Le coût des travaux du prolongement de la ligne B du métro et de la construction de la ligne C ne cesse d’augmenter à mesure que tombent les études de soutenabilité budgétaire du projet. La faute à l’augmentation du prix de l’énergie, de celui des matières premières, la hausse des taux d’intérêt… Pour couvrir ce surcoût des travaux du métro, le maire de Toulouse, Jean-Luc Moudenc demande à l’État de rehausser le plafond du Versement mobilité, taxe due par les entreprises.
Le compte n’y serait pas. Il manquerait 600 millions d’euros pour boucler le financement de la ligne C du métro de Toulouse, selon un article du magazine Challenges paru ce mardi 27 juin. Un montant que le maire de la Ville rose, Jean-Luc Moudenc, nuance auprès de l’AFP. D’abord, il ne s’agit pas d’un “trou” dans le budget mais d’un surcoût dû à l’augmentation du prix de l’énergie, de celui des matières premières, à la hausse des taux d’intérêt… Ensuite, pour être précis, ce “surcoût” est de 550 millions d’euros. Pour finir, cette somme qui vient en excédent de ce qui était initialement prévu comprend également le prolongement de la ligne B du métro. Au total, il concède que le projet s’élève désormais à 3,44 milliards d’euros, soit quasiment le double de l’estimation originale.
L’élu est donc à la recherche de financements afin de couvrir “les dépenses imprévues” liées aux travaux du métro. Et « plutôt que demander des subventions supplémentaires à l’État », précise Jean-Luc Moudenc, ou pour limiter les rallonges constantes de la Métropole à Tisséo, Jean-Luc Moudenc demande au gouvernement « un relèvement du plafond actuel du versement mobilité ».
Le Versement mobilité (VM) est une taxe destinée à financer les transports en commun. Elle est due par toute entreprise du secteur public, comme du secteur privé, employant 11 salariés et plus, se trouvant dans le périmètre d’exploitation de Tisséo. Recouvrée par l’Urssaf, elle est ensuite reversée à l’autorité organisatrice de la mobilité dans la métropole. Actuellement, le plafond en est fixé à 2% de la masse salariale pour une ville comme Toulouse. Pour l’année 2023, Tisséo estime ainsi à 310 millions d’euros la contribution des entreprises aux transports.
Pour augmenter les recettes émanant de la VM, et ainsi couvrir les 550 millions d’euros de surcoût, Jean-Luc Moudenc demande donc au gouvernement de relever le plafond du taux du “versement mobilité”. Plus précisément, l’élu aurait sollicité la Première ministre Élisabeth Borne ainsi que le ministre des Transports Clément Beaune et celui de la Transition écologique Christophe Béchu. Une demande qu’il porte, au titre de sa fonction de vice-président de France Urbaine, au nom de plusieurs collectivités locales : « Depuis plusieurs mois, on se concerte et on fait le constat collectif que le modèle de financement des transports en commun urbains est à bout de souffle », explique-t-il à l’AFP.
Pour le président de Toulouse Métropole, le Versement mobilité devrait être « conditionné à l’existence de projets de construction ou de réhabilitation des transports en commun et à la mise en place d’une zone à faibles émissions (ZFE) », comme c’est le cas de la Ville rose.
De son côté, l’opposition métropolitaine réagit : « Cette information vient confirmer nos propos constants depuis six ans : le financement de la troisième ligne n’est pas assuré », écrit le groupe Alternative municipaliste citoyenne dans un communiqué. Selon eux, “trou” ou “surcoût”, peu importe le terme, il manque de l’argent.
De plus, avec sa proposition au gouvernement, « Jean-Luc Moudenc reprend à son compte notre demande datant d’il y a cinq ans. Plus récemment, nous avons proposé aux députés toulousains d’augmenter le taux du Versement Mobilité via un amendement au Projet de Loi de Finances 2023. Le 49.3 de Madame Borne a tué dans l’œuf cette proposition. »
Les élus de l’opposition s’interrogent maintenant sur les conséquences de ces 550 millions d’euros non financés : « Que va-t-il se passer pour les autres projets de transports en commun à l’heure où l’on doit se lancer dans l’élaboration d’un PDU (Plan de déplacements urbains) ambitieux pour combler le retard ? Quels projets vont encore passer à la trappe ? Le réseau de bus va-t-il encore plus se dégrader ? »
Le sujet pourrait être évoqué lors du prochain conseil municipal de Toulouse prévu ce vendredi 30 juin.
Bryan Faham et Séverine Sarrat
Commentaires
Aim9X le 08/09/2024 à 10:42
Les investissements dans les transports en commun sont des investissements à très long terme, encore plus pour un métro, dont la longévité dépasse le siècle. La (très) bonne santé d'Airbus et plus largement du secteur aérospatial dans la région Toulousaine est une opportunité pour financer des projets d'infrastructures importants. D'autant qu'en plus d'améliorer le cadre de vie des toulousains, le métro va beaucoup bénéficier aux entreprises du secteur.