévoilé + des éléments expliquant l'entêtement de @CaroleDelga … pic.twitter.com/Qca7CAt1Hh

— La Voie Est Libre (@LaVoieEstLibre_) February 4, 2024

On est loin du montant annoncé par Carole Delga qui estimait « qu’électrifier et redimensionner la voie ferrée entre Mazamet et Toulouse coûterait la somme irréaliste de plus d’un milliard d’euros ». « Elle exagère de 900% », dénonce Jean Olivier. Il faut dire que le chiffrage de la Région Occitanie comprenait le doublement de la voie sur 75 kilomètres, des travaux de signalisation entre Lavaur et Mazamet, le doublement des tunnels Campmas et Seilhan et enfin, l’électrification de la voie. Mais pour les opposants à l’A69, tout cela est exagéré. « La Région a la folie des grandeurs car ce qu’elle prévoit permettrait de faire passer un train toutes les cinq minutes et de transporter 80 000 personnes par jour. C’est inadapté », estime Jean Olivier qui assure qu’il n’est pas utile de doubler les voies sur toute la distance.

Du fret ferroviaire sur la ligne Toulouse-Mazamet ?

Le volet ferroviaire de LVEL prévoit donc, de son côté, un cadencement à la demi-heure qui sera augmenté au quart d’heure pour les trains de la vallée de l’Agout et du Thoré, soit dans le secteur de Castres et de Mazamet, en 2040. « Cette desserte plus fine permettrait de structurer, à l’échelle de ces deux vallées, un projet de mobilité et de territoire », juge Karim Lahiani qui a imaginé trois nouvelles gares sur le tracé d’ici à 2040, dont celle de Semalens avec son pôle multimodal, ou celle de Castres-Mélou, permettant de ne plus rentrer dans la ville de Castres pour prendre le train. « Elle a vocation à faire baisser la pression de la voiture sur la commune », précise l’urbaniste pour qui l’A69 ne permettra pas de réduire les bouchons à l’entrée de Castres. « La voiture appelle la voiture », appuie-t-il.

Le collectif souhaite par ailleurs le développement du fret ferroviaire sur la ligne d’ici 2040. « Il faut relancer le débat à ce sujet. Cela demande une volonté politique très forte. Nous avons bien conscience que ce n’est pas juste le territoire qui va pouvoir remettre le fret sur le rail. Mais c’est une des pistes possibles pour répondre à l’évolution de la mobilité », suggère Karim Lahiani avant de rappeler que Pierre Fabre avait indiqué faire rouler 60 camions par jour à partir ou vers Castres. LVEL veut ainsi faire baisser le fret par camion sur les routes et aussi « permettre la redirection économique du territoire en favorisant la relocalisation des activités productives le long de la ligne ». En effet, son projet alternatif à l’A69 a aussi pour volonté « d’impulser un changement radical dans l’aménagement du territoire ».