Avec l’installation ce jeudi 20 avril d’un camp de militants à Saïx (Tarn), sur le tracé de la future autoroute A69 Toulouse-Castres, une question se pose : une ZAD est-elle en train de se former ?
C’est une crainte partagée par Gérald Darmanin et Jean-Luc Moudenc : la création d’une ZAD contre le projet autoroutier de l’A69 entre Toulouse et Castres. Ce jeudi 20 avril, les prémices d’un camp ont vu le jour à Saïx, dans le Tarn, sur des terrains qui seront détruits lors des travaux. Les bases de celui-ci ont été montées par la Confédération paysanne, les Soulèvements de la Terre, Extinction Rebellion Toulouse et La voix est libre (LVEL).
Les premiers militants sont attendus dès ce vendredi 21 avril pour aménager le camp avec un chapiteau, des cantines, des stands, des toilettes, etc. Le week-end des 22 et 23 avril, les organisateurs prévoient des milliers de personnes sur le lieu de leur manifestation intitulée “A69 Sortie de route”. Leur objectif : « faire de cet évènement un tournant décisif dans la lutte contre le projet d’autoroute Castres-Toulouse ». Alors peut-on parler de la création d’une ZAD à Saïx ?
Ce terme a été popularisé lors de la mobilisation contre l’aéroport de Notre-Dame-des-Landes, dans les années 2010. À l’époque, c’était pendant un « camp action climat » que l’occupation illégale des lieux avait été décidée. Plus récemment, les affrontements à Sainte-Soline ont fait revenir le mot dans l’actualité.
ZAD est l’acronyme de « Zone à défendre ». Il s’agit d’un néologisme issue du militantisme, connoté d’ultra-gauche, qui n’est pas rentré dans tous les dictionnaires. Mais le Larousse s’est penché sur une définition : « Espace, le plus souvent rural, occupé par des militants s’opposant à un projet d’aménagement qu’ils estiment inutile, coûteux et susceptible de porter atteinte à l’environnement et à l’intérêt des populations locales ». Au regard de cette définition, le camp de Saïx pourrait être considéré comme une ZAD.
En effet, l’endroit est situé près d’un étang et d’une réserve naturelle, dans une commune rurale. Des militants opposés au projet d’aménagement de l’autoroute Toulouse-Castres vont s’y retrouver. Et ils estiment que le projet est inutile, coûteux et porte atteinte à l’environnement. La plupart des critères semblent réunis. Pour autant, peut-on parler d’occupation ?
Les organisateurs de l’événement insistent sur son aspect « festif et convivial ». Ils expliquent que le camp est « un lieu de vie, d’échanges et de fête ». Dans un fil Telegram, le lexique est parfois plus vindicatif. Les militants y parlent de « défense des terres », ou de « réappropriation paysanne ». Paul, du collectif “La voie est libre”, ajoute : « Nous voulons défendre ce territoire contre une bétonisation absurde ». Le terme de défense pourrait donc pousser à qualifier le camp de Saïx de ZAD.
Mais il faudrait pour cela que le site soit occupé sur le temps long. Or les militants, comme ils s’y sont engagés, ne seront sur les lieux que ce week-end pour leur manifestation. Le collectif confirme : « Après ce week-end, nous allons plier bagage. Il n’y a aucune volonté de rester sur le long terme ici ». Tant que l’action reste temporaire, le rassemblement a plutôt les attributs des « camps climatiques ». Ces évènements de protestation de quelques jours visent à attirer l’attention sur le changement climatique et à proposer des alternatives. Mieux vaut donc utiliser le mot « camp » ou « campement » plutôt que « ZAD » sur les évènements de Saïx.
William Bernecker
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