Le canal du Midi est une voie navigable remarquable et un joyau architectural qui traverse la région Occitanie. Œuvre de Pierre-Paul Riquet, il permettait autrefois le transport de nombreuses marchandises entre la mer Méditerranée et Toulouse. Malgré sa renommée, plusieurs aspects méconnus subsistent concernant ce cours d’eau.
L’idée de créer un canal reliant les deux mers ne date pas d’hier. Plusieurs architectes et rois avaient déjà essayé d’imaginer la manière de faire passer les bateaux de marchandises de la mer Méditerranée à l’Océan Atlantique sans passer par la péninsule ibérique, au Sud de l’Espagne. Mais aucun n’avait réussi en raison d’importants problèmes de faisabilité comme l’alimentation en eau de ce futur canal. Jusqu’à ce que Pierre-Paul Riquet s’en mêle. Il trouve la solution : il lui suffit alors de récupérer l’eau de la montagne Noire pour alimenter le canal.
Puis, il étudie l’alimentation du canal au seuil de Naurouze, avec une phase expérimentale incluant la rigole de la plaine, un canal d’alimentation. Le tracé du canal reste assez vague, seule son orientation est connue. Du côté Atlantique, plusieurs tracés sont proposés, passant par Castres et Revel ou par la rivière Girou, mais aucun n’inclut Toulouse. Du côté méditerranéen, le tracé n’est pas non plus fixé. Celui-ci envisageait d’abord une arrivée au grau de la Nouvelle via Narbonne. Finalement, en 1663, Pierre-Paul Riquet arrête le trajet du côté Atlantique. Il choisit de le faire passer par le seuil de Naurouze, la vallée de l’Hers-Mort jusqu’à Toulouse. Le passage inévitable par le cœur économique de Toulouse écarte les tracés via Castres et le Girou. Et dire que Pierre-Paul Riquet pensait éviter la Ville rose…
Puis, les travaux commencent le 1er janvier 1667 avec la construction de la rigole de la plaine, et continuent au mois d’avril avec la pose de la première pierre du lac de Saint-Ferréol. Le 15 mai 1681, le canal est enfin inauguré, après près de 20 ans de travaux. Et sur le papier, le projet n’a pas toujours porté le nom que nous lui connaissons aujourd’hui. En effet, il s’est d’abord appelé “Canal royal de Languedoc” ou “Canal des Deux Mers” en raison de son rôle crucial dans la liaison entre la mer Méditerranée et l’océan Atlantique. Cependant, en 1789, soit près d’un siècle après son inauguration, les Révolutionnaires changent son nom. Le “Canal Royal de Languedoc” devient le “Canal du Midi”, un nom plus « démocratique et populaire ».
Même si l’origine exacte de ce nom est un peu floue, il est souvent attribué à l’usage populaire et à la pratique courante des habitants de la région. Le “Midi” fait référence au Sud de la France, tandis que “Canal du Midi” souligne simplement sa position géographique et son importance en tant que canal reliant l’Atlantique à la Méditerranée. Ainsi, à partir de la Révolution, le nouveau nom est entré dans les mœurs, malgré son appellation officielle, “Canal royal de Languedoc”.
Ce bel ouvrage, nous le devons à une seule personne : Pierre-Paul Riquet. Pourtant, rien ne le destinait à faire de telles prouesses. Fils d’un notaire, il fait d’abord carrière en tant que banquier privé. Il décide ensuite de se lancer dans le plus gros projet de sa vie : la construction du Canal du Midi. Pierre-Paul Riquet a ainsi créé les plans, imaginé le tracé et assisté au lancement des travaux en 1667. Il assure ainsi le bon déroulement du chantier et propose également d’autres projets comme la construction d’un canal allant de la Loire au château de Versailles.
