Le jeudi 7 décembre dernier, le Conseil de Toulouse Métropole a adopté à l’unanimité le pacte aéroportuaire de Toulouse-Blagnac. Majorité et opposition se sont accordées tout en soulevant des points importants concernant le futur de la zone aérienne.
La place aéroportuaire de Toulouse-Blagnac constitue un enjeu majeur d’aménagement durable, impliquant divers acteurs. L’avenir de la zone est au cœur de nombreuses discussions. Plusieurs aspects sont à prendre en compte, que ce soit les questions environnementales, économiques ou en termes de qualité de vie. Le Conseil métropolitain s’est réuni le jeudi 7 décembre dernier afin de voter de nombreuses délibérations parmi lesquelles figurait le pacte aéroportuaire de Toulouse-Blagnac.
Après près de six heures de conseil, Jean-Luc Moudenc, président de Toulouse Métropole, a donné la parole à Joseph Carles, maire de Blagnac, concernant le pacte aéroportuaire. L’élu a alors rappelé le projet. Celui-ci remonte à 2021 avec l’opération “gagnant-gagnant” initiée par l’État sur le devenir de l’aéroport : il s’agissait de préserver le rôle économique de l’aéroport dans le cadre d’un développement durable, respectueux des habitants et de l’environnement. Les élus de la Métropole, du Département et de la Région ont organisé des ateliers en 2022, afin d’élaborer la charte du projet.
Plus de 100 personnes ont participé. La Région Occitanie, le Département de la Haute-Garonne, Toulouse Métropole, les communes, les associations, les industriels et l’aéroport. Après plusieurs réunions, ils sont arrivés à l’élaboration d’une charte déterminant la place de l’aéroport Toulouse-Blagnac permettant de « construire ensemble un futur désirable ». L’un des objectifs était notamment de concilier le tourisme, le trafic industriel et le fret tout en réduisant les nuisances sonores de l’aéroport.
Le maire de Blagnac précise : « Nous souhaitons qu’au moment où nous validons ce nouveau dispositif, les vols commerciaux de nuit ne soient plus autorisés. » Déjà adopté par le Département, la Région et plusieurs communes, les élus de Toulouse Métropole devaient à leur tour se positionner.
Maxime Le Texier, élu du groupe Archipel Citoyen à la Mairie de Toulouse, a alors pris la parole. Il a d’abord salué « la qualité du dispositif “Atelier du territoire” ». Pour le conseiller métropolitain, cette concertation « a su rassembler les parties prenantes au sens large en incluant les associations de défense des riverains et environnementales mais aussi des représentants de salariés. C’est très positif. » Cependant, pour l’opposition, « il y a un énorme loup dans la bergerie. » Maxime Le Texier explique : « Il y a un seul et unique scénario présenté dans les discussions, celui de la croissance du secteur aérien, tel que porté par les industriels et les compagnies. »
L’élu de l’opposition continue : « Le taux de croissance annoncé est de 3,4% par an. Ce qui porterait le nombre de passagers mondiaux de 8 à 10 milliards en 2045 contre 4 milliards en 2019 avant la pandémie. Cette trajectoire est mortifère, sans parler de la faisabilité. Les quantités colossales d’électricité bas carbone nécessaires pour produire hydrogène et carburant de synthèse sont improbables. » À ces paramètres, s’ajoute ensuite une nouvelle réalité sociale : les voyageurs sont de plus en plus responsables. Maxime Le Texier constate : « Faisabilité technique, responsabilité climatique, évolution sociétale… Il y a une menace très sérieuse sur notre plateforme. »
Face à ces inquiétudes, Joseph Carles répond : « Nous avons décidé de faire appel à des experts que vous pourrez choisir de votre côté, et nous, du nôtre. Nous pourrons alors comparer les potentielles perspectives d’évolution de l’aviation. » Pour terminer, le représentant d’Archipel Citoyen demande la mise en place d’un dispositif d’amende afin que la charte du pacte soit respectée, notamment sur le trafic aérien nocturne. Malgré ces points soulevés, le groupe a annoncé voter “pour” l’adoption du pacte aéroportuaire.
✈️Sur le pacte aéroportuaire, de bonnes avancées, mais @maxletex pointe l'éléphant dans la pièce, jamais évoqué : le dérèglement climatique et un scénario de baisse du trafic aérien.
— Groupe AMC 🦜 (@GroupeAMC) December 7, 2023
Scénario que la droite de @jlmoudenc refuse de considérer pic.twitter.com/RURF1WciYk
Hélène Cabanes, élue de la Mairie de Toulouse sous l’étiquette Europe écologies les verts (EELV), a ensuite souhaité mettre en exergue plusieurs points qui lui semblent primordiaux. En premier lieu, elle met en avant les enjeux de santé publique liés aux nuisances sonores. « Il est nécessaire de rappeler les chiffres de 2017 du plan d’exposition au bruit où plus de 100 000 personnes subissent en journée complète les nuisances sonores aériennes supérieures à 50 décibels. » Le maire de Blagnac souhaite rassurer l’opposition : « Ces remarques seront intégrées au travail que nous allons mener. Nous allons approfondir toutes ces discussions pour une approche équilibrée. »
Ensuite, l’élue EELV aborde la question de la gouvernance de l’aéroport Toulouse-Blagnac : « Depuis la vente d’une partie de la participation de l’État dans l’aéroport, et la privatisation partielle de l’aéroport en 2014, les collectivités publiques ont moins de prise sur le devenir de cette infrastructure. » Pour Joseph Carles, la Métropole a son mot à dire. Il explique : « Je peux vous dire qu’au conseil de surveillance, nous sommes présents avec Agnès Plagneux-Bertrand, le Département et la Région. Nous y siégeons en tant que censeurs pour faire part de cette réalité. »
Finalement, le groupe EELV « se réjouit de voir inscrit dans ce pacte un engagement que, nous, écologistes, nous avions porté depuis longtemps à savoir de réaliser des travaux de prospective sur le devenir de la plateforme et du secteur aéronautique dans son ensemble, en fonction de l’évolution du trafic, et de divers scénarios. » Les élus écologistes ont alors voté “pour” cette délibération.
Enfin, Pascal Boureau, conseiller municipal de la majorité à Blagnac, est intervenu afin de soutenir cette délibération. Également élu métropolitain, il a salué le pacte aéroportuaire qui permettra un « aménagement global » de la plateforme. Celui-ci cible sept aspects différents de la zone : « L’activité économique, industrielle, sociale, mais aussi toutes les questions de biodiversité, de la préservation des espaces naturels ainsi que le développement de l’activité agricole. »
Malgré les inquiétudes de l’opposition, les 133 afférents au Conseil métropolitain ont tous voté ”pour” cette délibération, ils approuvent alors les termes du pacte “gagnant-gagnant” concernant le pacte aéroportuaire de Toulouse-Blagnac.
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