Suite aux nuisances dénoncées par les habitants de l’Est toulousain, des contrôles de conformité ont été menés à l’usine d’enrobage de Gragnague. Le verdict est sans appel : la pollution olfactive est réelle et importante. Les élus et les associations de riverains ne désarment pas et restent mobilisés pour empêcher toute installation du même type sur la commune haut-garonnaise.
Mis à jour le 19/07/2023 à 10h
Depuis plusieurs mois, les habitants de Gragnague dénoncent les nuisances (bruit, pollution et odeurs) causées par l’usine d’enrobage qui s’est installée sur leur commune. Exploitée par Eurovia, filiale de Vinci, celle-ci alimente en goudron le chantier de l’A68, jusqu’à la fin des travaux, prévus fin août. Dès son implantation, la centrale a suscité de vives oppositions parce que positionner trop près des habitations. L’association Nature et Vie sur les Coteaux, les maires de Gragnague et de Castelmaurou, la députée Anne Stambach-Terrenoir, la Région Occitanie et le Département de Haute-Garonne sont mobilisés pour limiter les conséquences néfastes sur l’humain, la faune et la flore à proximité. Ils ont d’ailleurs rencontré le préfet ce lundi 17 juillet.
À l’issue du rendez-vous, qui aura duré 45 minutes, les élus et l’association de riverains se sont dits satisfaits de « l’intérêt, nouveau, que porte la préfecture aux nuisances que subissent les habitants vivant autour de l’usine ». Position d’autant plus rassurante pour les détracteurs de la centrale que Eurovia n’exclut pas d’ériger une nouvelle unité de production, sur le même site à Gragnague pour les besoins de futurs travaux sur l’A68 ou l’A69, comme précisé dans la Dépêche du Midi. Pierre-André Durand, préfet de Haute-Garonne, a affirmé qu’il rendrait un avis défavorable à de telles installations.
Une décision qui fait suite à la communication, par la Direction Régionale de l’Environnement, de l’Aménagement et du Logement (Dreal), lors de l’entrevue, des résultats des contrôles de conformité menés à l’usine de Gragnague. En effet, les services de l’État font état de « nuisances olfactives 10 000 fois supérieures aux taux règlementaires » suite aux premiers contrôles effectués, relaie Anne Stambach-Terrenoir. « On découvre donc que nos inquiétudes étaient fondées ! » commente-t-elle. Toutefois, la préfecture ajoute que de nouveaux tests ont été réalisés et que ces taux avaient baissé.
Une pollution pour laquelle Eurovia a été mise en demeure, par arrêté préfectoral (30 juin 2023), d’apposer des filtres avant le 11 juillet. « Sauf que depuis, les odeurs sont toujours aussi fortes », témoigne Marie Beaumont de Nature et Vie sur les Coteaux. Dans l’attente des résultats des derniers tests, réalisés après la pose des filtres, elle estime qu’ « il faut en imposer de nouveaux ». Ombre au tableau, les travaux touchant bientôt à leur fin, « nous craignons que ces derniers ne soient jamais mis en place… »
D’autant que « Eurovia ne veut pas communiquer les conclusions de ses propres analyses en matière de rejets, invoquant le secret industriel », précise Anne Stambach-Terrenoir. Rétention pour laquelle la préfecture et la Dreal ont saisi la Commission d’accès aux documents administratifs (Cada) selon la députée, puisque ces inofrmations doivent être rendues publiques à travers le portail Géorisques. Contactée par la rédaction, la société Vinci n’a pas encore réagi à l’heure où nous publions l’article. Cependant, la préfecture précise que « les rejets dans l’air sont conformes aux seuils et ne présentent dès lors pas de toxicité ».
Alors, même si l’usine de goudron de Gragnague sera démontée d’ici deux mois maximum, les élus et les riverains continuent de se mobiliser, plus largement, contre ce type d’installation. « Vinci ayant confié que la commune restait un site privilégié pour de nouvelles infrastructures similaires, nous maintiendrons le recours en contentieux que nous déposerons dans quelques jours », affirme Marie Beaumont, « il sera notre arme législative si Eurovia récidive ». Parallèlement, l’association reprendra ses actions d’informations du grand public aux risques des centrales d’enrobage.
De son côté, Anne Stambach-Terrenoir s’engage à porter ce combat devant l’Assemblée nationale. « Je voudrais faire évoluer la règlementation en amont, afin que plus aucune usine de ce type n’ait l’autorisation de s’installer près des habitations, des lieux d’accueil de petite enfance, d’école… ».
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