Mais le génie souffre de la goutte et de fièvres quartes caractéristiques du paludisme. Il décide donc d’engager son fils aîné, Jean-Mathias, sur la construction du canal du Midi. Pierre-Paul Riquet décède à Toulouse le 1er octobre 1680, avant l’achèvement des travaux. Ses deux fils terminent la construction, Jean-Mathias en prenant la direction. Le canal est inauguré un an plus tard, en 1681.
Les berges pittoresques du Canal du Midi, inscrit au patrimoine mondial de l’UNESCO depuis 1996, ont également eu un rôle prépondérant dans l’histoire de la voie navigable. Elles sont les témoins d’une riche histoire due à la production de la soie. À l’origine, Pierre-Paul Riquet y a planté des arbres pour stabiliser le sol, en particulier dans les zones surplombant les terrains adjacents. Le saule, avec sa croissance rapide, était largement utilisé à cet effet. Il décide également de planter des iris pour renforcer les berges et réduire les risques d’éboulement.
Au XVIIIe siècle, les arbres plantés autour du canal deviennent une source de revenus précieuse. Les mûriers y sont introduits pour l’élevage des vers à soie, alimentant ainsi une industrie florissante. Cependant, avec le déclin de la production de soie dans la région, vers 1772, les mûriers sont peu à peu remplacés par le peuplier d’Italie, plus rentables pour son bois.
Puis au XIXe siècle, les platanes ont fait leur apparition le long du canal du Midi. Ils dominent désormais le paysage avec près de 42 000 spécimens. Cependant, ces arbres emblématiques sont aujourd’hui menacés par une maladie dévastatrice : le chancre coloré, détecté en 2006. Face à cette menace, des mesures drastiques ont été prises. Il est prévu que les platanes malades du canal soient abattus (déjà 31 500 l’ont été) et remplacés par d’autres essences d’arbres, telles que le chêne chevelu, l’érable plane, le tilleul et le micocoulier, mieux adaptées à la région et moins susceptibles d’être affectées par la maladie.
Le Canal du Midi ne sert plus pour le commerce depuis les années 1970. Sa vocation s’est alors tournée vers le tourisme fluvial. Les péniches continuent de voguer sur le canal et transportent touristes et vacanciers. Certains bateaux ont même été reconvertis en restaurants ou abritent des entreprises. Mais tous les ans, plus personne n’a le droit d’y circuler durant plusieurs semaines. En effet, le canal du Midi est fermé pendant deux mois chaque année, entre novembre et février, pour ce qu’on appelle communément une période de chômage. Cette fermeture régulière est essentielle pour permettre la réalisation de divers travaux d’entretien et de réparations.
Pendant cette période, l’activité de navigation est interdite sur le canal, ce qui permet aux équipes de Voies navigables de France (VNF), le gestionnaire du canal, de procéder à des interventions qui seraient autrement difficiles, voire dangereuses, en présence de trafic fluvial. Cela concerne notamment la rénovation et la maintenance des écluses, des ouvrages hydrauliques et des équipements de navigation. De plus, des travaux de restauration du patrimoine sont entrepris, notamment pour préserver les caractéristiques historiques et architecturales du canal. Par ailleurs, une des raisons principales de cette fermeture est la réalisation de vidanges à certains endroits du canal, nécessaires pour permettre des inspections approfondies et des réparations éventuelles. Ces vidanges permettent également de réguler le niveau d’eau et de prévenir les risques d’inondations ou de dommages aux infrastructures en cas de crues soudaines.
Commentaires
Webzine le 09/12/2024 à 13:49
Merci pour cet article différent et intéressant sur le canal du Midi !
Conogan le 09/12/2024 à 22:33
Merveilleux canal
Sas bateaux pour la planète le 09/12/2024 à 09:07
Vous avez oublié de préciser :
- Depuis 2012 c'est presque de 49 000 platanes qui ont été abattus
- Les bateaux de location thermiques sont responsables d'une émission de plus de 10t/an/bateau de Co2 + déchets hydrocarbures dans l'eau.
Qu'il est possible de naviguer sans rejet pour préserver ce patrimoine fluvial !