Dans une tribune, huit maires de Seine-Saint-Denis en appellent à « une action étatique forte pour rétablir l’égalité et la justice sociale ». Ils dénoncent « la politique injuste de l’État » sur leur territoire.
« Jusqu’à quand l’État mènera-t-il une politique injuste en Seine-Saint-Denis ? ». C’est la question que se posent les maires de Montreuil, Patrice Bessac, également président d’Est Ensemble, de Bagnolet, Tony Di Martino, de Bobigny, Abdel Sadi, du Pré-Saint-Gervais, Laurent Baron, des Lilas, Lionel Benharous, de Noisy-le-Sec, Olivier Sarrabeyrouse, de Pantin, Bertrand Kern, et de Romainville, François Dechy, dans une tribune.
« Alors que nous travaillons depuis des années en situation de sous-financement pérenne de l’Etat, l’annonce récente d’une augmentation du nombre de Quartiers prioritaires de la ville sans aucune révision du budget repose comme chaque année une question essentielle : où est ce fameux “pognon de dingue” dont nous n’avons toujours pas vu la couleur ? Que fait l’État censé être “plus fort” depuis 2019 ? », demandent les huit élus qui, pour « mettre en lumière ces inégalités criantes », ont décidé de créer “l’Observatoire du Territoire”.
« Celui-ci a déjà produit un premier rapport aux conclusions sans appel : Est Ensemble en particulier, et la Seine-Saint-Denis en général, subissent les conséquences d’une politique injuste de la part de l’État, particulièrement dans les domaines cruciaux que constituent l’éducation et l’enfance », soulignent les maires. Ils détaillent : « Les élèves du département sont privés d’un mois de cours chaque année, en raison d’un taux de non-remplacement des enseignants absents de 15%, nettement supérieur à la moyenne nationale ».
Et ,« l’injustice vécue dès les bancs de l’école se poursuit quand on la quitte : les agences Pôle Emploi du territoire sont confrontées à une surcharge de 250 demandeurs d’emploi suivis par conseiller, bien au-delà du maximum théorique de 150 », déplore les élus avant d’ajouter : « cette crise s’étend également au domaine de la santé, où l’hôpital Avicenne de Bobigny symbolise la saturation des services d’urgence, avec un temps d’attente moyen de 250 minutes pour un passage aux urgences ». Enfin, ils déplorent le fait que le département « compte seulement 34 policiers pour 10 000 habitants, contre 44 dans les Hauts-de-Seine ».
« Comment ne pas comprendre que nombre de nos concitoyens ont l’impression que la République les a quittés ? Jusqu’à quand l’Etat va-t-il s’enliser dans l’inaction sur notre territoire ? », s’interrogent les maires. Ces derniers réclament ainsi « une action étatique forte pour rétablir l’égalité et la justice sociale ». « Nous ne sollicitons pas la charité, mais demandons simplement d’offrir à nos concitoyens, et surtout à nos jeunes, les mêmes chances de réussite qu’ailleurs en France », souhaitent les huit édiles qui estiment que « cette exigence d’égalité ne devrait pas être exceptionnelle, mais devient une urgence ».
Héloïse Thépaut
Formée à l'ISJT, Héloïse Thépaut est passée par La Tribune et l'Opinion Indépendante avant de rejoindre le Journal Toulousain en 2022.
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Commentaires
Didelot Jean-Louis le 21/01/2025 à 07:46
Bonjour, est-ce que votre démarche inclut les IME ? Car j'ai un petit-neveu de 15 ans sur le Territoire de Belfort pour lequel les parents n'ont cessé d'intervenir et qui n'a jamais trouvé de place en IME depuis la 6è, il est donc éternellement à la maison, les parents font tout ce qu'ils peuvent pour s'en occuper, mais à part les listes d'attente il n'y a aucune réponse... Pourtant, comme vous l'écrivez, l'école est obligatoire jusqu'à 16 ans. Tous les enfantsd n'ont-ils pas les mêmes droits ? Merci de votre réponse e tous mes encouragements pour votre action.